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Ai-je besoin de perdre du poids ? (partie 2)

Publié le 30 avril 2021

2. SON POIDS A LA CARTE ?

« ET SI TU N’EXISTAIS PAS » CHERE BALANCE !

Maintenant, on sort des notions scientifiques pour aborder un propos davantage psychologique.

Vous vous réveillez un matin, et comme à votre habitude, vous avez le réflexe de monter sur la balance. Manque de chance, vous avez été cambriolé et votre pèse-personne n’a pas été épargné. Pas de pesée ce matin, comment allez-vous faire pour savoir si vous devez encore diminuer vos calories dans la journée, et ce, afin que demain vous constatiez une perte ? Eh bien, vous n’allez tout simplement rien faire.

Voici mon avis : la balance est un outil tout sauf naturel. L’être humain n’a jamais été aussi obèse qu’à notre ère, où les outils de mesure sont légion. Il y a aussi de plus en plus de personnes atteintes de TCA. Là où je veux en venir, et je pense que vous l’avez saisi, c’est que ces appareils de mesure mis aisément à notre disposition, ont modifié nos comportements. Nous sommes obsédés par ce chiffre qu’affiche notre balance, nous sommes addicts à cela, elle rythme notre quotidien, tantôt de privation, tantôt d’orgie alimentaire. Elle a profondément modifié notre comportement alimentaire et social. Alors posez-vous cette question : si la balance n’existait pas, auriez-vous cette obsession de votre poids ? Mon avis est que non. Rien ne peut nous manquer si cela n’a jamais existé.

Alors certains se diront : “Vous êtes bien gentille, mais j’ai réellement un problème de poids. Je suis trop gros(se)/maigre, je le constate dans le miroir, dans le choix de mes vêtements, ou en me comparant à mon voisin de palier”. Et je suis d’accord avec cela. Il y a de réels problèmes de surpoids, de réels problèmes de sous poids, que l’on peut améliorer, mais l’usage de la balance devrait être restreint. Si vous montez tous les jours dessus, voire même plusieurs fois par jour pour les formes les plus maladives, ce n’est ni bon ni productif pour votre objectif. Votre masse corporelle varie selon de nombreux facteurs au sein d’une même journée : sport, repas, stress, sommeil, mictions, selles, hydratation. Avec mes suivis, mes patients devraient se peser tous les mois, le jour même de notre consultation. Je dis « devraient » car je sais que ce n’est pas toujours le cas. Le problème avec cela, bien que je le comprenne totalement entendons-nous bien, c’est que vous pouvez vous décourager en milieu de course. Ceci entravera le bon déroulement de votre perte de poids. Prenons l’exemple de Paul. Paul commence sa perte de masse grasse le 1er janvier, je lui donne donc rendez-vous le 29 janvier pour évaluer son évolution ensemble. Paul a une envie irrépressible de se peser dès le 7 janvier, mais il n’a perdu « que » 300 grammes (et il ne prêtera pas attention à son jean favori où il est bien plus à l’aise). Paul est découragé et le 8 janvier, il se dit que ça ne fonctionne pas et décide de prendre une pizza 4 fromages suivie d’une glace. Ce qu’il s’est passé, c’est que Paul commençait à perdre du tour de taille, mais il est trop obnubilé par le chiffre de la balance pour y prêter attention. La perte de masse grasse est un processus lent et multifactoriel.

Malheureusement, nous sommes à une époque où l’on veut tout immédiatement, mais il ne faut pas oublier que le corps est une machinerie complexe, et composée, rappelons-le, de plusieurs composantes qui pèsent.

« J’AI 3-4 KG A PERDRE »

Un leitmotiv en consultation. La première question qui me vient à l’esprit est : « Par rapport à qui ? A quoi ? ». Presque systématiquement, la réponse est : « Pour parvenir à être à 10 kg de moins que ma taille », ou encore « Pour que mon IMC soit normal ». La première réponse n’a AUCUN fondement scientifique. Notre masse corporelle et notre taille ne sont pas des notions algébriques. Pour la seconde réponse, et j’ose espérer ne pas être la seule diététicienne à raisonner ainsi, l’IMC est pour moi une mesure à prendre avec de grandes pincettes car il met bien trop facilement les personnes dans des cases erronées. Etant donné qu’il s’agit d’utiliser votre masse corporelle et votre taille pour effectuer le calcul suivant :

IMC (kg/m²) = masse (kg)/ (taille (m)) ²

Rien ne prend en compte votre composition corporelle, donc ici, tous les kilos de masse se valent. Peu importe que ce soit de la masse grasse ou masse maigre, tout est relégué au même plan. Cela me pose problème pour plusieurs catégories de patients :

  • Les adolescents qui effectuent ce calcul (facile d’accès) peuvent paniquer à la vue d’un IMC qui se situerait dans la tranche du surpoids. Or, c’est la période de notre vie où nous grandissons à une vitesse folle, nos futurs tissus adultes se créent, nos hormones sont au travail, et surtout, les jeunes filles mettent de la masse grasse physiologique en prévision de la gestation. Une adolescente, entre ses 10 et 20 ans, peut prendre jusqu’à 16 kg.

Aparté : j’ai plusieurs fois reçu en consultation des parents apeurés ou des enfants abattus à l’annonce de leur IMC supérieur à la courbe de croissance staturo-pondérale après un rendez-vous pédiatrique. Des ajustements peuvent être effectués avec un professionnel de la nutrition, mais ne faîtes jamais faire un régime à un enfant ou adolescent. Cette période charnière de la vie nécessite un apport important de nutriments essentiels. Par ailleurs, faire faire un régime à un si jeune âge, aura des répercussions tout au long de la vie de cet enfant. Le corps n’oublie jamais les privations qu’il a subies, tout se paiera.

  • Les sportifs, amateurs ou professionnels, ont tous une musculature plus développée, qui pèsera lourd, ce qui peut les classer dans la catégorie surpoids (voire dans la catégorie obésité pour les bodybuilders par exemple).
  • Les personnes naturellement très minces qui, malgré un grand appétit, ne parviennent pas à prendre du poids, seront cataloguées de « maigres » ou « dénutries » pour les plus minces. Cela sera très stigmatisant, on les qualifie volontiers de personnes « anorexiques », oubliant facilement qu’il s’agit d’une maladie psychiatrique, et non d’un aspect physique.

Pour ces raisons, je ne communique jamais leur IMC à mes patients et je n’en parle jamais. D’ailleurs, je ne parle pas non plus de poids idéal. Ce calcul ne sert à rien d’autre qu’à mettre dans leur esprit un chiffre erroné qu’ils pourraient ne jamais atteindre, ou alors en mettant leur santé en danger. Le terme « idéal » sonne extrêmement faux à mes oreilles. Je préfère raisonner avec le poids de forme de l’individu, celui que son organisme a choisi comme stabilité, génétiquement. On cherchera donc à améliorer les différentes composantes de la masse corporelle (moins de masse grasse et plus de masse maigre), bien que le poids ne bouge pas outre mesure.

« REGIME », LE DOUX NOM DE LA CATASTROPHE

C’est quoi un régime ?

Lorsqu’il est nécessaire de perdre de la masse grasse, je préfère parler de nutrition optimisée, bien calibrée selon l’individu, et hautement nutritive, plutôt que de régime. Ce terme est péjoratif, il inclue les notions de restriction et de faim. Un organisme qui obtient une excellente densité nutritionnelle dans l’assiette sera rassasiée. Être rassasié, c’est le mot d’ordre, et cela ne passe pas par des salades ou du blanc de poulet. Compter les calories devient inutile si vous rencontrez toutes les denrées les plus nutritives dans votre assiette. Ci-dessous, vous pouvez constater un schéma démontrant la problématique des régimes hypocaloriques classiques. J’ai pris l’exemple d’un individu dont le métabolisme de base de départ est de 2000 kilocalories. Cette personne décide d’entamer une perte de poids (et non de masse grasse) en effectuant un régime à 1600 kilocalories. Au bout d’un certain temps, la personne a perdu les 3 kilos dont elle souhaitait se débarrasser (sans que ce ne soit uniquement de la graisse corporelle). Ainsi, elle décide de revenir doucement et naturellement à son apport de 2000 kilocalories, où elle est davantage rassasiée. Malheureusement, son métabolisme de base s’est calqué sur l’apport de 1600 kcal, donc elle reprend du poids, 4 kg. Elle décide alors de recommencer un régime plus restrictif à 1200 kcal (plus est toujours mieux non ?). Cela lui permet de reperdre du poids, mais elle est affamée et irascible. Instinctivement, son corps voudrait qu’elle consomme plus de calories pour être en forme. Elle se surprend donc à revenir naturellement à un apport de 1600 kcal et reprendra du poids. Et ainsi de suite. C’est l’effet yo-yo bien connu et systématiquement induit par les régimes, qui nous enferme dans un engrenage.

Par ailleurs, les régimes sont souvent faibles en gras, afin de parvenir à un apport calorique faible (1 gramme de lipide apporte 9 kilocalories, la solution est trop simple), on est donc carencé en nutriments essentiels. Ceci est d’ailleurs très important pour la femme, dont le taux de masse grasse doit être plus élevé que l’homme, pour énormément de fonctions métaboliques, et pourtant, ce sont nous, les femmes, qui nous restreignons le plus sur les graisses.

LES DERNIERS KILOS : LES PLUS DIFFICILES

Lorsque vous venez de perdre beaucoup de poids, vous pouvez faire face à ce que l’on appelle « un plateau ». Votre perte de poids stagne, et cette stagnation peut être plus ou moins longue. Ce phénomène se présente souvent lorsqu’il vous reste peu de poids à perdre, entre 5 et 10 kg selon le poids de départ. C’est normal. Ce plateau est dû généralement au fait que vous ayez atteint la consommation calorique journalière équivalente à votre besoin journalier, si vous suivez un régime fondé sur le calcul des calories. A mon sens, la solution n’est pas de diminuer encore les kilocalories, alors que c’est la stratégie toujours utilisée. Il y a bien d’autres paramètres qui peuvent expliquer cette stagnation, et la réponse n’est pas le comptage calorique (voir partie 3). Un régime classique fonctionnera un certain temps, mais à un moment, votre corps atteint sa limite de perte de masse grasse. Il faut comprendre que l’organisme est rudement bien fait, il est pensé pour la survie. Autrement dit, il refusera de se délester aussi facilement de sa couche adipeuse car :

  • Elle est nécessaire pour plusieurs fonctions physiologiques ;
  • Votre corps est fait pour refuser catégoriquement la situation de famine (le manque de réserve énergétique qui est justement faite pour les situations de privation alimentaire, volontaire ou non). Il va donc fatalement se mettre en sous-régime (baisser son métabolisme de base) en faisant une économie énergétique sur les fonctions les moins vitales.

Votre organisme ne perçoit pas le tissu adipeux comme une menace, la menace vient plutôt selon lui de la privation de calories et de nutriments. C’est pour cela que les personnes qui font beaucoup de régimes hypocaloriques, de façon répétée, dérèglent leur métabolisme de base par l’abaissement de la fonction thyroïdienne. La thyroïde étant le chef d’orchestre du métabolisme énergétique (entre autres), elle va naturellement se réguler à la baisse en parallèle de la diminution de l’apport calorique, par survie. Cette situation de plateau peut nécessiter l’aide d’un professionnel de la nutrition, et pourquoi pas d’un coach sportif pour tabler sur l’optimisation de la musculature.

En conclusion de cette deuxième partie, j’aimerais que vous reteniez qu’avant de vous lancer dans un régime, vous ayez à l’esprit les répercussions évoquées. Je peux vous assurer qu’il est difficile de relancer un métabolisme malmené par des mois de régime Dukan ou de soupes aux choux. Se sentir bien dans son corps est une chose très importante que je comprends totalement, mais cela ne doit pas être au détriment de votre santé. Faites-vous accompagner d’un professionnel et soyez patient. Les résultats s’inscrivent dans la durée.

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A PROPOS

Estelle Castellanos
Diététicienne-nutritionniste DE
Naturopathe
Fondatrice de la plateforme ATAVI
Santé fonctionnelle
FBCS
Spécialiste des maladies liées aux moisissures
Mycothérapeute certifiée

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