La possibilité que des implants mammaires puissent générer des problèmes de santé est un sujet de discussion scientifique de longue date. Cette thématique fait débat depuis des décennies, mais ce n’est que depuis quelques années qu’on observe aux USA la montée en puissance des plaintes des femmes concernées, qui se sont aperçues avoir déclenché un ensemble de symptômes à la suite d’une pose de prothèses mammaires, plus ou moins rapidement. Le phénomène a notamment été permis et amplifié par les réseaux sociaux, ce qui n’a pas manqué de donner de l’eau au moulin de ceux en faveur des implants, critiquant le mouvement. Les prothèses mammaires peuvent être posées à visée esthétique ou à la suite d’une ablation, comme dans le cadre d’un cancer du sein, ou pour malformation. Cet ensemble de symptômes est regroupé par les patientes et certains professionnels sous la dénomination de « maladie des implants/prothèses mammaires » (breast implant illness ou BII). L’ensemble des symptômes a été lié au syndrome ASIA(autoimmune/inflammatory syndrome induced by adjuvants) ou syndrome de Shoenfeld. Actuellement, cette maladie n’est pas reconnue comme un diagnostic médical officiel. Il n’y a pas de consensus scientifique mais beaucoup de femmes et de praticiens en sont persuadés, leurs implants les ont rendues malades. Devez-vous vous inquiéter si vous êtes concernée ?
Les implants mammaires
Il existe plusieurs types de prothèses mammaires :
Les prothèses en silicone (remplies d’un gel de silicone)
Les prothèses de solution saline
Les prothèses remplies d’hydrogel (eau + solution sucrée)
Les formes et textures sont aussi variables selon le résultat souhaité.
En 2010, l’Afssaps (agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) décide de retirer du marché les prothèses mammaires du fabricant des PIP (Poly Implant Prothèse). En effet, grâce au travail d’investigation d’un journaliste, ainsi qu’à la dénonciation d’anciens employés du groupe, l’Afssaps a fini par mettre le nez dans les affaires du PDG. Les types de silicone utilisés pour fabriquer le gel à destination des implants étaient tout simplement frauduleux et non déclarés. Le PDG avait fait le choix de falsifier les documents officiels. Chose importante à savoir également, les produits de santé ne subissent pas les mêmes contrôles que la mise sur le marché d’un médicament… La manœuvre est facile !
De plus, les effets secondaires potentiels des implants mammaires en silicone bien connus sont la contracture capsulaire, les réactions allergiques et les maladies auto-immunes, ainsi qu’une forme rare de cancer du système lymphatique (Lymphome Anaplasique à Grandes Cellules associé à l’implant mammaire, dit LAGC-AIM) que soulignent les experts de l'Institut national du cancer en février 2019 :
Il existe un lien clairement établi entre la survenue de cette pathologie et le port d’un implant mammaire.
Le groupe souligne que la fréquence de cette complication est cependant très faible.
Compte-tenu de la difficulté à déterminer le nombre de femmes porteuses d’implants mammaires, et de la sous-notification potentielle des cas de LAGC-AIM, l’estimation de son risque ne peut être que très approximative. Il est variable selon les études et les pays. En France, actuellement, une dizaine de cas est recensée chaque année. Parallèlement, environ 67 000 implants y sont vendus en moyenne annuellement.
Le syndrome ASIA ou de Shoenfeld
Le Professeur israélien Yehuda Shoenfeld, médecin et chercheur dans le domaine de l’auto-immunité, a proposé en 2011 une définition de ce syndrome ASIA (ou syndrome de Shoenfeld), accompagné de sa consœur le Professeur Nancy Agmon-Levin. Ils ont alors érigé les critères diagnostiques suivants :
Pour qu’un syndrome ASIA soit cliniquement envisageable, il faut réunir soit :
Deux critères majeurs
Soit 1 critère majeur + 2 critères mineurs.
Tout problème de santé qui se déclarerait après utilisation d'un adjuvant (silicone, sels d'aluminium, agents infectieux…) pourrait donc être analysé à la lumière des critères ASIA, y compris les implants mammaires. C'est ce qu'ont souhaité faire des chercheurs.
La cohorte de Maastricht
En 2016, Maartje J.L. Colaris et son équipe publient une étude comparative qui reprend une cohorte de 1994, la Baylor College Cohort. Les chercheurs ont souhaité reprendre les symptômes rapportés à la lumière des critères ASIA créés en 2011. Ils souhaitaient examiner si le terme "adjuvant breast disease" de la cohorte de 1994 désignait la même chose que "Silicon Implant Incompatibility Syndrome" dans celle de 2014. L'hypothèse était que, malgré l'évolution positive de la qualité du silicone utilisé pour les implants mammaires, en raison du durcissement de la législation, cela n'empêchait pas de déclarer des problèmes de santé.
Comparaison des cohortes de Baylor College et Maastricht
Pour ce faire, ils ont analysé les manifestations locales et cliniques :
Il faut noter que pour chaque cohorte, les implants provenaient de différentes entreprises, mais étaient tous constitués de gel de silicone. Il a été conclu que les manifestations cliniques rapportées entre les deux cohortes étaient comparables sur plusieurs points :
Egalement, ont été retrouvées d'autres manifestations dans les deux cohortes : syndrome de Raynaud, syndrome de l'intestin irritable, infections respiratoires récurrentes, cystites récidivantes, livedo reticularis, allergies, et de façon plus anecdotique d'autres troubles (perte de cheveux, syndrome dépressif, céphalées…). Les sérologies révélaient aussi des anomalies (immunoglobulines notamment, mais moindre dans la cohorte de Maastricht, très certainement en raison d'une amélioration de la qualité du silicone utilisé).
Sur les 54 participants à la cohorte de Maastricht ayant fait retirer leurs implants, 50 % (n=27) ont eu des améliorations de leurs symptômes.
Un syndrome fibromyalgique ?
Dans les 18 autres cohortes incluses dans l'analyse, les mêmes manifestations étaient retrouvées. Ainsi, malgré les normes toujours plus strictes en matière de qualité du silicone, les auteurs concluent que la qualité n’est pas le problème, mais bien le silicone lui-même qui semblerait se répandre dans l’organisme et générer des réactions stimulantes à l'encontre du système immunitaire :
Nous proposons que chez les patientes souffrant d'un ASIA dû à un SIIS, l'implant mammaire pourrait être le stimulus nociceptif*. Le stimulus nociceptif (silicone) en combinaison avec l'inquiétude considérable concernant la sécurité de l'implant mammaire provoque une perturbation de la voie de signalisation de la douleur et une stimulation excessive des neurotransmetteurs dans le système nerveux central et, par conséquent, des plaintes systémiques. Toutefois, une différence majeure entre la fibromyalgie idiopathique et la fibromyalgie induite par le silicone est la cooccurrence d'une déficience immunitaire et/ou d'une auto-immunité au cours du suivi des patients atteints d'un ASIA dû au SIIS.
*Concept concernant l’ensemble des structures nerveuses et des mécanismes impliqués dans la détection, la transmission et le traitement de la douleur. Dictionnaire Académie de Médecine
En définitive...
Les manifestations pathologiques ne sont pas forcément immédiates, ni obligatoires. Toutes les femmes portant des implants mammaires ne déclenchent pas forcément de problèmes de santé, et il est important de le souligner. Toutefois, il existe également des femmes qui déclenchent des symptômes, dont la survenue est bien souvent des années après la pose, et pour lesquelles le rapprochement n'est pas fait. C'est pourquoi il me semblait nécessaire d'écrire cet article. Une prothèse mammaire, comme n’importe quel corps étranger dans l’organisme, reste… un corps étranger. A ce titre, des réactions sont possibles. J'ai eu l'occasion d'avoir en consultation des femmes qui portaient des prothèses mammaires et présentaient des problèmes de peau (acné, psoriasis, eczéma), de la fatigue, anxiété et nervosité, troubles du sommeil, une baisse de libido et inflammation généralisée (gain de poids, douleurs articulaires). On pourrait penser que le retrait des implants suffirait à supprimer les symptômes, mais ce n’est pas toujours le cas. Du moins, il est important de se pas se contenter de l’explantation.
Sources :
Shoenfeld, Yehuda, and Nancy Agmon-Levin. “'ASIA' - autoimmune/inflammatory syndrome induced by adjuvants.” Journal of autoimmunity vol. 36,1 (2011): 4-8. doi:10.1016/j.jaut.2010.07.003
Colaris, Maartje J L et al. “Two hundreds cases of ASIA syndrome following silicone implants: a comparative study of 30 years and a review of current literature.” Immunologic research vol. 65,1 (2017): 120-128. doi:10.1007/s12026-016-8821-y
Shoaib, B O et al. “Adjuvant breast disease: an evaluation of 100 symptomatic women with breast implants or silicone fluid injections.” The Keio journal of medicine vol. 43,2 (1994): 79-87. doi:10.2302/kjm.43.79*
Cohen Tervaert, J W, and R M Kappel. “Silicone implant incompatibility syndrome (SIIS): a frequent cause of ASIA (Shoenfeld's syndrome).” Immunologic research vol. 56,2-3 (2013): 293-8. doi:10.1007/s12026-013-8401-3
Le sommeil est sûrement l’un des aspects santé qui passe le plus à la trappe. Pourtant, sans un bon sommeil réparateur, on perturbe tous nos systèmes biologiques. Dans le cadre d’un mauvais sommeil chronique, on peut potentiellement déclencher des déséquilibres hormonaux, de l’inflammation chronique de bas grade, une prise de poids plus facile, de la fatigue, une instabilité de l’humeur, une mauvaise digestion, une mauvaise détoxification et un système immunitaire plus faible. Malheureusement, le rythme de vie que nous impose notre société n’est pas compatible avec un bon sommeil. C’est à chacun de nous de mettre en place une bonne hygiène de vie respectueuse de soi. Tour d’horizon des facteurs santé pour un excellent sommeil !
L’activité physique
Être suffisamment actif physiquement permet d’améliorer la qualité du sommeil. Lorsque vous vous entrainez, vos cellules travaillent dur pour vous fournir de l’énergie grâce aux formidables usines que sont les mitochondries. En travaillant, les mitochondries génèrent de l’ATP, dont on peut obtenir de l’adénosine en tant que sous-produit après utilisation. L’adénosine est un neuromodulateur synthétisé par nos cellules, présent à la fois dans les milieux intracellulaire et extracellulaire. Une accumulation d’adénosine (en particulier au niveau du système nerveux central) au cours de la journée déclenche les mécanismes du sommeil en fin de journée, phénomène qui sera accentué par l’activité physique par sollicitation augmentée de la production d’ATP. On parle de molécule somnogène.
Attention toutefois. Une activité physique effectuée en fin de journée – début de soirée va potentiellement entraîner l’effet inverse en augmentant le cortisol, antagoniste à la mélatonine. On peut donc expérimenter une perturbation du sommeil si l’on s’entraine trop tard. L’idéal serait plutôt de positionner sa séance au cours de la journée, idéalement le matin.
Le soleil
L’exposition à la lumière naturelle qu’est le soleil permet l’amélioration de la qualité du sommeil par plusieurs mécanismes. Premièrement, via notre perception des différentes longueurs d’ondes du soleil selon le moment de la journée. En effet, l’exposition matinale va permettre à ta rétine de percevoir une lumière plutôt bleue, des longueurs d’ondes favorables à notre éveil. La rétine envoie à la glande pinéale cette information. D’un autre côté, les longueurs d’ondes plutôt rouges de fin de journée et début de soirée favorisent l’abaissement du cortisol et la hausse de la mélatonine, phénomène qui apaise et favorise la détente. Pour cette raison, l’utilisation des écrans bleus le soir est un souci de santé publique majeur.
Aussi, la vitamine D obtenue en s’exposant au soleil a un très grand rôle à jouer dans la qualité du sommeil, en participant à la régulation des voies dopaminergiques et sérotoninergiques impliquées dans le rythme circadien.
La nutrition
En général, les pouvoirs de l’alimentation sur le sommeil sont moins connus. Pourtant, il s’agit d’un puissant levier. Plusieurs choses sont intéressantes à mettre en place :
Consommer un petit-déjeuner riche en protéines
Les protéines apportent des acides aminés. Plusieurs acides aminés sont impliqués de près ou de loin dans la régulation du rythme circadien. Par exemple, le tryptophane est à l’origine de la synthèse de sérotonine, qui elle-même donnera la mélatonine. Son apport dès le petit-déjeuner permet son stockage puis utilisation au cours de la journée, en vue de préparer la nuit. Les aliments les plus pourvus en tryptophane sont le poulet, la dinde, le bœuf, le porc, le tofu, le saumon, le lait, graines de courge et de citrouille, œufs. Globalement, les protéines animales sont donc à privilégier pour cet objectif, mais aussi pour tous les autres acides aminés qu’elles fournissent. Également, Fukushige, Haruna et al ont pu mettre en évidence que l’association d’un petit-déjeuner riche en tryptophane et l’exposition journalière aux rayons du soleil renforce la production et efficacité de la mélatonine le soir.
Veiller à une stabilité glycémique
Et ici encore, un solide petit-déjeuner riche en protéines est maître en la matière. Il a été montré que l’apport important en protéines dès le réveil permet de stabiliser la glycémie pour le reste de la journée, notamment les glycémies post-prandiales. Gardons à l’esprit qu’une glycémie totalement déséquilibrée est un facteur important de fatigue, d’irritabilité, nervosité. Les trop grandes variations vont entraîner une sécrétion continue de cortisol, qui va perturber la préparation du sommeil.
Inversement, un mauvais sommeil compromet la stabilité de la glycémie, avec les risques métaboliques et cardiovasculaires que cela comprend. C’est pour cette raison que beaucoup de personnes se mettant à effectuer une alimentation faible en glucides (low carb et cétogène) rapportent une amélioration rapide de leur sommeil.
Apporter suffisamment de nutriments
Beaucoup de nutriments sont impliqués dans la régulation de notre horloge circadienne. Certains participent activement à la synthèse de nos neurotransmetteurs, d’autres permettent la production d’énergie, d’autres la synthèse de nos hormones. Si votre alimentation n’est pas suffisamment dense en nutriments, ou bien si votre système digestif ne les absorbe pas correctement pour une quelconque raison, vous pouvez expérimenter des troubles du sommeil. Revoir totalement votre alimentation et le timing des repas peut être la clé.
En définitive, une journée idéale pour lutter contre l’insomnie ?
Prendre son petit-déjeuner dans l'heure qui suit le réveil
Faire un petit-déjeuner suffisamment riche en protéines animales (et éventuellement végétales)
Sortir pour regarder le soleil le matin ET le soir, pour aligner votre horloge biologique avec votre environnement (sans lunettes !)
Effectuer une séance de sport le matin, le midi ou en fin d’après-midi pour vous fatiguer, mais pas trop tard non plus.
Sources :
Dworak, M et al. “Intense exercise increases adenosine concentrations in rat brain: implications for a homeostatic sleep drive.” Neuroscience vol. 150,4 (2007): 789-95. doi:10.1016/j.neuroscience.2007.09.062
Bjorness, Theresa E, and Robert W Greene. “Adenosine and sleep.” Current neuropharmacology vol. 7,3 (2009): 238-45. doi:10.2174/157015909789152182
Huang, Zhi-Li et al. “The role of adenosine in the regulation of sleep.” Current topics in medicinal chemistry vol. 11,8 (2011): 1047-57. doi:10.2174/156802611795347654
Prono, Federica et al. “The Role of Vitamin D in Sleep Disorders of Children and Adolescents: A Systematic Review.” International journal of molecular sciences vol. 23,3 1430. 27 Jan. 2022, doi:10.3390/ijms23031430
Gao, Qi et al. “The Association between Vitamin D Deficiency and Sleep Disorders: A Systematic Review and Meta-Analysis.” Nutrients vol. 10,10 1395. 1 Oct. 2018, doi:10.3390/nu10101395
Fukushige, Haruna et al. “Effects of tryptophan-rich breakfast and light exposure during the daytime on melatonin secretion at night.” Journal of physiological anthropology vol. 33,1 33. 19 Nov. 2014, doi:10.1186/1880-6805-33-33
J’ai envie de mettre à l’honneur la peau dans cet article. Mine de rien, il s’agit de notre organe le plus étendu, la peau nous recouvre entièrement et nous protège de bien des choses. Seulement, elle a aussi son propre équilibre qui est fragilisé de différentes façons. Notre peau possède son propre microbiote, le microbiote cutané. Cette flore est différente de celle que nous avons dans l’intestin ou dans la bouche. Chaque microbiote de notre corps a sa propre signature pour une raison : ils ne gèrent pas les mêmes choses. Concernant la flore cutanée, nous allons voir comment la soutenir un maximum naturellement pour avoir une peau rayonnante de santé et protectrice.
Présentation du microbiote cutané
La fonction première de la peau est de servir de barrière physique naturelle face à notre environnement. Elle empêche les microorganismes et substances toxiques de pénétrer dans l'organisme. Pour remplir ce rôle, elle doit être robuste et armée des meilleurs soldats.
Notre peau est colonisée par des bactéries, champignons et virus. Ces éléments ne sont pas pathogènes, ils sont dits symbiotiques : ils nous aident (en aidant la peau) à nous défendre face aux envahisseurs pathogéniques, et en échange, nous leur assurons de la nourriture (la fameuse « peau morte » et le sébum). Ils participent aussi à éduquer notre système immunitaire pour le rendre plus performant au cours de notre vie.
La symbiose : association biologique, durable et réciproquement profitable, entre deux organismes vivants.
Tout comme la flore intestinale, c’est un écosystème qui nous profite, il faut donc le respecter. S’il y a rupture de l’équilibre, des maladies de peau peuvent s’installer, et sa fonction de barrière naturelle pourrait être compromise, laissant l’opportunité à des infections de s’installer confortablement.
Différentes zones, différents habitats
Les sites cutanés humains peuvent être classés selon leurs caractéristiques physiologiques, c'est-à-dire selon qu'ils soient sébacés (gras), humides ou secs. Structurellement, la peau est composée de deux couches distinctes : l'épiderme et le derme (ci-dessous).
La couche la plus externe (l'épiderme) est composée de couches de kératinocytes différenciés. La couche supérieure, ou couche cornée, est composée de kératinocytes énucléés et différenciés en phase terminale (également appelés squames) qui sont chimiquement réticulés pour renforcer la barrière cutanée.
Sur la base de ces caractéristiques, les zones peuvent être regroupées en grandes catégories :
sébacées ou grasses (visage, décolleté et dos)
humide (pli du coude, arrière du genou et aine)
sec (avant-bras palmaire et paume)
En fonction de la zone cutanée, et de quoi elle est constituée (glandes sudoripares, follicules pileux, glandes sébacées...), nous n'aurons pas la même composition microbienne. Les zones riches humides par exemple, qui comportent davantage de glandes sudoripares, vont être aisément acides. Cela crée un environnement inhospitalier pour la colonisation et croissance de certains micro-organismes. Les zones plus riches en sébum (cheveux, visage) sont elles recouvertes de sébum, un liquide gras hydrophobe riche en lipides qui nourrit et protège aussi des envahisseurs. De plus, la sueur contient des molécules antimicrobiennes, telles que des acides gras libres et des peptides antimicrobiens, qui inhibent la colonisation microbienne.
Autrement dit, la peau possède différents outils antimicrobiens totalement innés.
Le microbiote cutané
La plupart des bactéries cutanées appartiennent à quatre phyla (familles) différents :
Actinobactéries
Firmicutes
Bacteroidetes
Protéobactéries
Ces quatre phyla dominants constituent également le microbiote intestinal ou buccal. Cependant, les proportions diffèrent considérablement : alors que les Actinobactéries sont plus abondantes sur la peau, les Firmicutes et Bacteroidetes sont plus abondants dans l'intestin.
Dans les études sur des adultes en bonne santé, la composition microbienne de la peau s'est avérée dépendre principalement de la physiologie du site cutané, avec des changements associés aux microenvironnements humides, secs et sébacés :
Les zones à forte densité de glandes sébacées (visage, front, poitrine, dos) favorisent la croissance de micro-organismes lipophiles comme Propionibacterium spp (bactérie) et Malassezia spp (levure).
Les zones plus sèches (bras et jambes), présentent moins de micro-organismes que les zones humides.
Les zones partiellement obstruées et humides (aine, voûte axillaire, plis des coudes et des pieds) vont favoriser la croissance des micro-organismes qui prospèrent dans l’humidité : (par exemple, les bacilles à Gram négatif, les Corynebacterium et Staphylococcus aureus).
Facteurs contribuant à la variation du microbiome cutané
De nombreux facteurs individuels entrent en jeu pour la composition de la flore de la peau, entre l'âge, les hormones, le sexe, le climat et situation géographique, l'hygiène, l'alimentation etc. En particulier, les différences physiologiques entre hommes et femmes, comme la sueur, le sébum et la production d'hormones, expliquent en partie les spécificités microbiennes observées entre les sexes.
Aussi, des éléments tels que le mode de naissance (césarienne ou voie basse), la profession, les vêtements, la pollution et les cosmétiques utilisés ont un pouvoir d’impact sur le microbiote cutané. En particulier, les cosmétiques (crèmes, lotions, gel douche, savons…) sont susceptibles de modifier la composition et répartition des populations microbiennes sur la peau. Ces produits peuvent modifier la barrière cutanée, ce qui impactera la flore résidente.
Le taux d’humidité et l’exposition au soleil sont également à considérer. En vivant dans des zones humides (climat, maison), on peut voir une quantité plus élevée de bactéries sur le dos ou les pieds (car être favorable à leur prolifération). La lumière ultraviolette (UV) est un traitement bactéricide bien documenté, et on peut imaginer une variabilité géographique du microbiote cutané en corrélation avec la variation longitudinale et/ou latitudinale de l'exposition aux UV.
L’axe intestin-peau (the gut-skin axis)
La connexion entre la santé intestinale et celle de la peau est connue et investiguée depuis plusieurs années (même s’il reste encore des choses à découvrir). On sait que le microbiote intestinal influence la qualité de la peau à travers le système immunitaire (je rappelle que la majorité de notre système immunitaire part de l’intestin, c’est pourquoi il est l’épicentre de tant de maladies, y compris celles de la peau).
Certains micro-organismes – et leurs métabolites – influenceraient la peau avec leurs effets immunomodulateurs. En fonction de la composition du microbiote intestinal, on pourrait se retrouver dans un contexte soit anti-inflammatoire, soit pro-inflammatoire. En particulier, dans le cadre d’une porosité intestinale, les bactéries et leurs métabolites ont la faculté de rejoindre la circulation sanguine et ils pourraient s’accumuler au niveau de la peau et perturber son équilibre. C’est un phénomène ayant été observé par dosages sanguins chez les patients atteints de psoriasis.
Les acides gras à chaine courte - AGCC - (fermentation des fibres dans l’intestin) jouent un rôle central dans la détermination de la prédominance de certains profils microbiologiques cutanés qui influencent ensuite les mécanismes de défense immunitaire cutanée. Propionibacterium, par exemple, est un genre capable de produire des AGCC, principalement de l'acétate et de l'acide propionique. L'acide propionique peut présenter un effet antimicrobien profond contre le Staphylococcus aureus.
Prendre soin de sa flore cutanée selon ses besoins propres
Les probiotiques
Les effets bénéfiques des bactéries intestinales sur la santé et l'apparence de la peau ont été documentés dans plusieurs études sur les rongeurs et les humains :
La supplémentation chez la souris en Lactobacillus reuteri a présenté une épaisseur cutanée accrue, une folliculogenèse améliorée et une production accrue de sébocytes qui se sont manifestées par une fourrure plus épaisse et plus brillante.
Dans une autre étude sur les humains (12 semaines), une supplémentation orale en Lactobacillus brevis SBC8803, a montré une diminution significative de la perte insensible en eau et une augmentation significative de l'hydratation cornéenne.
Dans une étude humaine, les volontaires qui ont pris des suppléments de Lactobacillus paracasei NCC2461 pendant 2 mois ont présenté une diminution de la sensibilité cutanée et de la perte insensible en eau également.
Dans une étude en double aveugle contrôlée par placebo, une supplémentation orale en Lactobacillus plantarum HY7714 chez 110 sujets pendant 12 semaines a entraîné une amélioration de l'élasticité cutanée et une hydratation accrue de la peau.
De plus, bien que les AGCC comme le butyrate, ne soient pas probiotiques, il faut noter leurs intérêts pour la santé de la peau indirectement. En effet, ils suppriment la prolifération, la migration, l'adhésion et la production de cytokines des cellules inflammatoires, ce qui pourrait améliorer la qualité de la peau, et donc sa flore résidente.
Prendre soin de sa peau au naturel
Exit les savons hyper agressifs et les 300 lotions à appliquer tous les jours, la peau n’est pas un organe qui a besoin de tout ça. En fait, elle a besoin de peu, mais il faut quand même en prendre soin parce que nous vivons dans un monde hyper sympathique où la pollution, les lumières artificielles et le stress n’épargnent plus personne.
Mais point trop n’en faut. La priorité est déjà le lifestyle : ce que nous mangeons, buvons, notre activité physique et notre sommeil sont les piliers fondateurs. Viennent ensuite les cosmétiques, the cherry on the cake !
Lors du choix de cosmétiques, la première chose à laquelle prêter attention est le degré d’industrialisation du produit. Si les cosmétiques proviennent de supermarchés, il y a fort à parier qu’ils sont de piètre qualité. Plus on choisit des cosmétiques naturels et adaptés au type de peau, mieux ce sera. Vous pouvez par exemple faire un bilan de peau avec votre dermatologue, ou aller voir une esthéticienne bien formée pour découvrir les complexités et forces de votre peau. Vous serez ainsi en mesure de savoir quels produits sont faits pour vous, et ceux à absolument éviter.
Les masques au kéfir de lait
J’adore cette astuce beauté !
Les résultats commenceront à apparaitre au fil de plusieurs semaines d’application, mais ça vaut vraiment le coup et sur n’importe quelle zone (y compris quand il y a de l’eczéma ou psoriasis). Je suis une fan invétérée du kéfir de lait pour une multitude de problématiques. Bien qu’on ait l’habitude de l’utiliser en interne en le buvant, le kéfir peut aussi totalement être utilisé en compresse et en masque beauté. Il permet d’adoucir la peau, rendre le teint plus éclatant et lutte contre l’installation des espèces pathogènes grâce à son acide lactique.
A défaut, un yaourt peut faire l’affaire, mais il est loin d’être aussi riche en probiotiques que le kéfir de lait.
Les bains de boue (peloid therapy)
Peut-être avez-vous déjà entendu parler (ou même l'avez-vous testé) les bains de boue en institut de beauté. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont pratiqués par les esthéticiennes, se sont de véritables soins de peau. La boue (donc la terre) est très riche en enzymes et probiotiques. Outre le fait que ce soit un moment pour soi hyper décontractant, la boue a un effet détoxifiant sur la peau et vient également la nourrir avec ses principes actifs organiques.
On peut le pratiquer chez soi si on a un bain, et c’est juste un régal.
Attention toutefois, certaines personnes devront s’abstenir de le pratiquer (ou demander l’avis du médecin avant) parce que les bains de boue sont déconseillés pour les personnes ayant des troubles cardiaques ou qui ont une peau très fragile.
Les cosmétiques 2.0
Avec toutes les découvertes du lien entre peau et intestin, le marché de la cosmétologie et de la beauté n’a pas attendu pour développer des produits à base de probiotiques (comme chez Gallinée ou Aurelia London). Parmi les produits que j'aime recommander, en voici quelques exemples :
Ces probiotiques sous formes de gélules permettent de lutter contre l'eczéma en apportant des souches spécifiques reconnues pour améliorer l'axe intestin-peau d'après des études cliniques sur l'Homme.
Adapté à toutes les formes de psoriasis, ce liquide riche en probiotiques se boit et donne de bons résultats même sur les formes sévères, en agissant sur la porosité intestinale.
Ce savon pour le corps est spécialement conçu pour les peaux psoriasiques, fait d'ingrédient naturels respectueux de la peau. Sa composition aide à lutter contre l'inflammation cutanée en douceur.
Il s'agit d'une brume riche en probiotiques, à appliquer avant de mettre sa crème hydratante (à laisser sécher avant), matin et soir.
Derniers petits tips…
Prendre soin de son microbiote cutané, c’est aussi tout simplement le laisser respirer et vivre. Pour ça :
Porter des vêtements amples, en matière naturelle dès que possible
Faire régulièrement de l’activité physique (la sueur participe à nourrir le microbiote de la peau)
Prendre le soleil, pour son effet bactéricide sur les espèces pathogènes
Faire des gommages, mais pas trop ! n’oubliez pas que la peau morte et le sébum sont un buffet pour nos bactéries bénéfiques
Limiter son exposition aux écrans et lumières artificiels
Faire des séances de lumière rouge
Trainer dans la nature… Plage, forêt, montagne… Faire se rencontrer notre peau et son environnement natif le plus possible
Sources :
Grice, Elizabeth A, and Julia A Segre. “The skin microbiome.” Nature reviews. Microbiology vol. 9,4 (2011): 244-53. doi:10.1038/nrmicro2537
Byrd, A., Belkaid, Y. et Segre, J. The human skin microbiome. Nat Rev Microbiol 16 , 143-155 (2018). https://doi.org/10.1038/nrmicro.2017.157
Salem, Iman et al. “The Gut Microbiome as a Major Regulator of the Gut-Skin Axis.” Frontiers in microbiology vol. 9 1459. 10 Jul. 2018, doi:10.3389/fmicb.2018.01459
J’ai toujours été très intéressée par les maladies neurologiques et psychiatriques. La recherche sur l’axe microbiote-intestin-cerveau est désormais un sujet ancré dans la littérature et dont les conclusions sont encourageantes pour la compréhension de ces troubles. Malheureusement, leur application en tant qu’agents adjuvants en psychiatrie est loin d’être généralisée. Les prises en charge de la plupart des troubles neuropsychiatriques reposent sur des médicaments. Par exemple, les patients atteints de dépression se voient prescrire des anti-dépresseurs, des anxiolytiques mais quid du microbiote dysbiotique ? de la porosité intestinale ? qui sont pourtant des constats réguliers en consultations et dans les études. Aux USA, certains médecins pratiquent la psychiatrie intégrative, prenant en charge leurs patients dans leur globalité et tenant compte de leur terrain. En France, cela demeure bien trop rare, si ce n’est inexistant. Tout au plus, certains gastro-entérologues se saisissent du sujet, mais pas les psychiatres. Pourtant, le patient aurait tout à gagner d’une fusion de ces compétences, mais pour l’heure, je me suis dit que rédiger un article à ce sujet serait déjà ça de pris, car je reçois régulièrement des questions concernant la connexion possible entre santé intestinale et santé mentale. Je m’en réjouis. Oui ! toutes deux sont intrinsèquement liées, comme des sœurs jumelles.
Quels troubles et maladies seraient concernés ?
La maladie d’Alzheimer
Les troubles du spectre autistique (TSA)
La dépression
Le trouble bipolaire
La schizophrénie
La démence
L’anxiété
La maladie de Parkinson
Mais également les migraines et différentes formes d’épilepsie.
La fragilité de deux barrières
Le tractus gastro-intestinal et le cerveau se développent à partir de parties étroitement liées de l'embryon. Ces deux parties ont en commun des barrières vasculaires spécifiques et spécialisées, à savoir la barrière épithéliale intestinale et la barrière hémato-encéphalique (BHE). Le développement de la BHE commence au début de la vie intra-utérine et se poursuit jusqu'aux premiers stades postnatals de la vie. Une bonne formation de la BHE fournit un microenvironnement adéquat pour la croissance et la spécification des neurones. La BHE, lorsqu'elle est intacte, protège contre la colonisation du microbiote au moment crucial du développement cérébral du nouveau-né. Dans la période postnatale, il protège également des métabolites bactériens et de l'exposition à de nouvelles molécules lors du basculement métabolique (lorsque la dépendance aux glucides passe au catabolisme des acides gras). Ce contrôle du passage et des échanges de nutriments et de particules entre le sang et le cerveau assure l'homéostasie du système nerveux central (SNC). Le microbiote peut affecter la perméabilité à la BHE chez les souris fœtales et adultes.
La barrière intestinale
Le terme de « intestin poreux » désigne le fait que la barrière intestinale est devenue perméable. Vulgairement, elle fuit. Il ne s'agit pas d'une maladie ou d'une affection en soi. C'est un symptôme d'inflammation et de déséquilibre qui a de nombreuses causes. La liste des problèmes de santé associés à une perméabilité intestinale est de plus en plus importante, à mesure que la recherche fait du lien et s’intéresse au microbiote.
Notre intestin grêle a une fonction double :
Absorber les nutriments que nous consommons (acides aminés, acides gras, vitamines…)
Empêcher les molécules indésirables de passer (microbes, particules alimentaires, produits chimiques…)
Notre épithélium intestinal (schématisé ci-dessous) se renouvelle très rapidement et efficacement, mais ce renouvellement doit être finement orchestré par l’organisme, sous peine de créer un déséquilibre.
La monocouche épithéliale intestinale est composée de différents types de cellules épithéliales spécialisées :
Les entérocytes : le type de cellules le plus abondant et dont le rôle principal est le maintien de l’intégrité de la barrière intestinale
Les cellules de Paneth : situées à la base des cryptes intestinales, ces cellules sécrètent des peptides antimicrobiens pour empêcher l’entrée de micro-organismes (ex : alpha-défensine)
Les cellules caliciformes : cellules spécialisées dans la sécrétion de peptides muqueux, la défense et la réparation de la couche épithéliale. Elles jouent un rôle important dans l’homéostasie épithéliale
Les cellules M (microfold) : cellules sécrétrices d’immunoglobulines A (IgA) et aussi cellules présentatrices d’antigènes bactériens auprès des cellules dendritiques (plaques de Peyer)
Collectivement, ces cellules forment une barrière normalement imperméable grâce aux jonctions serrées intracellulaires, aux jonctions adhérentes et aux desmosomes. Également, derrière patrouillent de nombreuses cellules immunitaires, prêtes à agir à la moindre introduction anormale (plaque de Peyer).
Il a donc une fonction de barrière protectrice, afin que les particules nocives pour nous ne puissent pas accéder à notre milieu intérieur (car la lumière intestinale demeure le milieu extérieur). L’intégrité et la fonctionnalité de notre paroi intestinale dépendent des molécules telles que la zonuline (découverte par le Dr Allesio Fasano et son équipe de recherche), l'occludine, la claudine 1, la E-cadhérine, JAM-1, les caténines, la cinguline et l'actine : c’est ce que l’on appelle les jonctions serrées et adhérentes.
Normalement, les entérocytes sont reliés entre eux par ces jonctions intercellulaires, qui empêchent les grosses molécules de passer dans la circulation sanguine. Les jonctions s'ouvrent sélectivement pour laisser passer certaines molécules, mais elles restent principalement fermées. Lorsque les jonctions sont enflammées ou dysfonctionnelles, elles se relâchent et les grosses molécules passent. Les substances qui passent par les jonctions intracellulaires sont considérées par notre système immunitaire comme étrangères, ce qui stimule une réaction du immunitaire.
Qu'est-ce qui peut perturber l'épithélium intestinal ?
L’intégrité de la couche épithéliale intestinale est une priorité pour qu’elle demeure fonctionnelle, qu’elle puisse continuer à remplir ses rôles. Également, la bonne santé du microbiote intestinal est de mise. Des milliards de bactéries commensales résident dans notre lumière intestinal et jouent un rôle vital dans la digestion et le développement du système immunitaire.
C’est une perpétuelle adaptation qui se joue entre nos cellules épithéliales intestinales (CEI), nos cellules immunitaires et notre flore, afin de nous protéger. Les CEI captent les changements du microbiote et signalent aux cellules immunitaires de s’adapter et d’intégrer les nouvelles informations. Malheureusement, des signaux négatifs sont également intégrés, et peuvent déclencher une réaction du système immunitaire anarchique (ex : maladies auto-immunes) et une inflammation systémique (généralisée). Ce schéma récapitule les coupables rencontrés et les conséquences :
La barrière hémato-encéphalique (BHE)
La BHE est constituée de cellules endothéliales capillaires, qui forment ce que l’on nomme « l’unité neurovasculaire » et qui comprend également les neurones, la matrice extracellulaire, les péricytes et astrocytes. Ces cellules endothéliales capillaires sont reliées par des jonctions serrées intracellulaires et ces dernières contrôlent le passage des substances présentes dans le sang vers le cerveau. Grâce à elles, l’équilibre du SNC est maintenu, dans des conditions homéostasiques. Mais ! Le microbiote peut affecter la perméabilité de la BHE, à l’image de la barrière intestinale.
Récemment, quelques études ont suggéré que le microbiote peut affecter directement le cerveau et l'intestin de plusieurs manières. Avec les protéines de transport sélectives, la BHE permet aux nutriments, à l'oxygène, aux acides aminés, à certains médicaments et au glucose de pénétrer dans le liquide céphalo-rachidien (LCR) et empêchent les autres. Dans le même temps, il permet la diffusion de nombreuses petites molécules polaires, de gaz dissous, d'hormones et des molécules hydrophiles. Comme les barrières partagent des protéines et caractéristiques communes, il ne fait aucun doute qu'elles peuvent être sensibles à des mécanismes similaires de violation, qu'ils soient biochimiques ou physiques, ce qui soutient l’hypothèse d'un syndrome plausible intestin perméable/cerveau perméable.
Problème : le cerveau est un organe extrêmement gras, environ 60 %. C’est le second organe le plus riche en graisses, après le tissu adipeux. Cette information est capitale : la plupart des toxines sont lipophiles. Autrement dit, le risque d’accumulation cérébrale serait très grand s’il n’existait pas de frontière fonctionnelle.
L'affaiblissement de la BHE peut être le résultat d'une perturbation des cellules endothéliales due à un dysfonctionnement de la P-glycoprotéine. Les neurones peuvent influencer la perméabilité, tout comme la matrice extracellulaire et les cellules non neuronales, notamment les astrocytes, péricytes et les cellules endothéliales vasculaires.
La communication bidirectionnelle nommée « axe microbiote-intestin-cerveau »
Voie neurale
Le nerf vague : l'autoroute qui relie deux mondes
Le nerf vague, dixième nerf crânien et acteur principal du système nerveux parasympathique (SNP), part du tronc cérébral jusqu’à l’abdomen et participe à de nombreuses fonctions, dont notre digestion. Son neurotransmetteur « maître » est l’acétylcholine (ACh), qui stimule entres autres les contractions musculaires du SNP via les récepteurs nicotiniques et muscariniques. Ses fibres nerveuses sont réparties comme suit :
80% conduisent les informations partant du corps vers le cerveau (fibres afférentes)
20% acheminent les infos provenant du cerveau jusqu’aux organes (fibres efférentes)
Le système nerveux entérique (SNE)
Il s’agit de celui que l’on nomme « deuxième cerveau » à juste titre : un réseau électrique propre à l’intestin, et très similaire dans sa structure et fonctionnement. Le SNE est constitué de deux plexus :
Le plexus sous-muqueux ou plexus de Meissner (régule le flux sanguin gastro-intestinal, contrôle les fonctions et la sécrétion des cellules épithéliales)
Le plexus myentérique ou plexus d’Auerbach (régule la relaxation/contraction de la paroi intestinale → péristaltisme)
Il règne sur la sphère digestive, orchestre ses fonctions et communique avec le nerf vague via l’activation cholinergique (récepteurs nicotiniques). Les neurones du SNE sont en relation étroite avec les cellules du système immunitaire adaptatif et inné et régulent leurs fonctions et activités. Le SNE produit plus de 30 neurotransmetteurs (hormones, peptides) et peut les libérer dans la circulation sanguine. Ces éléments traverseront la BHE pour apporter des informations au cerveau, soutenus par le nerf vague qui travaille en parallèle.
Voie immunitaire
Les cellules du système immunitaire, largement présentes au niveau de l’intestin comme nous l’avons vu précédemment, sont capables de générer des molécules pro-inflammatoires qui rejoignent la circulation sanguine et peuvent atteindre le cerveau (→ neuroinflammation). Par exemple, il a été observé que des patients atteints de trouble dépressif majeur (TDM), de trouble bipolaire et de schizophrénie avaient des taux de cytokines pro-inflammatoires dans le sang élevés, ainsi que d’autres marqueurs comme la protéine C-réactive. L’observation était d’ailleurs similaire dans le liquide céphalo-rachidien.
Notre système immunitaire a la capacité de reconnaitre des éléments indésirables grâce à des récepteurs spécifiques (TLR : Toll-Like Receptors). Cette détection induit une cascade de signalisations pour produire des médiateurs pro-inflammatoires :
Les cytokines
Les chimiokines
Les peptides antimicrobiens
afin de les éliminer. Toutefois, cette inflammation locale, si persistante, peut induire une perméabilité de la BHE→ activation des cellules microgliales.
Voie métabolique
Selon la composition du microbiote, les neurotransmetteurs, leur métabolisme et leur synthèse peuvent être modulés, et donc, nos émotions et notre comportement également. Voici des exemples :
Candida, Escherichia, Enterococcus et Streptococcus peuvent produire de la sérotonine
Bifidobacterium et Lactobacillus produisent du GABA
Lactobacillus : acétylcholine
Bacillus et Serratia : dopamine
Escherichia et Saccharomyces : noradrénaline
Cette production est censée agir principalement localement, sur le SNE. Mais ce peut être suffisant : le microbiote intestinal peut moduler l’activité sérotoninergique, dopaminergique, noradrénergique, glutamatergique et gabaminergique, et l'on sait que l’altération du métabolisme des neurotransmetteurs est un facteur pour de nombreuses pathologiques neuropsychiatriques. Aussi, la sérotonine peut être consommée par des bactéries et parasites et donc, toute dysbiose ou parasitose sera une potentielle menace pour la santé mentale.
Voie endocrinienne
Il a été démontré qu'une exposition chronique à des cytokines inflammatoires élevées peut entraîner une dépression. Un axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HHS) surstimulé est le plus souvent observé chez les sujets souffrant de dépression plus sévère (c'est-à-dire mélancolique ou psychotique), lorsque les mécanismes inhibiteurs de la rétroaction du cortisol sont altérés, contribuant à la sursécrétion de cytokines. Cela pourrait s'expliquer par le fait que la surexpression des cytokines entraîne une réduction des niveaux de sérotonine. Dans cette optique, le traitement avec des agents anti-inflammatoires a le potentiel de réduire les symptômes dépressifs. Les maladies inflammatoires intestinales (MII) sont donc un facteur de risque important pour les troubles de l'humeur et l'anxiété, et ces troubles psychiatriques augmentent le risque d'exacerbation des MII.
Un stress important, de toute nature, va induire une grande production de cytokines pro-inflammatoires. Ces niveaux élevés et chroniques de cytokines activent en permanence le système limbique, un centre cérébral responsable de nos émotions et de notre comportement. En réponse, vont être stimulés l’hypothalamus (corticotrophine), puis l’hypophyse (ACTH) et les glandes surrénales pour produire et sécréter du cortisol, l’hormone reine du stress qui possède de grands effets anti-inflammatoires et immunosuppresseurs. Le cortisol agit sur plusieurs organes, dont le cerveau. Et inversement, le cerveau indiquera au nerf vague (fibres efférentes) de devenir hypotonique et de sécréter de l’acétylcholine pour inhiber les cytokines inflammatoires au niveau intestinal. Donc oui ! Un cercle bien vicieux…
Maintenant que nous avons parlé des mécanismes impliqués, j'aborde les thérapies adjuvantes en psychiatrie intégrative.
Travailler la détente, bien-être et système nerveux
La stimulation vagale
La stimulation vagale, ou stimulation neuro-vagale (SNV), est un procédé d’électrostimulation auriculaire, qui envoie de petites impulsions électriques non invasives. L’utilisation de la stimulation vagale a été approuvée par la FDA en 1997 pour accompagner les soins prodigués aux personnes souffrant d’épilepsie pharmaco-résistante et de dépression, à partir de 12 ans. Cette thérapie donne de bons résultats et la recherche tente désormais de savoir si elle pourrait bénéficier à d’autres soucis de santé.
En effet, comme expliqué dans mon précédent article, le nerf vague a des propriétés anti-inflammatoires (↓ cytokines). Son activation permettrait de réduire la neuroinflammation qui entretient des troubles tels que la fibromyalgie, les migraines, polyarthrite rhumatoïde mais aussi les MICI, gastroparésie… In fine, toute maladie pouvant bénéficier de la neuromodulation, et il y en aurait beaucoup. Toutefois, il faut noter que les effets prennent du temps à survenir (de plusieurs mois, jusqu’à 2-3 ans) car la SNV est comme un entrainement sportif du nerf vague, qui deviendra plus tonique et efficace au fil du temps.
Les appareils de l’entreprise spécialisée Schwa-medico sont recommandés par les médecins. Actuellement en France il n’existe pas de remboursement pour un tel appareil. Il est toutefois recommandé d’apprendre à l’utiliser auprès de son médecin prescripteur pour connaitre la fréquence adaptée.
Également, le neurofeedback semblerait intéressant pour la dépression et l’anxiété. Des professionnels formés existent en France.
Méthodes de relaxation
Ça peut paraître cliché d’indiquer à une personne dépressive de se mettre à la méditation ou au yoga, et pourtant… Les effets sont bien là. Etant donné que la fonction vagale est directement reliée à notre réponse face au stress, un travail profond sur ces mêmes causes qui stressent l’individu permet assurément une atténuation des symptômes. En particulier, les thérapies centrées sur la respiration sont très pertinentes. Voici des outils recommandés :
Méditation
Yoga doux
Cohérence cardiaque
Respiration profonde, diaphragmatique
Sophrologie
Toutes les formes de stress mettent l’organisme sur le mode sympathique du système nerveux, un contexte plutôt pro-inflammatoire et non favorable à un intestin et microbiote en bonne santé (et nous avons vu l’importance de leur intégrité dans l’article précédent). Dans des conditions normales, un stress provoque l’activation du système nerveux sympathique et une cascade de réactions pro-inflammatoires. Ces éléments sont nécessaires à un instant T, mais ne devraient pas être chroniques car le système parasympathique ne peut plus reprendre sa place (charge allostatique).
Aussi, la pratique de l’hypnose et les thérapies cognitivo-comportementales peuvent donner de bons résultats, associées aux autres mesures.
La modulation du microbiote intestinal
Comment module-t-on en première intention le microbiote intestinal ?
Par l’alimentation ! Un levier super puissant et jamais abordé en consultation de psychiatrie.Voyons donc les possibilités.
Les acides gras essentiels
Les oméga 3 (EPA, DHA) et oméga 6 (acide arachidonique) sont des éléments très importants dans le maintien de l’intégrité et fonction du système nerveux et système immunitaire. En particulier, les AGPI oméga 3 agissent directement sur la neurotransmission et expression génétique. Le DHA affecterait également l’écosystème intestinal dans sa structure et fonctions.
Leur supplémentation aurait un effet positif sur la réduction des symptômes de ces maladies. Les dernières données suggèrent que les AGPI oméga 3 modulent la composition du microbiote intestinal et aident à la normaliser après avoir perturbé le stress environnemental.
Les acides gras à chaine courte (AGCC)
Actuellement, les AGCC sont considérés comme des médiateurs dans l'intestin et le cerveau en raison de leur rôle neuroactif, anti-inflammatoire et de leurs effets bénéfiques sur la santé du cerveau. Les fibres solubles, les protéines et les peptides, qui ne sont pas dégradés dans la partie supérieure de l'intestin par les enzymes digestives, sont métabolisés par le microbiote intestinal dans le caecum et le côlon. Leurs principaux produits sont les AGCC, notamment l'acétate, le propionate et le butyrate.Le butyrate est la principale source d'énergie des colonocytes et protège contre l'inflammation. L'acétate et le propionate peuvent aussi moduler l'inflammation ; ils augmentent également la production de certains peptides qui affectent la satiété et le transit intestinal.
Les AGCC régulent également la perméabilité de la BHE. Dans une étude préclinique, la colonisation de souris sans germes avec Clostridium tyrobutyricum (un producteur de butyrate) ou avec Bacteroides thetaiotaomicron (un producteur d'acétate et de propionate) a diminué la perméabilité de la BHE et a été associée à une expression accrue de la protéine occludine dans le cortex frontal et l'hypothalamus.Dans un modèle animal, l'administration intrapéritonéale et intraveineuse de butyrate de sodium a empêché la dégradation de la BHE et favorisé l'angiogenèse et la neurogenèse.
AGCC et métabolites du tryptophane
Précédemment, nous avons parlé de la neuroinflammation qui caractérise la plupart des maladies neuropsychiatriques. Elle résulte de l'activation des cellules microgliales et de la présence de leucocytes infiltrants périphériques dans le parenchyme du SNC.Lorsque les cellules microgliales sont en homéostasie, elles ne produisent pas de médiateurs pro-inflammatoires. Par conséquent, il n'y a pas de cellules immunitaires périphériques infiltrantes dans le cerveau et il n'y a pas de neuroinflammation. Les AGCC et les métabolites du tryptophane peuvent empêcher l'activation des astrocytes et des cellules microgliales en bloquant les facteurs de transcription pro-inflammatoires, ce qui conduit à l'homéostasie dans le cerveau.
Sport
La pratique d’une activité physique régulière offre de nombreux avantages pour la santé, et se révèle une bonne stratégie pour réguler les réponses physiologiques de l’organisme face au stress. Il a été démontré que le sport module la flore intestinale dans le bon sens. Lorsque l’on compare le microbiote d’athlètes professionnels à celui de personnes sédentaires, les sportifs présentent une flore plus riche en AGCC, AGCC qui sont augmentés au cours de l’exercice physique.
Pathologies neuropsychiatriques
Dépression et anxiété
Une revue parapluie (juillet 2022) a mis à mal l’hypothèse selon laquelle la dépression résulterait d'un déséquilibre de la sérotonine (faisant de fait voler en éclats l’utilisation des IRSS). Voici un extrait :
Notre examen complet des principaux volets de la recherche sur la sérotonine montre qu'il n'y a aucune preuve convaincante que la dépression soit associée ou causée par des concentrations ou une activité de sérotonine plus faibles. La plupart des études n'ont trouvé aucune preuve d'une réduction de l'activité de la sérotonine chez les personnes souffrant de dépression par rapport aux personnes sans dépression, et les méthodes visant à réduire la disponibilité de la sérotonine en utilisant la déplétion en tryptophane n'abaissent pas systématiquement l'humeur des volontaires. (…) Cette revue suggère que l'énorme effort de recherche basé sur l'hypothèse de la sérotonine n'a pas produit de preuves convaincantes d'une base biochimique à la dépression. Ceci est cohérent avec la recherche sur de nombreux autres marqueurs biologiques. Nous suggérons qu'il est temps de reconnaître que la théorie de la dépression fondée sur la sérotonine n'est pas étayée empiriquement.
Ceci explique bien pourquoi si peu de personnes atteintes de dépression chronique ne voient pas leur maladie résolue. Ils se sentent plutôt ensuqués mais ça ne règle pas le problème. Que peut-on faire ?
Deux probiotiques semblent se démarquer en tant que thérapie adjuvante contre la dépression :
Lactobacillus helveticus Rosell®-52
Bifidobacterium longum Rosell®-175
D’ailleurs, le laboratoire pionnier qui commercialise leur association, Lallemand, a déposé le brevet CEREBIOME®. Il s’agit du premier et unique psychobiotique approuvé par les autorités (au Brésil et Canada) dans le traitement de la dépression et anxiété. Dans une étude pilote récente de 2021, 10 participants dépressifs ont reçu ce psychobiotique (3x109 CFU) durant 8 semaines. Ils ont noté des « améliorations significatives des symptômes cliniques affectifs » dès la 4e semaine, effets qui se sont maintenus à la 8e semaine. Le sommeil était aussi meilleur et aucun effet secondaire n’a été relevé.
Maladie d’Alzheimer
Plusieurs études ont suggéré que les agents infectieux pourraient être des facteurs déclenchants dans l’étiopathogénie de la maladie d’Alzheimer (virus, bactéries, champignons, parasites).
Une étude randomisée en double aveugle de 2019 a présenté des résultats encourageants dans la prise en charge d’Alzheimer. Grâce à une supplémentation de probiotiques, B.longum et Lactobacillus spp, en association avec du sélénium durant 12 semaines, les personnes souffrant d’Alzheimer ont eu une amélioration de leurs fonctions cognitives et métaboliques, ainsi qu’une réduction du stress oxydatif et des anomalies métaboliques (glycémie et lipides sanguins) par rapport au groupe prenant uniquement du sélénium et groupe contrôle
TSA (trouble du spectre autistique)
Beaucoup d’enfants et adultes atteints du TSA présentent généralement des symptômes digestifs. Le lien étroit avec la sphère digestive est assez évident par la clinique. Plus l’autisme est sévère, plus les symptômes gastro-intestinaux le sont : diarrhée, constipation sont très courants et s’alternent généralement. Les enfants autistes présentent une flore plus pauvre en bactéries fermentatives comme Prevotella copri, ils produisent donc bien moins d’AGCC, et ont globalement une flore plus pauvre.
Chercheur clé dans ce domaine, le Dr James B. Adams a réalisé avec ses collègues en 2017 un essai clinique ouvert avec 18 enfants (7 à 16 ans), comparativement à 20 enfants neurotypiques non traités. L’étude a duré 18 semaines :
Administration d’un antibiotique (Vancomycine orale) durant 14 jours : pour éliminer les bactéries pathogènes
Administration d’un IPP (Prilosec) au 12e jour d’antibiothérapie : pour réduire l’acidité gastrique et augmenter les chances de survie du SHGM
Au jour 15 : MoviPrep + 1 jour de jeûne afin de laver les intestins d’éventuels résidus microbiens et de l’antibiotique
Jour 16 : administration d’une haute dose de SHGM (Standardized Human Gut Microbiota) 2,5x1012 par voie orale ou rectale en première phase
En seconde phase, une dose plus faible de 2,5x109 comme entretien les 8 dernières semaines
La transplantation fécale de sujets sains à permis de réduire chez les enfants atteints de TSA jusqu’à 80% de leurs symptômes gastro-intestinaux. Aussi, les symptômes comportementaux se sont améliorés et ont été conservés 8 semaines après le traitement. Fait prometteur : deux années après la TMF, la plupart des améliorations persistaient.
Les auteurs reconnaissent bien la problématique d’un essai ouvert et suggèrent d’approfondir cette piste avec des essais randomisés, en double aveugle et contrôlés par placebo, étant donné ces résultats encourageants.
Trouble bipolaire
Pour le trouble bipolaire, la recherche est plus compliquée, très certainement en raison de l’hétérogénéité des formes de bipolarité et de la complexité du microbiote associé. Toutefois, une revue systématique récente (2022) a conclu :
L'apport alimentaire ou la supplémentation en acides gras insaturés, principalement en oméga-3, semble être associé à une amélioration des symptômes du trouble bipolaire, ainsi qu'avec les fruits de mer, l'acide folique et le zinc. Des études ont révélé des effets variables, principalement non significatifs, de la supplémentation en créatine, carnitine, vitamine D, inositol ou NAC sur la bipolarité. Il existe des résultats prometteurs associés à la coenzyme Q10 (Coq10) et aux probiotiques. Pris ensemble, ces résultats préliminaires suggèrent que des approches diététiques pourraient être incluses dans le cadre de son traitement. Compte tenu également du risque élevé de troubles métaboliques chez les personnes atteintes de bipolarité, elles devraient être encouragées à choisir des modes de vie alimentaires sains, y compris la consommation quotidienne de fruits, de légumes, de fruits de mer et de grains entiers.
Pourquoi le CoQ10 semble si intéressant pour le trouble bipolaire ? Une hypothèse serait que la bipolarité résulterait d’un trouble du complexe PDH (pyruvate déshydrogénase) et donc, d’une altération du métabolisme énergétique. L’association d’une alimentation cétogène donne de bons résultats.
Maladie de Parkinson
En 2015, Scheperjans et son équipe ont analysé le microbiote de 72 patients atteints de la maladie de Parkinson comparativement à celui de 72 sujets sains. Leur analyse du microbiote fécal des malades de Parkinson a permis de mettre en évidence un fort lien entre la maladie et l’axe microbiote-intestin-cerveau. Les patients présentaient :
Une diminution des Prevotellaceae de 77,6 %
Une abondance des Enterobacteriaceae (corrélée à l’instabilité posturale et difficultés à marcher)
Les malades de Parkinson semblent souffrir d’une dysbiose intestinale importante qui altère leur système nerveux entièrement. Des taux sanguins réduits de LPB (lipoprotein binding protein) sont détectés alors que ceux de LPS sont élevés.
Dans un essai clinique contrôlé par placebo, des patients atteints de la maladie de Parkinson ont été traités avec des probiotiques (Lactobacillus acidophilus , B. bifidum , L. reuteri et Lactobacillus fermentum) et l'échelle d'évaluation unifiée de la maladie de Parkinson de la Movement Disorders Society a été administrée avant et après l'intervention. Par rapport au placebo, le traitement probiotique a diminué les scores de l'échelle d'évaluation de la maladie de Parkinson, réduit la protéine C-réactive ultra- sensible, diminué les dommages oxydatifs et augmenté la défense enzymatique.
Schizophrénie
Les personnes atteintes de schizophrénie présenteraient un microbiote altéré avec :
des niveaux inférieurs du phylum Proteobacteria, Haemophilus spp, Sutterella spp, Clostridium spp par rapport aux groupes témoins,
mais des niveaux plus élevés du genre Anaerococcus.
Dans un essai, les patients (60) ont reçu une co-supplémentation de vitamine D (50 000 UI toutes les deux semaines) et probiotiques (8 × 109 UFC/jour de Lactobacillus acidophilus, Bifidobacterium bifidum, Lactobacillus reuteri et Lactobacillus fermentum) durant 12 semaines, contre placebo, pour évaluer l’effet clinique sur la schizophrénie chronique, à la lumière du score PANSS. L’essai a révélé :
une amélioration significative du score PANSS (amélioration des symptômes)
une meilleure capacité antioxydante et diminution du malondialdéhyde (marqueur du stress oxydatif)
une diminution de la protéine-C-réactive ultra-sensible
Dans une autre étude pilote, les chercheurs ont travaillé sur le lien entre Candida et incidence de la schizophrénie. Cette étude a conclu :
que des niveaux élevés d’anticorps anti-candida sont abaissés par les probiotiques
que les probiotiques soulagent les inconforts digestifs dont souffrent souvent les schizophrènes
que la séropositivité à Candida albicans est associée à une aggravation des symptômes psychiatriques
Toutefois, ces effets concernés les sujets masculins. Pour eux, le traitement probiotique a permis de normaliser les niveaux d’anticorps anti-candida, les troubles digestifs, indiquant une direction positive prise par la flore commensale.
Conclusion
Quelle pourrait être ma conclusion finale pour clore ce grand article ?
Que la complexité des maladies neuropsychiatriques n’est pas aisée à dompter, il reste un sacré bout de chemin à effectuer. Toutefois, avec l’émergence de la recherche sur le microbiote (très récente dans l’histoire de la science), je pense que l’on tient quelque chose. Le fait est que notre flore intestinale semble avoir un impact sur à peu près tous nos différents systèmes, y compris notre expression génétique. Donc, une personne prédisposée/à risque d’une maladie neuropsychiatrique peut voir comme élément déclencheur sa dysbiose intestinale et syndrome de porosité intestinale.
Certains auteurs avancent dans leurs recherches que les maladies psychiatriques pourraient grandement bénéficier d’une prise en charge incluant un travail sur le nerf vague, associé à l’administration de probiotiques spécifiques, voire carrément d’une transplantation de microbiote fécal (les études sur l’autisme en sont un bon exemple).
Mais il est important d’envisager le problème dans sa globalité. Par exemple, le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) survient après un évènement traumatisant, qui laisse une trace profonde dans le cerveau de l’individu. Cet évènement « s’ancre » et modifie en profondeur le fonctionnement du cerveau et du système nerveux, constamment actionnés sur le mode du stress, du combat et de la fuite. Ce type d’impact a, à coup sûr, des répercussions sur la sphère digestive (communication bidirectionnelle, n’oublions pas). C’est pourquoi la prise en charge devrait à mon sens associer une psychothérapie adaptée, avec une intervention nutritionnelle et un travail « physique » avec le nerf vague (chiropracteur, kiné spécialisé, neurofeedback, acupuncture, thérapie de stimulation du NV…). Cette trithérapie permet d’assurer au patient une intervention globale et fonctionnelle de sa problématique.
Prendre en charge un trouble psychiatrique n’est jamais aussi simple que d’administrer un probiotique ou un complément alimentaire. La diète l’emporte toujours, nettement supérieure, car la modulation du microbiote est plus complète. Dans ma pratique, j’ai beaucoup utilisé l’alimentation cétogène pour prendre en charge nutritionnellement les patients souffrants de tels troubles. La plupart du temps, les symptômes digestifs étaient améliorés. Pour la cognition, c’était au cas par cas, il faut tester avec un suivi personnalisé !
Une chose est sûre, l’intestin est réellement notre deuxième cerveau 🦠
Sources :
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La réflexion et la recherche sur la cause de l’autisme ont toujours déchaîné les passions au sein de la communauté scientifique. Et il est bien normal de vouloir comprendre. Lorsqu’il s’agit du développement et du diagnostic des troubles du spectre autistique (TSA), que faudrait-il blâmer ? Génétique ? Vaccin ? Facteurs environnementaux ? Microbiote ? Nous aimons les réponses uniques, mais les choses ne sont jamais simples. La rencontre entre la génétique et l’environnement est le sujet au cœur de beaucoup de recherches pour la plupart des maladies chroniques. Pour l’autisme, la question de la vaccination a été longtemps houleuse (et continue de l’être). Pour ma part, je vous propose aujourd’hui d’explorer du côté des moisissures et mycotoxines.
Qu’est-ce que le trouble du spectre autistique ?
Le trouble du spectre autistique, également connu sous le nom de « TSA » ou simplement « autisme », fait référence à un ensemble de troubles neurodéveloppementaux. On parle de « spectre » car il existe un large éventail à la fois dans le type et la gravité des symptômes de l’autisme.
L'autisme est un trouble complexe et permanent dans lequel le cerveau fonctionne et interprète les informations de différentes manières. Cela peut entraîner des défis et des différences dans :
La compréhension des signaux sociaux et navigation au sein des interactions sociales
La régulation des émotions
La communication - les symptômes peuvent inclure des schémas d'élocution atypiques, des difficultés à tenir une conversation, une communication verbale limitée
La capacité d'attention et de concentration - difficulté à se concentrer et/ou hyper-concentration
Le traitement des informations et/ou apprendre de nouvelles informations
Les premiers signes d'autisme apparaissent généralement dans la petite enfance et se prolongent tout au long de la vie d'une personne. La cause exacte des troubles du spectre autistique a suscité des débats vifs, d'innombrables études et peut-être plus de questions que de réponses.
Quelles sont les pistes fiables à l’heure actuelle ?
Nous n'avons toujours pas de cause sous-jacente claire ou singulière de l'autisme. Au contraire, les chercheurs pensent que les troubles du spectre autistique sont affectés par de nombreux facteurs. Ces différents facteurs peuvent contribuer au développement et à la sévérité subséquente de cette affection. Ces facteurs sous-jacents potentiels comprennent :
Certains codes génétiques ou mutations
Dysfonctionnement du système immunitaire
Un microbiome et un tube digestif déséquilibrés
Complications pendant la grossesse ou complications à la naissance – comme les naissances prématurées ou les grossesses multiples (jumeaux, triplés, etc.)
Bien qu'il existe des preuves significatives reliant ces facteurs sous-jacents à l'autisme, il existe de plus en plus de preuves que certains facteurs environnementaux jouent également un rôle conséquent dans le développement de l'autisme, en particulier les mycotoxines.
Moisissures et mycotoxines
Que sont-elles ?
Les mycotoxines sont des métabolites toxiques (substances créées par une réaction métabolique chimique) produites naturellement par des champignons - une famille d'organismes qui englobe les champignons, les levures et les moisissures. Avec plus de 400 types connus de mycotoxines produites par une variété d'espèces fongiques différentes, il est impossible de les éviter. L'exposition aux mycotoxines peut se produire par :
Inhalation : De nombreuses maisons et bâtiments peuvent contenir des moisissures toxiques cachées dans les murs, libérant des spores toxiques qui polluent l'air intérieur et pénètrent dans les poumons.
Ingestion : grâce à la croissance de moisissures et de champignons sur les cultures, les mycotoxines sont devenues l'un des contaminants les plus courants dans nos aliments.
Contact physique : Un contact accidentel avec des champignons peut entraîner l'absorption de mycotoxines par la peau ou les muqueuses, comme par les yeux ou la bouche.
Alors, comment exactement l'exposition aux moisissures et autres champignons peut-elle déclencher le développement d'un trouble développemental et neurologique complexe comme l'autisme ?
Mécanismes d’action supposés chez le sujet prédisposé
Plus de temps et de recherche sont nécessaires pour vraiment comprendre l'interaction entre l'exposition aux moisissures et aux mycotoxines et le développement de l'autisme. Mais il existe des preuves indéniables démontrant un lien clair et direct entre les deux. La manière exacte dont les mycotoxines peuvent contribuer au développement et à la gravité des symptômes de l'autisme peut être décomposée en quelques voies distinctes.
Perturbation de l'axe intestin-cerveau
Votre axe intestin-cerveau est la voie de communication bidirectionnelle entre votre tube digestif et votre système neurologique. Une perturbation de cette voie de communication complexe peut déclencher des altérations importantes des fonctions neurologiques et psychologiques.
Les mycotoxines sont connues pour perturber l'axe intestin-cerveau en :
Compromettant l'épithélium intestinal - conduisant à une porosité intestinale accrue. Les cellules qui tapissent nos intestins développent de plus grands "espaces" entre elles. Cela permet aux agents pathogènes, aux déchets et aux autres toxines, censés rester dans la lumière intestinale, de passer dans la circulation sanguine.
Changeant l'équilibre et la diversité de la flore intestinale - le délicat écosystème de micro-organismes qui résident dans l’intestin.
Ce combo entrave non seulement la communication de l’axe intestin-cerveau, mais fait également monter en flèche l'inflammation.
Promotion des voies inflammatoires
Les mycotoxines stimulent la libération de cytokines pro-inflammatoires et de cellules immunitaires. Plus précisément, les mycotoxines sont connues pour activer les mastocytes et la microglie.
Les mastocytes sont un type de globules blancs qui jouent un rôle important dans la signalisation de la réponse inflammatoire. Ils alertent le corps d'une menace perçue et déclenchent la cascade de réactions chimiques qui favorise l'inflammation (histamine en particulier).
Les microglies sont des cellules immunitaires spécialisées présentes dans notre système nerveux. Ces cellules sont conçues pour neutraliser et engloutir tous les neurones infectés ou endommagés (cellules du cerveau).
Un afflux de mastocytes et de microglie peut entraîner ce que l'on appelle un élagage synaptique anormal. L'élagage synaptique est l'élimination des neurones et des connexions entre les neurones (connexions synaptiques) qui permettent aux cellules cérébrales de communiquer entre elles.
Un pic d'élagage synaptique inapproprié peut entraîner un dysfonctionnement important de la connectivité neuronale et de la fonction cérébrale. Ce processus a été identifié dans de nombreux troubles neuropsychiatriques.
Élévation des oxalates
Les oxalates, ou acides oxaliques, sont des composés naturels que nous rencontrons régulièrement dans les aliments que nous consommons. Chez la plupart des gens, les oxalates ne posent pas de problème.
Mais si les oxalates s'accumulent dans le corps, ils peuvent former des cristaux dans différents systèmes d'organes, y compris le système nerveux. Un excès d'oxalates peut également altérer d'importantes voies métaboliques et entraver l'absorption des nutriments. Cela augmente ensuite l'inflammation et le stress oxydatif (dommages aux cellules).
Des études ont montré que les enfants autistes ont une multiplication par trois des niveaux d'oxalates par rapport aux enfants non autistes. Et devinez quel est l'un des principaux sous-produits de nombreuses espèces de moisissures fongiques et toxiques ? Oui ! Les oxalates.
L'expression du gène
Il a été démontré que les mycotoxines dérèglent les microARN. L'ARN, ou acide ribonucléique, est une classe de molécules qui servent de messagers. Ces molécules d'ARN messager prennent les instructions encodées dans nos gènes et créent des protéines qui indiquent à nos cellules quoi faire. Les microARN sont des fragments qui se lient à cet ARN messager et le suppriment, empêchant essentiellement l'expression de certains codes génétiques.
L'exposition aux mycotoxines peut déréguler les microARN et par la suite avoir un impact sur l'expression de certains gènes liés à l'autisme.
Conclusion
Pourrait-on guérir l’autisme simplement en administrant des antifongiques ?
La réponse est - c'est compliqué ! Il existe des preuves claires que l'exposition aux mycotoxines peut jouer un rôle important dans le développement des TSA. Mais cela signifie-t-il que l'élimination des mycotoxines peut essentiellement guérir ou inverser l'autisme ? Pas exactement.
Une étude du Dr Baker M.D et Dr Shaw PhD a rapporté la guérison rapide d'un patient atteint d'autisme grâce à l'administration d'un antifongique à large spectre : le Sporanox (Itraconazole). Un champignon de la famille des Aspergillus avait été identifié. Cependant, ce résultat est à prendre avec des pincettes car chaque cas d'autisme semble bien différent.
Toutefois, il est certain que la lutte contre les expositions environnementales et la désintoxication des mycotoxines peuvent avoir un impact énorme sur la gravité des symptômes de l'autisme. Nous ne sommes peut-être pas encore en mesure de guérir ou de prévenir les troubles du spectre autistique, mais le rôle que jouent les mycotoxines ne doit pas être négligé.
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En 2002 est publié le livre Adrenal fatigue : the 21st century stress syndrome. Son auteur, James L. Wilson, introduit la notion de fatigue des glandes surrénales dans la communauté des médecines alternatives. Selon Wilson, une panoplie de signes et symptômes peuvent être attribués à un syndrome d’épuisement des glandes surrénales, induisant une difficulté de ces dernières à produire suffisamment de cortisol pour faire face à un trop grand stress. L’idée est que, suite à une exposition chronique et importante de stress, nos glandes surrénales produiraient d’importantes quantités de cortisol. Finalement, elles finiraient par être épuisées et ne plus en produire assez, faisant le nid des divers symptômes de la fatigue chronique ou du burn-out. Bien que ces symptômes soient réels et que les examens médicaux puissent révéler des anomalies hormonales, nous allons voir que les conclusions de la recherche présentent d’autres explications quant aux origines du syndrome.
La théorie de la fatigue des surrénales
Le syndrome
Précisons d’abord qu’il existe des maladies propres aux glandes surrénales et reconnues par les sociétés savantes d’endocrinologie telles que :
La Maladie d'Addison : glandes surrénales hypoactives en raison d’une auto-immunité, tumeur, infection ou autre maladie identifiée. La production hormonale totale est altérée, notamment le cortisol et l’aldostérone.
Ces affections altèrent la production d’hormones surrénales, en particulier de cortisol. La théorie de la fatigue surrénale concerne un autre phénomène : celui d’une hyperactivité puis hypoactivité des glandes surrénales, consécutives à un stress intense répété. Les glandes se détérioreraient et cela induirait :
« Fatigue, insomnie, dépression, anxiété, perte de libido, pauvre tolérance au stress, mauvais sommeil, apathie, fringales de sucre et de sel, infections répétées, maux de tête, difficulté à cicatriser, cycles menstruels irréguliers, diarrhée, constipation, perte de cheveux, palpitations, extrémités froides, difficulté de thermorégulation, hypoglycémie, difficulté à effectuer les taches journalières, manque d’énergie, intolérances alimentaires, allergies etc »
James Wilson écrit : « La fatigue surrénale regroupe un ensemble de signes et symptômes (un syndrome) qui se produisent lorsque les glandes surrénales fonctionnent en-deçà du niveau nécessaire. La fatigue surrénalienne se produit quand les glandes surrénales ne parviennent plus à assurer la demande face au stress ».
Adrenal fatigue : the 21st century stress syndrome
Le vol de prégnénolone
Bien souvent, la sphère de la médecine fonctionnelle appuie cette théorie avec le « vol de prégnénolone » (pregnenolone steal). Cette hypothèse du « vol de prégnénolone » avance l’idée que le corps dispose d’une hiérarchie de production hormonale bien précise et que les hormones « en bas de la chaîne » ne pourraient pas être produites si tout le métabolisme est mobilisé pour la synthèse de cortisol. Cela conduirait éventuellement à des carences multiples en hormones stéroïdiennes comme la testostérone, les œstrogènes ou la DHEA.
Comme on peut l’observer sur ce schéma, la prégnénolone représente un carrefour métabolique qui peut devenir soit cortisol soit DHEA, ce qui permettrait d’expliquer la baisse de la DHEA concomitante à la hausse du cortisol souvent observées lors des études ou en consultation. Cette théorie date de plusieurs années mais est encore utilisée en médecine fonctionnelle. Généralement, la personne est supplémentée en prégnénolone et/ou DHEA, et autres éléments comme des nutriments. Mais bien souvent, les patients ont peu d’amélioration de leur syndrome malgré des taux qui remontent dans les analyses.
Cette synthèse est gouvernée par de multiples régulateurs qui se trouvent en dehors des glandes surrénales. Cela n’a rien à voir avec un pool en prégnénolone, et d’ailleurs, il n’existe pas qu’un seul pool de prégnénolone. Plusieurs cellules surrénaliennes sont capables de synthétiser différentes hormones stéroïdiennes. En fait, la recherche montre que les surrénales suivent très bien la cadence de production face au stress et ont la capacité de s’adapter anatomiquement à la charge de travail en augmentant leur taille. L’activité enzymatique de synthèse de la DHEA est régulée à la baisse lorsque l’ACTH est présente en grandes quantités (stress) pour donner la priorité au cortisol, mais cela est régi par le cerveau, pas des surrénales épuisées.
Alors, comment expliquer que le test salivaire du cortisol et autres hormones d’une personne présentant ces symptômes révèlent des taux hormonaux faibles voire effondrés ?
L’épuisement des surrénales est-il démontré par la science ?
Une revue systématique de 2016 s’est penchée sur la question en analysant les méthodologies d’analyses utilisées pour étudier l’appréciation d’une éventuelle fatigue surrénale :
Le Cortisol Awakening Response (CAR) : pour évaluer l’axe HHS. Cette méthode est fondée sur le fait que les niveaux de cortisol augmentent en moyenne de 50 % dans les 30 min après le réveil. C’est une réponse physiologique pour être alerte. Si le CAR est émoussé, il donnera des symptômes de fatigue. Le cortisol est prélevé au réveil et 30 min après, et la différence entre les deux est analysée (delta cortisol).
Une autre méthode qui est devenue de plus en plus utilisée pour évaluer l’épuisement/burnout/fatigue est le Salivary Cortisol Rhythm (SCR). Cette mesure évalue les changements des niveaux de cortisol entre le matin, l’après-midi et la soirée. Dans 61,5 % des études l’ayant utilisé, ce marqueur ne parvenait pas à montrer une différence entre le groupe de personnes fatiguées chroniques et le groupe témoin.
The Direct Awakening Cortisol (DAC) : collecté à l’exact moment du réveil. Ce marqueur donne davantage d’indications sur la qualité du sommeil que sur le syndrome de fatigue chronique.
Le test de suppression à la dexaméthasone
L’ACTH : des niveaux élevés arrivent tôt en cas d’insuffisance surrénalienne primaire, alors que des niveaux normaux en présence d’un cortisol faible sont trouvés dans l’insuffisance surrénalienne secondaire, donc, des situations pathologiques reconnues.
Il a été constaté que, malgré le nombre important d’études disponibles sur le sujet, chacune avait utilisé diverses méthodes d’analyse. Il existe donc une grande hétérogénéité dans l’appréciation de la fonctionnalité surrénalienne. Cela indique qu’il existe encore clairement des divergences au sein même de la communauté scientifique concernant la façon d’appréhender les symptômes de fatigue chronique.
Finalement, ces études évaluaient les valeurs hormonales mais aucun biomarqueur spécifique n’a jamais été identifié. Il n’existe aucune preuve scientifique d’une altération anatomique des glandes surrénales qui pourrait expliquer ce faible cortisol observé chez des individus chroniquement stressés. Le problème viendrait-il d’ailleurs ?
Troubles du cortisol : mécanisme de protection ?
Le syndrome de fatigue chronique existe. Nous ne pouvons pas nier que des personnes souffrent et présentent des symptômes très similaires. En revanche, les mécanismes biologiques ont été mal compris. Nous disposons désormais de pistes plus précises.
Les effets du stress sur le cerveau
Le cortisol est une hormone catabolique. Elle mobilise les réserves énergétiques, notamment nos tissus maigres, pour faire face à la menace et ainsi préserver notre survie. Le cerveau est tout particulièrement sensible à son action. Pour contrer ce phénomène, nous disposons de la DHEA, une autre hormone surrénalienne qui aura des effets neuroprotecteurs. Normalement, chez un sujet sain, la sécrétion du ratio cortisol/DHEA est gérée par notre rythme circadien et dans des proportions saines pour maintenir l’homéostasie. Cependant, on observe souvent chez le sujet stressé à un stade avancé que ce ratio est déséquilibré, avec une DHEA très basse. C’est cette observation qui a donné lieu à l’hypothèse du vol de prégnénolone puisque le cortisol serait synthétisé en priorité, au détriment de la DHEA.
Notre cerveau nous permet de déterminer quelles sont les menaces pour nous-même selon les informations qu’il perçoit. Cela peut être très variable d’une personne à l’autre et hautement façonné par nos propres expériences personnelles. L’initiation de la réponse adaptative au stress prend racine à partir de l’hypothalamus et glande pituitaire, système qui gouverne les surrénales.
Après un facteur de stress, le corps doit rééquilibrer les choses puisqu’il a subi un « coût métabolique ». Si ce facteur de stress (ou plusieurs) est répété, on parle de charge allostatique. La charge allostatique est comme un compte en banque sur lequel on retire de l’argent sans réapprovisionner le compte. Ce phénomène s’accumule car le stress est constant et que le corps ne bénéficie plus de répit pour se rééquilibrer face à son environnement. Ainsi, par mécanisme d’adaptation, le cerveau diminuerait la production de cortisol via l’axe HHS afin de se protéger de ses effets cataboliques.
L’inflammation
Le cortisol est un puissant anti-inflammatoire puisqu’il est immunosuppresseur. Son rôle est absolument vital dans la modulation de l’immunité face au stress ponctuel. Cependant, un stress chronique provoque une immunosuppression elle aussi chronique. Les cytokines pro-inflammatoires telles que les interleukines 1, 6 et TNF-alpha agissent directement sur l’hypothalamus pour augmenter la production de cortisol. De façon répétée, cela va diminuer la charge allostatique dont nous avons parlé. N’oublions pas que le stress n’est pas forcément l’apanage du mental. De nombreuses choses peuvent perturber l’homéostasie (infection chronique, dysbiose, auto-immunité, métaux lourds…). La détection chronique d’un pathogène ou toxines va induire une stimulation répétée de l’axe HHS pour contrôler l’inflammation.
L’inflammation du tissu adipeux est un cas très intéressant. Le tissu adipeux est capable de générer ses propres cytokines pro-inflammatoires. L’enzyme 11 B-HSD régule la conversion de cortisone (forme inactive) en cortisol (forme active). Lorsque les analyses révèlent une baisse significative du cortisol, c’est en fait parce que le corps le convertit en cortisone par mécanisme de protection afin d’éviter les désagréments d’un hypercorticisme chronique. L’excès de tissu adipeux, notamment celui viscéral, peut aussi réactiver le cortisol, indépendamment des glandes surrénales. Mais ce cortisol produit par le tissu adipeux n’entre pas dans le rétrocontrôle négatif de l’axe HHS, il n’y a donc aucun contrôle dessus.
Le foie possède également cette enzyme pour faire la conversion, et s’il est inflammé, il peut également effectuer cette conversion réversible. Cette conversion extra-surrénalienne peut alors expliquer les taux de cortisol mesurés dans les analyses salivaires, sanguines et urinaires.
Une perturbation du rythme circadien
Nous pouvons également fabriquer trop de cortisol à des moments inadéquats. La perturbation du rythme circadien joue un très grand rôle dans les déséquilibres hormonaux. Typiquement, le tandem cortisol/mélatonine est perturbé. La perte d’un rythme normal du cycle jour/nuit perturbe nos gènes régulateurs de notre horloge biologique. Les personnes au sommeil perturbé ont plus de chance de développer des troubles de la glycémie, du poids et maladies cardiovasculaires. Normalement, le cortisol est au plus bas en soirée afin de favoriser la hausse de la mélatonine pour préparer l’endormissement. Une mauvaise hygiène de vie, le stress, une alimentation inadaptée, un travail posté peuvent tous provoquer des taux anormaux de cortisol en fin de journée et empêcher la mélatonine d’être sécrétée suffisamment.
Une mauvaise nuit pourra aussi affaiblir la sécrétion biologique de cortisol qui est censée se produire en fin de nuit et au réveil. On expérimente alors une fatigue dès le lever, non pas parce que les glandes surrénales ne savent plus travailler, mais par altération de notre horloge biologique interne.
Un déséquilibre glycémique
Etant donné le rôle hyperglycémiant du cortisol, l’apparition d’hypoglycémies réactionnelles en période de stress est logique. Ce schéma, répété continuellement si rien n’est entrepris, mobilise énormément notre masse maigre (catabolisme) et favorise notre masse grasse. On observe logiquement une hausse de l’appétence pour le sucre en situation de stress. Eventuellement, une résistance à l’insuline peut s’installer, parfois jusqu’au diabète de type 2. Il est ainsi capital de gérer son stress, mais également d’organiser son alimentation de sorte que les repas et leur composition en macronutriments permettent une meilleure gestion de la glycémie.
Conclusion
Finalement, aucune étude ne supporte la théorie selon laquelle les glandes surrénales atteindraient un point d’épuisement tel que la production de cortisol serait altérée. En réalité, les tissus périphériques semblent impliqués dans sa conversion en forme inactive (cortisone) par mécanisme de protection face au stress. Il ne fait nul doute que le syndrome de fatigue chronique, le burn-in et burn-out sont des états avérés cliniquement, mais il convient de comprendre réellement d’où vient le problème pour mieux l’appréhender : une dysfonction de l’axe HHS induisant un hypocortisolisme, mais non une insuffisance surrénalienne. La prise de glandes surrénales animales ou plantes adaptogènes peut seconder un certain temps, mais traiter la cause du déséquilibre demeure la priorité. Rappelons que l’insuffisance surrénalienne (primaire ou secondaire) n’est pas concernée par ces conclusions et nécessite un traitement médical.
Un programme sur la "fatigue surrénale" !
Ayant expérimenté moi-même ce déséquilibre du cortisol, je suis en mesure de comprendre parfaitement ce par quoi vous passez si cela vous concerne. La méthode que j'ai utilisée pour m'en sortir est condensée dans mon programme Vaincre POUR DE BON la fatigue surrénale, disponible ici !
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Quand j’ai commencé mon activité, je faisais partie des thérapeutes ultra convaincus que le seul et unique moyen de venir à bout d’une candidose digestive consistait à affamer le champignon (candida albicans) en supprimant totalement de l’alimentation les sucres. Avec l’expérience acquise depuis de nombreuses années, j’affirme désormais qu’il s’agit d’une stratégie contreproductive et délétère. Je vous explique dans cet article pourquoi.
La candidose digestive : que se passe-t-il vraiment ?
Clarifions déjà ce qu’est réellement une candidose digestive. Il s’agit d’une infection fongique de l’intestin. Le candida albicans (bien qu’il existe d’autres souches, celui-ci est le coupable la majeure partie du temps) fait partie intégrante de notre flore commensale. Le candida albicans est une levure qui est naturellement présente dans notre microbiote intestinal et qui est absolument inoffensive. Notre microbiote intestinal est majoritairement constitué de bactéries mais comporte aussi des levures et des virus qui ont des intérêts pour notre santé, lorsque tout est équilibré.
Les causes possibles de la candidose
Le problème se pose lorsque la forme levure du candida albicans se transforme en sa forme hyphale – autrement dit – qu’il devient un champignon. Qu’est-ce qui peut pousser le candida à changer de forme ? :
Déséquilibres hormonaux : un climat hormonal défavorable, comme trop d’œstrogènes relativement à la progestérone, ou une hypothyroïdie, sont des facteurs propices au déclenchement d’une candidose. En particulier, les œstrogènes ont la capacité de modifier le système immunitaire et diminuer les cellules immunitaires qui maintiennent à des niveaux sains le candida.
Métaux lourds : des éléments tels que le mercure, le plomb, l’arsenic arrivent régulièrement dans notre intestin en raison de leur présence dans certains aliments, par inhalation et à cause du tabagisme. Par mécanisme de protection, le candida albicans peut proliférer pour absorber ses métaux lourds, et ainsi protéger son hôte (vous).
Maladie de Lyme et ses coinfections : il est très courant de développer une candidose lorsqu’on souffre de la maladie de Lyme. En effet, Lyme provoque une forte dysbiose intestinale et crée un terrain propice au développement de la levure en sa forme champignon. Lyme supprime également le système immunitaire, laissant l’espace possible à d’autres infections de s’installer.
Exposition aux mycotoxines : une intoxication aux mycotoxines suite à une exposition à des moisissures peut provoquer une candidose. D’une part, les mycotoxines suppriment le système immunitaire pour pouvoir aisément coloniser l’organisme, et d’autre part, le candida albicans est favorisé dans sa prolifération par phénomène d’écho fongique.
Alimentation déséquilibrée : la nutrition est bien évidemment très importante et facteur de risque si elle est déséquilibrée. Par déséquilibre est entendu des ratios entre protéines, lipides et glucides insatisfaisants, mais aussi la consommation de junk food trop importante. Aussi, une alimentation simplement trop importante, qui dépasse les capacités digestives, pourra provoquer une candidose éventuellement.
Trop de stress chronique : je ne le répèterais jamais assez, mais le stress a des répercussions phénoménales sur le corps. L’une des conséquences peut être de déclencher une candidose. Le cortisol, sécrété au cours du stress, a un effet immunosuppresseur. Cette hormone modifie aussi la composition du microbiote intestinal, dans le mauvais sens lorsque le stress est chronique, et favorise également l’hyperperméabilité intestinale. Un superbe combo pour une candidose difficile à éradiquer !
Prise de médicaments : de nombreux médicaments sont réputés pour favoriser la prolifération du candida albicans et sa transformation en champignon. Parmi eux : la pilule contraceptive, les antibiotiques, les antidépresseurs et les anxiolytiques, les anti-inflammatoires (stéroïdiens et non stéroïdiens). Aussi des traitements tels que la FIV peuvent provoquer une candidose, en raison de la modification profonde du profil hormonal.
Les symptômes classiques d’une candidose
Mais par expérience, la candidose peut ne pas se manifester de façon classique chez certaines personnes, le tableau clinique peut être plus « insidieux ». C’est la raison pour laquelle je pense qu’il est important de se faire accompagner par un professionnel dès lors que vous souffrez de symptômes chroniques que vous ne parvenez pas à expliquer ou régler.
Le professionnel connaissant bien la candidose maîtrise à la fois la symptomatologie, saura vous poser les bonnes questions et éventuellement vous faire réaliser certains questionnaires et tests.
Une fois que la candidose est établie, que faut-il faire ? que faut-il éviter ?
Affamer la candidose avec le régime cétogène : une erreur qui coûte cher !
Comme je le disais au début, ma compréhension de la candidose a beaucoup évolué au fil des années. Au départ, je pensais que la solution était simple : affamer le champignon en supprimant de l’alimentation tous les sucres. Cela revenait à faire faire une alimentation cétogène à mes patients. Cette « solution » fonctionnait toujours très rapidement, ce qui était encourageant : perte de poids, amélioration des symptômes digestifs, disparition de la fatigue et du brouillard mental etc.
Tous les symptômes s’amélioraient ou disparaissaient. Un bon point, mais se passe-t-il ensuite ?
Chez certaines personnes, cette stratégie peut provoquer un fort effet rebond. Je m’explique.
Au bout de plusieurs mois, les symptômes de la candidose peuvent revenir, et plus virulents et tenaces. Une alimentation sans aucun glucide peut sceller une candidose en la rendant encore plus agressive et invasive. Pourquoi ?
Nous ne sommes pas tous identiques au niveau de notre microbiote intestinal et nos intolérances alimentaires. Une alimentation cétogène va modifier le profil microbiologique de la flore intestinale. Effectivement, pour certaines pathologies cela sera salutaire, mais dans le cadre d’une candidose, un problème digestif fonctionnel pour lequel nous avons besoin de la flore résidente pour nous « battre », ça se révèle contre-productif.
L’alimentation cétogène, en diminuant les symptômes, va tout simplement les camoufler mais ne résout pas la cause de la candidose. Encore une fois, chercher à identifier l’origine du problème est la seule façon valable de s’en débarrasser durablement.
Attention toutefois ! Je ne dis en aucun cas qu’il est encouragé d’exagérer sa consommation de glucides, ce n’est pas souhaitable non plus. Il faut un contrôle dessus, mais le juste milieu et surtout, adapté à la personne.
Naturopathe spécialiste de la candidose
Du coup, faut-il faire ?
Une candidose doit être abordée sous tous les angles pour que le protocole soit efficace :
Identifier la ou les causes ayant conduit à la candidose digestive, pour traiter le problème à la racine.
Personnaliser l’approche alimentaire et les compléments alimentaires à l’individu (je déconseille fortement de suivre les programmes types qu’on trouve sur internet…).
S’armer de patience ! → une candidose peut prendre du temps à être éradiquée, surtout si elle est ancienne ou très prononcée. Il faut avancer au rythme des capacités de votre corps, et non l’inverse.
En tant que naturopathe fonctionnelle et nutrithérapeute, j’aborde toujours le problème de façon globale. L’alimentation seule ne fera pas le travail, les compléments alimentaires seuls ne feront pas le travail, c’est systématiquement la synergie de tous les outils combinés qui produira des résultats pour vous sortir durablement de là.
Pour élaborer un plan d’attaque efficace contre la candidose, il faut d’après mon expérience :
Une alimentation qui soutient et renforce la flore intestinale, travaille à maintenir l’intégrité de la barrière intestinale, stabilise votre glycémie et vous apporte une haute densité nutritionnelle pour subvenir aux besoins augmentés du système immunitaire.
Des compléments alimentaires réunis dans un protocole cohérent : agents antifongiques, agents antibiofilms, nutraceutiques pour reconstruire l’épithélium intestinal et sa muqueuse. Dans certains cas, il sera nécessaire d’ajouter des éléments qui soutiennent la détoxification et les fonctions digestives.
Un panel d’outils pour la gestion du stress, du système nerveux, l’optimisation du sommeil et du rythme circadien, le soutien des organes émonctoires.
Et encore une fois, de la patience…
Si vous souffrez d’une candidose dont vous ne parvenez pas à vous débarrasser, que vous avez tenté le régime cétogène et que vous comprenez maintenant mieux pourquoi cela n’a pas fonctionné, sachez qu’il n’est pas impossible de la surmonter. En revanche, il vous faut les bons outils, bien paramétrés, et une stratégie. Prendre quelques antifongiques avec un régime cétogène n’est pas une mesure suffisante puisqu’elle n’aborde qu’une partie du problème : les symptômes. En tant que naturopathe fonctionnelle, je peux vous dire que le problème est toujours bien plus large que ça 😉
« Intestin qui fuit », « leaky gut syndrome », « intestin poreux », « porosité intestinale » …
Tous ces termes ramènent à la même idée, celle que votre intestin est lésé, inflammé, certainement dysbiotique, et qu’il est temps de passer à l’offensive pour lui rendre sa pleine fonctionnalité. Avoir un intestin hyperperméable, ce n’est pas seulement avoir des troubles digestifs (d’ailleurs, ils sont parfois absents malgré l’hyperperméabilité). Non, l’hyperperméabilité intestinale se matérialise sous différentes formes en fonction des personnes, et provoque divers troubles. C’est pourquoi, dans ma pratique, je suis presque systématiquement amenée à traiter l’hyperperméabilité intestinale chez mes patients : parce qu’elle est impliquée dans beaucoup de dysfonctionnements et maladies.
C’est quoi l’hyperperméabilité intestinale au juste ?
Définition de l’hyperperméabilité intestinale
Notre intestin est comme un grand tuyau. Il est fait d’une couche épithéliale (épithélium intestinal) dont la fonction est l’absorption des nutriments consommés grâce aux entérocytes (cellules intestinales chargées d’absorber les nutriments). Etant donné que cette couche épithéliale intestinale est fragile, les entérocytes sont accrochés entre eux par ce que l’on nomme des jonctions serrées (comme des sortes d’agrafes qui maintiennent les cellules accrochées entre elles pour maintenir l’intégrité de la paroi).
Par-dessus les entérocytes, on peut voir qu’il y a une couche (en vert) : c’est la muqueuse intestinale. Et enfin, par-dessus la muqueuse se situe le microbiote intestinal, baignant dans la lumière intestinale. C’est donc un véritable écosystème car l’intestin est le lieu de rencontre entre le monde extérieur (lumière intestinale, microbiote) et notre monde intérieur.
Si l’on zoome de plus près, on voit les entérocytes. Comme je le disais précédemment, les entérocytes sont maintenus collés entre eux par des jonctions serrées (non schématisées ici). La jonction entre deux entérocytes est appelée voie paracellulaire et est capable de sélectivement laisser passer des éléments de faible poids moléculaire. D’un autre côté, la voie transcellulaire permet aussi l’absorption des nutriments à travers l’entérocyte.
Dans le cas d’une hyperperméabilité intestinale, ces deux voies peuvent être défaillantes. Si la voie paracellulaire est défaillante, elle peut laisser passer des éléments trop gros, qui normalement devraient rester dans la lumière intestinale. Si la voie transcellulaire est défaillante, on peut observer des carences nutritionnelles en raison d’une incapacité cellulaire à absorber les nutriments. Et bien souvent, on observe une défaillance pour les deux voies.
Il me tient à cœur de clarifier une chose en priorité : l’intestin est par nature poreux, entendez par-là qu’une certaine porosité est nécessaire pour sélectionner quels éléments peuvent passer l’épithélium intestinal, et quels éléments ne le doivent pas.
La perméabilité intestinale est normale, mais l’hyperperméabilité ne l’est pas.
La fonction première de notre intestin est d’absorber les nutriments que nous mangeons pour que nous soyons nourris. L’intestin abrite aussi la majeure partie de notre système immunitaire, et ce n’est pas un hasard puisqu’il doit faire en sorte de refuser l’entrée aux éléments indésirables qui arriveraient avec les nutriments que l’on mange. C’est aussi l’endroit où réside notre plus grande flore : le microbiote intestinal, qui a une très intime relation avec notre système immunitaire.
Autrement dit, si quelque chose cloche au niveau de l’intestin, le système immunitaire peut en pâtir, et notre système immunitaire est une pièce du puzzle de toute pathologie, d’où l’énorme lien entre la santé intestinale et la santé globale.
Les causes d’une hyperperméabilité intestinale
Maintenant, parlons des éléments capables de perturber ce délicat écosystème, et ils sont nombreux !
Aliments industriels, additifs : ils génèrent inflammation et stress oxydatif au niveau de la barrière intestinale.
Métaux lourds : ils modifient la flore intestinale en réduisant les populations bactériennes bénéfiques et ils altèrent la fonctionnalité de la paroi intestinale.
Infections intestinales : les envahisseurs fongiques comme le candida, des parasites, certains virus comme les entérovirus ou le covid, et les bactéries peuvent tous venir fragiliser l’intestin. Il est par exemple classique de développer des troubles digestifs chroniques à la suite d’une intoxication alimentaire.
Les pesticides : de véritables tueurs de flore intestinale, au même titre que ce sont des tueurs de la flore environnementale.
Les polluants : toute la pollution que l’on inhale, les microplastiques de l’on ingère et autres polluants atterrissent possiblement au niveau de l’épithélium intestinal (entre autres) et perturbent l’équilibre intestinal.
Stress chronique : un cortisol chroniquement trop élevé est catabolique. Il altère l’intégrité de la barrière intestinale et modifie la composition et fonctionnalité du microbiote intestinal.
Mauvais sommeil – dérèglement du rythme circadien : l’intestin étant la plus grande horloge périphérique de notre système circadien, son dérèglement sera propice à la modification de sa bonne fonctionnalité.
Autrement dit, il est difficile (si ce n’est impossible) d’échapper à tous ces facteurs de risque dans notre quotidien, ce qui implique que la plupart d’entre nous souffre forcément d’un certain degré d’hyperperméabilité intestinale, souvent sans le savoir. Quels peuvent être les signes d’une hyperperméabilité intestinale ?
Les conséquences d’un intestin hyperperméable
Les conséquences de l’hyperperméabilité intestinale sont nombreuses et variables d’une personne à l’autre, en fonction des prédispositions de chacun. Toutes les choses que je vais citer dans cette partie peuvent être améliorées (si ce n'est pour certaines carrément renversées) par la prise en charge de l’hyperperméabilité intestinale.
Dysfonctionnements du système immunitaire
Étant donné que la majorité de notre système immunitaire se situe au niveau de l’intestin, il n’est pas étonnant que la conséquence la plus commune de l’hyperperméabilité intestinale soit un dysfonctionnement immunitaire. Dans ce cadre, plusieurs choses peuvent s’observer, à commencer par les maladies auto-immunes. Un grand classique dans ma pratique est la thyroïdite d’Hashimoto. Je fais systématiquement réaliser mon programme de restauration de l’intégrité intestinale à mes patients qui souffrent de Hashimoto. Bien entendu, cela s’applique à d’autres maladies auto-immunes comme Basedow ou le Lupus par exemple.
Outre les maladies auto-immunes, on observe aussi bien souvent des allergies saisonnières (aussi appelés rhinite allergique ou rhume des foins), des sinusites chroniques, de l’asthme, un SAMA (syndrome d’activation mastocytaire) et globalement une inflammation chronique systémique.
Altération de la santé mentale
Autre grand classique d’une hyperperméabilité intestinale : l’altération de la santé mentale, en raison d’une très intime relation – l’axe intestin-cerveau. L’anxiété est le symptôme que je vois le plus passer en matière de conséquence psychique. Pour d’autres personnes, cela peut aller plus loin avec une dépression chronique.
De façon générale, toute perturbation de l’intestin peut entrainer des symptômes tels que le manque de motivation, la fatigue chronique, une humeur qui varie sans raison ou un sentiment de mal-être général. L’hyperperméabilité intestinale laisse passer des molécules inflammatoires telles que les LPS (lipopolysaccharides). A leur tour, elles peuvent atteindre la barrière hémato-encéphalique et générer une neuroinflammation.
Troubles métaboliques
La flore intestinale ainsi que notre système immunitaire ont des effets sur notre métabolisme, comme la gestion de la glycémie ou la gestion des lipides sanguins. Des maladies comme le diabète de type 2, l’obésité, la maladie du foie gras (NAFLD) pourraient grandement bénéficier d’un travail sur l’intestin car elles ont toutes en commun l’inflammation.
Troubles hormonaux
J’ai parlé plus haut de la thyroïdite d’Hashimoto comme potentielle conséquence d’une hyperperméabilité intestinale. Il faut également savoir que l’hypothyroïdie subclinique est souvent aussi le signe que l’intestin doit être travaillé. L’intestin est un grand site convertisseur de l’hormone T4 en T3 (forme biologiquement active sur nos tissus).
Outre la thyroïde, des déséquilibres dans les hormones sexuelles (œstrogènes, testostérone, progestérone…) auront aussi plus ou moins un lien avec la santé intestinale. Notre flore intestinale effectue sur nos déchets hormonaux des modifications. Chez certaines personnes, ces modifications sont altérées et peuvent entrainer des troubles hormonaux. C’est ainsi que l’intestin peut avoir un lien avec le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), l’hypogonadisme, le syndrome prémenstruel (SPM), l’infertilité ou encore le manque de testostérone chez l’homme.
Troubles urogénitaux
Un autre grand classique du retentissement de l’hyperperméabilité intestinale dont je suis témoin dans mes suivis est la cystite interstitielle chronique. Je ne compte plus le nombre de femmes que j’ai eues, qui en souffraient depuis des années, jusqu’à ce que l’on travaille la barrière intestinale. Sont également souvent observées des infections urinaires à répétition, des mycoses vaginales ou encore des vaginoses bactériennes. Dès lors qu’une inflammation (et souvent infection) sévit dans l’intestin, toutes les autres flores peuvent être impactées, et d’autant plus celles qui sont anatomiquement proches de l’intestin.
Carences nutritionnelles
Les carences nutritionnelles en présence d’une hyperperméabilité intestinale sont logiques. Si l’intestin est lésé et inflammé, l’absorption des nutriments sera compromise. Cela donne des situations où ni l’alimentation ni les compléments alimentaires ne parviennent à rectifier à la hausse les niveaux, ou très peu. Dans ce cadre, la stratégie repose d’abord sur le traitement de l’intestin.
Troubles digestifs
Et enfin, bien entendu, les troubles digestifs sont des signes totalement logiques d’une hyperperméabilité intestinale (bien que je réitère ma mise en garde comme quoi il ne s’agit pas du signe ultime, les troubles digestifs pouvant être totalement absents). Cela dit, on observe régulièrement de la constipation et/ou des selles aqueuses et multiples sur une journée. Cela va dépendre du degré d’hyperperméabilité intestinale, de sa localisation et de son type. Certaines infections intestinales peuvent être en jeu et doivent être traitées. Des crampes et douleurs abdominales sont possibles, ainsi que des ballonnements et flatulences qui handicapent fortement le quotidien.
Comme vous pouvez le voir, l’hyperperméabilité intestinale est loin d’être un phénomène au retentissement isolé à l’intestin, c’est un impact potentiellement systémique sur le corps. Alors que peut-on faire ?
La méthode des 6R pour réparer l’hyperperméabilité intestinale
Au départ, ce n’est pas la méthode des 6R mais celle des 4R, créée par Jeffrey Bland, PhD. Il s’agit d’un programme de guérison de l’intestin, découpé en étapes précises, que voici :
Retirer
Remplacer
Repeupler
Réparer
Par la suite, l’IFM (Institute for Functional Medicine) l’a amélioré pour proposer la méthode des 5R, en ajoutant une dernière étape :
Retirer
Remplacer
Repeupler
Réparer
Rééquilibrer
Après mise en application sur moi-même et mes patients, je me suis rendue compte que cette méthode était la plus intelligente, mais qu’elle avait besoin d’être adaptée et perfectionnée. J’ai apporté des modifications d’après mon expérience avec des centaines de patients. J’ai changé l’ordre des et j'ai ajouté des étapes, pour finalement proposer cette stratégie :
Réduire
Remplacer
Réparer
Retirer
Repeupler
Rééquilibrer
Ces changements ont fait nettement la différence. En effet, je me suis rendue compte que traiter par exemple dès le départ une infection était pour la plupart des patients prématuré et trop à risque de réactions fortes et désagréables. En plaçant le travail de « retirer » plus tard, après le renforcement du terrain, le travail est largement plus efficace et supérieur. Le fait de placer en priorité le soutien des fonctions digestives et la réparation de la barrière intestinale fait que l’organisme est renforcé et résilient pour la suite. C’est exactement le plan d’action que je vous propose de suivre dans mon programme GUT RESET 🚀🚀.
Et en attendant, prenez soin de vous 💙
Quand il s'agit de santé, je pense qu'il est préférable d'être pointilleux sur les termes employés. Un très bon exemple est celui de "fatigue surrénale", parce que ce terme vous induit totalement en erreur et c'est ce qui fait que vous ne progressez pas malgré vos nombreuses tentatives. En effet, le terme de fatigue surrénale renvoie à l'idée que ce sont les glandes surrénales (situées juste sur les reins) qui sont fatiguées et qui ne parviennent plus à produire leurs hormones, en particulier le cortisol. Ce phénomène surviendrait après de grands épisodes de stress répétées qui auraient épuisé les glandes.
Outre le fait que ce soit faux, je tiens à préciser que ce syndrome existe bel et bien, puisque je l'ai subi. En revanche, mes glandes surrénales n'étaient pas "à plat", non, elles ne recevaient pas les bons ordres aux bons moments. Voyons d'abord ce qu'on appelle précisément la fatigue surrénale avant que je vous explique ce qu'il en est réellement.
Qu'est-ce qu'on appelle "fatigue surrénale" ?
La notion de fatigue surrénale, parfois appelée "épuisement des glandes surrénales", n'est pas universellement reconnue par la médecine conventionnelle. Certains praticiens alternatifs utilisent ce terme pour décrire un ensemble de symptômes qu'ils attribuent à un dysfonctionnement des glandes surrénales, qui produisent des hormones telles que le cortisol et l'adrénaline en réponse au stress.
Il est important de noter que le concept de fatigue surrénale n'est pas approuvé par la plupart des professionnels de la santé, et il n'est pas reconnu comme un diagnostic médical officiel. Les symptômes associés à la fatigue surrénale sont souvent non spécifiques et peuvent également être liés à d'autres conditions médicales. Cela dit, voici certains symptômes souvent mentionnés dans le contexte de la fatigue surrénale :
Fatigue persistante : Une fatigue intense qui ne s'améliore pas avec le repos.
Problèmes de sommeil : Difficultés à s'endormir, sommeil léger ou réveils fréquents pendant la nuit.
Anxiété ou dépression : Certains associent la fatigue surrénale à des troubles de l'humeur, tels que l'anxiété et la dépression.
Troubles de la concentration et de la mémoire : Difficultés à se concentrer sur des tâches, à prendre des décisions, et problèmes de mémoire.
Craving pour certains aliments : Une envie fréquente de certains aliments, en particulier des aliments riches en sucre et en sel.
Intolérance au stress : Une sensibilité accrue au stress, avec une difficulté à faire face aux situations stressantes.
Baisse de la libido : Une diminution de l'intérêt pour les activités sexuelles.
Troubles digestifs : on retrouve couramment des ballonnements, de la constipation et des douleurs abdominales. Une autre chose classique est la porosité intestinale et un microbiote affaibli.
Symptômes physiques variés : Maux de tête, douleurs musculaires et/ou articulaires, et une sensation générale de malaise.
Il est essentiel de noter que ces symptômes peuvent également être associés à de nombreuses autres conditions médicales, et la fatigue surrénale en tant que diagnostic n'est pas reconnue par les principales organisations médicales. Si vous ressentez ces symptômes, il est recommandé de consulter un professionnel de la santé pour obtenir une évaluation appropriée et exclure d'autres causes potentielles.
La fatigue surrénale est un problème cérébral !
L'hypothalamus est une région cérébrale située près de la base du cerveau, juste au-dessus de l'hypophyse. Il joue un rôle crucial dans la régulation de nombreuses fonctions physiologiques et homéostatiques, telles que la température corporelle, le métabolisme, le sommeil, la soif, la faim, et la régulation du système endocrinien. L'hypothalamus est composé de plusieurs noyaux, chacun responsable de fonctions spécifiques. Voici quelques-uns des principaux noyaux de l'hypothalamus :
Noyau paraventriculaire (PVN) : Il est impliqué dans la régulation de l'appétit, la réponse au stress, la régulation de l'équilibre hydrique, et la régulation du cycle circadien (particulièrement déterminant à travailler dans la fatigue surrénale).
Noyau préoptique (MPO) : Il participe à la régulation de la thermorégulation et de l'activité sexuelle.
Aire hypothalamique antérieure : Elle est impliquée dans la régulation du comportement parental, de la thermorégulation et du rythme circadien.
Noyau suprachiasmatique (SCN) : Il est responsable du contrôle de nos rythmes circadiens biologiques (particulièrement déterminant à travailler dans la fatigue surrénale également).
Noyau supra-optique (SON) : Il est responsable de la production et de la libération de l'hormone antidiurétique (ADH), également appelée vasopressine, qui régule la rétention d'eau par les reins.
Noyau arqué ou infundibulaire (ARH - Arcuate Nucleus) : Il est impliqué dans la régulation de l'appétit, du métabolisme et de la libération de certaines hormones hypophysaires.
Noyau hypothalamique latéral (LHA - Lateral Hypothalamic Area) : Il est impliqué dans la régulation de la faim et de l'éveil. La destruction de cette zone peut conduire à l'anorexie.
Noyau dorso-médial (DMN) : Il est impliqué dans la régulation de l'appétit et de la thermorégulation.
Aire hypothalamique postérieure : joue un rôle important dans le contrôle des mouvements, l'apprentissage des lieux, le traitement de la mémoire, l'émotion et l'éveil.
Corps mamillaires : très importants pour notre mémoire.
Noyau ventro-médial (VMN) : Il joue un rôle essentiel dans la régulation de l'appétit, du métabolisme, et de la thermorégulation.
Ces noyaux hypothalamiques travaillent en étroite collaboration pour maintenir l'équilibre et la stabilité du milieu interne du corps, en réponse aux signaux internes et externes. Ils jouent également un rôle crucial dans la régulation du système endocrinien en contrôlant la libération d'hormones par l'hypophyse.
Alors pourquoi je vous parle de façon si détaillée de l'hypothalamus pour la fatigue surrénale ? Parce que les glandes surrénales reçoivent les ordres d'en haut : le cerveau !
C'est le cerveau, et en particulier l'hypothalamus et toute sa complexité sous forme de noyaux intriqués, qui dit s'il faut baisser ou augmenter la libération de nos hormones. Le cortisol ne fait pas exception, ce qui signifie que s'il est chroniquement bas, il n'est alors pas question d'un "épuisement des surrénales" mais de surrénales qui ont simplement obéi aux ordres du cerveau.
Cela étant dit, le cerveau lui-même a besoin d'indices pour donner les bons ordres. En effet, le cerveau capte en permanence dans notre environnement ce qu'il se passe pour pouvoir justement derrière donner les bons ordres d'adaptation. Pour faire cela, il faut travailler son rythme circadien.
La fatigue surrénale est un travail à faire sur votre rythme circadien
Le rythme circadien est un cycle biologique d'environ 24 heures qui régule de nombreuses fonctions physiologiques et comportementales chez les organismes vivants, y compris les êtres humains. Le terme "circadien" provient du latin "circa" (environ) et "diem" (jour), soulignant le fait que ces cycles durent environ un jour. Ces rythmes sont contrôlés par une horloge biologique interne, appelée horloge circadienne, qui est étroitement liée à l'environnement externe, en particulier la variation de la lumière et de l'obscurité.
Voici quelques caractéristiques du rythme circadien :
Horloge biologique interne : L'hypothalamus, en particulier le noyau suprachiasmatique (SCN), est crucial dans la régulation du rythme circadien chez les humains. Il reçoit des informations de l'environnement, en particulier de la lumière, via la rétine, et orchestre la synchronisation des cycles biologiques.
Cycle de 24 heures : Le rythme circadien suit généralement un cycle d'environ 24 heures. Cela signifie qu'il y a des fluctuations régulières dans les fonctions biologiques et comportementales sur cette période de temps.
Régulation du sommeil : Le rythme circadien joue un rôle essentiel dans la régulation du sommeil. Il influence le moment où nous ressentons naturellement la somnolence et l'éveil. La production de mélatonine, une hormone associée au sommeil, est étroitement liée au rythme circadien.
Variation de la température corporelle : La température corporelle subit des fluctuations circadiennes, atteignant généralement son minimum au cours de la nuit et son maximum pendant la journée.
Hormones et métabolisme : Le rythme circadien influence la libération de certaines hormones, comme le cortisol, et régule le métabolisme. Certains processus métaboliques, tels que la digestion, l'absorption des nutriments et la régulation de la glycémie, sont également influencés par ces cycles.
Comportements alimentaires : Le rythme circadien peut affecter les habitudes alimentaires, notamment en influençant l'appétit et la régulation du poids.
Performance cognitive : La performance cognitive, y compris la concentration, la mémoire et la vigilance, suit également des fluctuations circadiennes.
L'exposition à la lumière, en particulier la lumière du jour, est un facteur clé pour synchroniser l'horloge circadienne avec l'environnement externe. Des perturbations du rythme circadien, telles que celles causées par les changements de fuseau horaire, le travail de nuit ou les troubles du sommeil, peuvent avoir des implications sur la santé, y compris des troubles du sommeil, des problèmes métaboliques et des troubles de l'humeur. Il est donc important de respecter les rythmes circadiens pour maintenir un équilibre optimal entre les processus biologiques et l'environnement.
Mon programme : Vaincre POUR DE BON ta fatigue surrénale
J'ai vécu la "fatigue surrénale"
ou plutôt j'ai vécu un total déséquilibre de mon rythme circadien pour être plus précise. Je sais donc exactement ce que vous traversez, les moindres symptômes handicapants, mais aussi l'incompréhension que l'on subit de la part de nos proches ou du jugement de notre médecin. J'ai entendu des phrases comme "arrête de te plaindre", "bouge-toi les ***", "mais t'es toujours fatiguée c'est pas possible, fais du sport", "on peut jamais rien faire avec toi, tu ne penses qu'à dormir".
Ces réflexions me blessaient énormément, car comment justifier d'une fatigue débilitante quand on dort 2-3 heures de plus que tout le monde, que l'on fait plein de siestes et qu'on mange à sa faim ?
JUSTEMENT ! Le fait d'avoir besoin d'une quantité trop importante de sommeil est un signe ☝️
Si le corps récupère bien chaque nuit, avec un sommeil assez profond et réparateur, nul besoin de dormir 10 heures par nuit.
Et sans parler du sommeil et de la fatigue, j'avais aussi d'autres symptômes comme une grande perte de cheveux (effluvium télogène), un visage très terne, marqué et de l'acné, des troubles digestifs avec une grande porosité intestinale et des sensibilités alimentaires multiples, des douleurs musculaires, des étourdissements et vertiges.
Désormais je vais très bien.
Mon programme sur la fatigue surrénale est basé sur la science
J'ai élaboré ce programme de façon progressive, avec trois étapes à suivre dans un ordre précis, le but étant de vous permettre de ne griller aucune étape essentielle à la restauration d'une sécrétion saine de cortisol.
Je suis une professionnelle qui croit dur comme fer que plus on en sait sur les mécanismes qui nous ont conduit à un état pathologique (ou l'entretiennent), plus on a de chance de s'en sortir durablement. C'est pourquoi mon programme valorise l'autonomisation, des explications simples mais efficaces et des mises en pratique concrètes et évolutives.
Vous allez apprendre :
comment aligner à nouveau votre corps (votre cerveau en particulier) avec votre environnement pour rétablir un rythme circadien sain (la base pour une sécrétion de cortisol saine). Vous allez apprendre à quoi ressemble un schéma sain de sécrétion de cortisol, et comment le restaurer. Les personnes souffrant de fatigue surrénale ont soit une sécrétion de cortisol plate sur toute la journée, soit une sécrétion inversée (pas assez à certains moments nécessaires, et trop à des moments où il devrait être au plus bas).
comment réguler efficacement votre système nerveux pour vous apaiser, car le système nerveux est un pan très important pour la stabilité du cortisol. Il est important de comprendre que l'on ne peut pas éviter tout facteur de stress et évènements anxiogènes au quotidien, mais il est absolument possible d'entraîner notre corps à une belle résilience face au stress (ce qui aura pour avantage que le stress ait largement moins d'impact sur votre organisme, et donc un cortisol plus stable).
quand et quoi manger pour fournir à votre corps tous les blocs essentiels dont il a besoin pour fabriquer ses hormones stéroïdiennes (le cortisol).
apprendre à gérer votre glycémie (un facteur important de dysrégulation du cortisol dans la fatigue surrénale).
mes meilleurs outils efficaces en tant que diététicienne-nutritionniste et naturopathe certifiée : ceux que j'ai utilisés pour mon propre parcours, et ceux que je recommande tous les jours à mes patients fatigués (et ça n'a rien à voir avec l'ashwagandha…)
mes meilleurs routines pour faciliter l'énergie quand il le faut, et le sommeil quand c'est le moment de récupérer.
Et d'autres choses que je garde secrète, dont une leçon BONUS ! 😉
Aussi, sont prévus plein de documents à télécharger, dont des "feuilles de route" à cocher pour vous accompagner dans l'application des exercices et pour vous motiver à garder le cap.
Et pour terminer, vous aurez accès à une communauté sur l'espace d'apprentissage, pour pouvoir me poser toutes vos questions, mais aussi pour échanger avec les autres apprenants et découvrir plein de conseils et expériences sur la victoire ultime face à la fatigue surrénale.
C'est le moment de mettre un terme à la fatigue surrénale
Il n'y a absolument aucune raison pour que vous restiez ainsi, c'est une condition totalement corrigible sans médicament (hydrocortisone) ou tonne de compléments alimentaires.
A très bientôt j'espère, et en attendant, prenez soin de vous ! 💙
Cela va peut-être vous sembler bizarre, mais je suis assez fascinée par la bile. Ce liquide, que nous fabriquons tous les jours, est un élément majeur de notre santé et très peu de personnes en parlent. Pourtant, sans suffisamment de bile, il y a une cascade de conséquences déplaisantes pour notre santé.
Qu’est-ce que la bile, ce liquide si précieux ?
La bile contient de nombreux composants, même si elle est principalement constituée d'eau. La bile est faite de sels biliaires, d'électrolytes, d'acides gras, de phospholipides, de cholestérol et de bilirubine.
Elle véhicule aussi des déchets métaboliques et des toxines. C'est l'un de ses grands rôles : nous permettre d'éliminer des substances indésirables via la digestion. Donc : médicaments, vieilles hormones, sous-produits du métabolisme cellulaire, vieilles cellules, toxines environnementales et métaux lourds sont éliminés grâce à elle tous les jours. La bile est un élément majeur de détoxification du corps.
Notre foie fabrique la bile
Le foie est sans doute l’organe le plus dynamique et le plus polyvalent du corps humain. Le foie est le plus grand organe du corps, dépassant même le cerveau humain, représentant un peu plus de 2 % du poids corporel moyen d'un être humain. Il se situe dans le quadrant supérieur droit, juste sous la cage thoracique et sous le diaphragme. Il a la capacité de se régénérer à partir d’un quart seulement de sa masse si une maladie justifie une élimination partielle.
Le foie est essentiel pour une liste de fonctions telles que :
nettoyage du sang
digérer et absorber les graisses
aidant à stabiliser la glycémie,
stocker les vitamines liposolubles
synthétiser et décomposer le cholestérol
recyclage du fer
et bien plus !
Inutile de préciser : le foie est remarquable. Cependant, il ne serait pas en mesure d'exécuter toutes ces tâches sans l'importante « bile jaune » à laquelle faisait référence Hippocrate.
Commençons par un peu d'anatomie et de physiologie. Le foie est principalement constitué de cellules appelées hépatocytes . Ces cellules ont de nombreuses fonctions biologiques, mais leur rôle principal est de traiter le sang lorsqu'il entre dans le foie. À mesure que le sang circule dans et autour d’eux, les hépatocytes le parcourent à la recherche de substances toxiques telles que des médicaments, des xénobiotiques et des hormones, et ces substances subissent plusieurs étapes de transformation.
Ces « transformations » font référence aux fameuses phases de détoxification du foie qui amènent les substances à être oxydées, neutralisées et sécrétées par les cellules dans une substance appelée bile . La bile s'accumule à partir des hépatocytes dans des conduits où ils finissent par déplacer cette substance dans la vésicule biliaire pour y être stockée jusqu'à son utilisation.
Les grands rôles de la bile
La bile nous permet de digérer les graisses
Comme mentionné ci-dessus, la bile est stockée dans la vésicule biliaire jusqu'à ce qu'elle soit mise en action pour décomposer les lipides. Mais comment le corps sait-il s’il mange une collation sans graisse qui ne justifie pas la production de bile ? Des cellules spéciales situées dans la muqueuse de notre intestin grêle signalent la présence de graisse pour accélérer la production et libérer la bile. Sans la présence de graisses dans l’alimentation, il n’y a rien qui signale la libération de bile. Gardez ce point important à l’esprit pour plus tard.
Il est important de noter qu’elle ne décompose pas directement les graisses. Compte tenu de son pH basique, la bile sert de substance semblable à un détergent qui prépare les graisses à être décomposées (grâce aux micelles).
La bile « écarte » les molécules de graisse pour que la lipase pancréatique effectue réellement la dégradation des lipides. Cela permet aux graisses d'être décomposées en particules suffisamment petites pour être absorbées par les villosités de l'intestin grêle.
Si le flux biliaire est entravé, une insuffisance biliaire contribuant à une mauvaise digestion des lipides peut en résulter. Cela peut contribuer à la dysbiose et à la perméabilité intestinale, car les aliments non digérés sont inflammatoires de la muqueuse de l'intestin grêle et servent de nourriture aux microbes pathogènes. Nous pouvons également constater au fil du temps une carence en vitamines liposolubles comme A, D, E et K, ce qui peut contribuer à des irrégularités dans la réponse inflammatoire, l'immunité, la santé des os, la vitalité de la peau et la fonction oculaire...
On pourra aussi observer des carences en acides gras, comme les fameux oméga 3.
La bile est un agent antimicrobien
La bile sert également d'antimicrobien. Même si la plupart des gens supposent que la bile peut être acide, il s’agit en réalité d’un liquide alcalin (environ 7 à 8 sur l’échelle de pH). Ce pH contribue à sa capacité à décomposer les graisses comme déjà dit. Compte tenu de son pH, la bile rend l’environnement de l’intestin grêle inhospitalier pour les agents pathogènes agressifs comme Staphylococcus aureus lorsqu’ils sont présents en quantités adéquates.
L’incapacité de la bile à être sainement présente a été corrélée à diverses pathologies gastro-intestinales chroniques, notamment la prolifération bactérienne de l’intestin grêle (SIBO). Des incidences plus élevées d'ulcères duodénaux ont été associées à une insuffisance biliaire, car la bile inhibe régulièrement la croissance d'agents pathogènes comme Helicobacter pylori. Dans l’ensemble, une fonction biliaire optimale peut aider à restaurer la fonction immunitaire afin d’équilibrer les infections chroniques et persistantes.
La bile est notre voie de dégradation du cholestérol
La bile contribue également à la dégradation du cholestérol. Il existe souvent un dysfonctionnement sous-jacent lié à la synthèse biliaire qui peut contribuer aux taux élevés de cholestérol observés lors des analyses de sang.
Pour réduire ces chiffres, la médecine conventionnelle pourrait administrer à quelqu'un un médicament pour séquestrer les acides biliaires (comme la Colestyramine). Cela résoudra le problème actuel du taux de cholestérol élevé, mais cela ne résoudra pas la racine du problème de la raison pour laquelle le taux de cholestérol est élevé. Aider l’organisme à optimiser la production biliaire peut permettre à ces chiffres de se normaliser d’eux-mêmes.
La bile est émolliente
Enfin, la bile sert de lubrifiant. En contribuant à la dégradation et à la métabolisation des graisses, une bile adéquate maintient le processus de digestion en douceur. Une dégradation incomplète ou partielle des aliments, et ne se limitant pas aux graisses, peut inhiber les processus digestifs successifs. Cela peut contribuer à la constipation et aux selles sèches. Des selles peu fréquentes peuvent contribuer à la dysbiose et à la charge toxique, car les déchets de votre corps ne sont pas éliminés de manière saine. En fin de compte, la normalisation de la fonction biliaire peut réguler la motilité du système gastro-intestinal.
Les risques d’un manque de bile
La bile est une voie de détox déterminante, un antimicrobien, nécessaire à la digestion des graisses et un acteur de la motilité intestinale… Donc si la bile ne circule pas, nos systèmes corporels risquent de ne pas fonctionner de manière optimale. Considérez que nous pouvons manifester une maladie…
Les toxines accumulées peuvent être réabsorbées et stockées dans le corps. Trop de toxines peuvent contribuer au stress oxydatif. Le stress oxydatif peut contribuer à des phénomènes tels qu’une inflammation systémique et des dommages mitochondriaux.
Si l’activité antimicrobienne est faible ou absente , il y a un risque plus élevé d’infections chroniques ou récidivantes, surtout les infections intestinales. Une infection chronique laisse le système immunitaire en état d’alerte et peut épuiser nos réserves de nutriments. Cela peut mettre davantage à rude épreuve le système immunitaire à long terme.
Si la digestion des graisses est entravée , comme nous pouvons le constater, l’inflammation dans l’intestin grêle contribue à la perméabilité intestinale et à la régulation immunitaire. Les aliments mal digérés peuvent également nourrir la flore pathogène. Si la digestion des graisses est médiocre, l’absorption des vitamines liposolubles est également médiocre. Les vitamines liposolubles comme A, D, E et K sont essentielles à de nombreuses fonctions du corps, en particulier les réponses immunitaires et inflammatoires !
Si le péristaltisme n'est pas optimal , ça peut contribuer aux niveaux de toxicité et aux problèmes de prolifération bactérienne.
La libération régulière de bile dans l’intestin grêle repose sur un facteur majeur qu'on nous dit depuis des années d'éviter : la consommation de graisses. Très souvent, des patients que je décide de mettre sous alimentation cétogène pour un objectif thérapeutique, se retrouvent avec des douleurs au niveau de la vésicule biliaire. Cela arrive très régulièrement chez les personnes qui évitent les matières grasses depuis des années : ce n'est pas bon !
Rappelez-vous que nous avons mentionné plus tôt que la bile est libérée en présence de graisses lorsque les cellules sensorielles de l'intestin grêle signalent leur présence. Votre corps est extrêmement économe en énergie et essaie de faire uniquement ce qui est essentiel. Si les graisses ne sont pas consommées, le corps n’aura pas besoin d’énergie pour libérer cette ressource qui demande beaucoup de travail pour les décomposer. Cela permet à la bile de rester dans la vésicule biliaire pendant de longues périodes, ce qui peut contribuer à la cholestase.
La cholestase fait référence à une condition dans laquelle le flux biliaire est réduit ou bloqué. Lorsque la cholestase survient, nous pouvons constater l’apparition de maladies telles que des calculs biliaires. Cela peut justifier l’ablation de la vésicule biliaire si suffisamment de calculs s’accumulent. Les graisses peuvent être irritantes pour de nombreuses personnes souffrant d’insuffisance biliaire, car la bile tente de s’écouler par ces conduits obstrués. Cela devient un cercle vicieux : ceux qui auraient intérêt à manger des graisses pour faire circuler la bile finissent par l’éviter et le problème s’aggrave. C'est pourquoi il est très important de consulter un nutrithérapeute pour cela : il saura exactement quelle stratégie vous faire faire pour remédier naturellement à ce problème.
La circulation entérohépatique
La bile est extrêmement laborieuse à fabriquer. Votre corps, étant une machine économe en carburant, aime recycler la bile autant que possible (environ 95 %, en fait). La bile est produite par le foie, stockée par la vésicule biliaire et libérée dans la première partie de l'intestin grêle appelée duodénum.
Il traîne et participe à la digestion jusqu'à atteindre la dernière partie de l'intestin grêle appelée iléon. C'est ici que se produit la réabsorption dans le système veineux porte selon un processus appelé circulation entérohépatique .
La bile « sale » – ou la bile qui n’a pas été évacuée régulièrement – peut être réabsorbée et contribuer à la charge toxique de l’organisme. Étant donné qu'une matrice fibreuse est nécessaire pour lier et excréter les toxines dans la bile, l'auto-intoxication peut s'aggraver de cette manière si le régime alimentaire est pauvre en fibres.
Si vous souffrez d'infections incessantes, de problèmes de toxicité, de dérégulation immunitaire ou de constipation, demandez-vous... avez-vous vérifié votre flux biliaire ?
Les signes d'un mauvais flux biliaire
Il existe une longue liste d’indicateurs qui mettre la puce à l'oreille. Des selles grises, blanches, argileuses ou flottantes peuvent indiquer visuellement certains problèmes de digestion des graisses.
Modification des selles (trop rapides ou trop lentes)
prise de poids tenace
calculs biliaires
cholestase
crises de la vésicule biliaire
inconfort et apparition de symptômes lors de la consommation de graisses
prolifération bactérienne connue dans l'intestin grêle (SIBO) et charge toxique avérée.
Les produits pharmaceutiques, les drogues, l'alcool, le tabac ou d'autres substances peuvent également indiquer qu'une aide biliaire pourrait être utile.
L'adhésion à long terme à un régime pauvre en graisses nécessite souvent un soutien biliaire, car le flux biliaire aura été réduit pendant un certain temps. Enfin, si vous souffrez de problèmes de santé tels que l'auto-immunité, le cancer, le diabète, la fatigue chronique, le SII, une MICI, l'hypertension artérielle, la dysbiose, la maladie de Lyme, les infections chroniques (virales, bactériennes, fongiques), le SIBO, le candida, l'intolérance à l'histamine ou des sensibilités excessives (aux aliments, à l'environnement), votre bile pourrait être un peu stagnante.
Étant donné que la plupart de ces symptômes proviennent souvent soit d'une charge toxique, soit d'une prolifération microbienne (deux problèmes que nous avons liés à l'insuffisance biliaire), un soutien pourrait s'avérer bénéfique.
Soutenir naturellement sa production de bile
L'hydratation pour le soutien de la bile
Il y a deux éléments clés pour une hydratation adéquate : l’eau et les électrolytes. Les deux ont une importance dans la synthèse, le flux et la fonction de la bile.
La bile est composée à environ 95 % d'eau. S'assurer que vous êtes correctement hydraté avec de l'eau propre peut être un moyen sûr de favoriser un écoulement biliaire sain. Éviter les boissons riches en sucre, en arômes et en colorants comme les sodas, l'alcool et d'autres boissons artificielles peut également favoriser un flux biliaire sain ; ces boissons peuvent contribuer à notre charge toxique et inhiber l’hydratation.
Une personne n’est pas suffisamment hydratée uniquement avec de l’eau ; les électrolytes sont nécessaires à la conduction et à la transmission des signaux électriques vers et depuis le système nerveux central. Les électrolytes sont constitués de sodium, de potassium, de chlorure, de calcium et de magnésium. Non seulement ces minéraux constituent une petite partie de la bile, mais ils sont également nécessaires à des processus tels que le transport actif des acides biliaires et l'ouverture et la fermeture adéquates des valvules associées à la production biliaire.
Malheureusement, dans l’alimentation moderne (surtout avec la consommation d'aliments transformés), les électrolytes sont généralement déséquilibrés. L’apport en sodium raffiné est généralement trop élevé et le magnésium est souvent déficient. Ceux qui ne consomment pas de produits laitiers courent le risque d’avoir un faible apport en calcium. Le stress, les régimes pauvres en glucides et l’exercice risquent d’exacerber la perte de minéraux. Soutenir les niveaux d'électrolytes avec des aliments riches en minéraux peut soutenir l'hydratation et la production biliaire (entre autres choses !).
Régime alimentaire et aliments pour le soutien de la bile
Lorsque de la nourriture est consommée, tous les macro et micronutriments sont absorbés par l’organisme et utilisés comme ressources. Ces matières premières entrent dans la fabrication de divers composants du corps : cellules, tissus, organes et sécrétions comme la bile. Une alimentation saine et riche en nutriments fournit à notre corps les cofacteurs dont il a besoin pour remplir ses fonctions.
Lorsque l’on examine spécifiquement la bile, il est très important de s’assurer que nous obtenons suffisamment d’acides aminés comme la glycine et la taurine. La glycine et la taurine sont essentielles à la conjugaison des acides biliaires aux sels biliaires . Lorsque nous manquons de ces acides aminés, cette conversion ne se produit pas.
Les aliments riches en glycine comprennent :
le bouillon d'os ou bouillon de viande
des morceaux de viande ou de volaille avec plus de tissu conjonctif
les poissons
les produits laitiers
la gélatine.
Les aliments avec des niveaux plus élevés de taurine comprennent :
des crustacés comme les pétoncles, les moules et les palourdes
les produits laitiers
la viande brune de volaille
les fruits de mer.
L'importance des graisses alimentaires dans l'alimentation pour le flux biliaire a été discutée, mais il convient de le mentionner à nouveau : les lipides sont importants dans l'alimentation pour signaler la libération de la bile. Si l’on ne mange pas régulièrement de graisses, la bile n’est pas régulièrement éliminée. Lorsque la bile n’est pas régulièrement évacuée, la personne est plus sujette à des affections telles que les calculs biliaires.
Cependant, toutes les graisses ne sont pas égales : les graisses saines doivent être prioritaires. Évitez les huiles de graines bon marché car elles sont sujettes à l’oxydation et peuvent contribuer à l’inflammation. Il a été démontré que les huiles comme le colza et le soja contribuent à des affections telles que la stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD) et peuvent être une cause de stase biliaire. Cherchez plutôt à obtenir des graisses provenant de diverses sources telles que :
huile d'olive et olives
huile d'avocat et avocats
huile de noix de coco
suif
beurre nourri à l'herbe
noix trempées et germées
produits laitiers
viandes grasses
poissons gras
chocolat noir.
La consommation d’une gamme variée de ces graisses garantira un apport équilibré en différents acides gras.
Conclusion
La bile est un composant multidimensionnel et multifonctionnel essentiel de la digestion, produite par le foie et stockée dans la vésicule biliaire pour la digestion. Il joue un rôle majeur dans la dégradation des graisses, la détoxification, la médiation de l’activité microbienne au sein du microbiote et la dégradation du cholestérol. Lorsque le flux biliaire ralentit ou s’arrête – souvent à cause d’une forme de carence dont nous avons parlé – nous pouvons assister à l’apparition d’une maladie.
L’optimisation du flux biliaire peut aider à gérer et à optimiser de nombreuses conditions, mais elle est souvent négligée. Prenez soin de votre bile, et pour aller plus loin, vous pouvez vous abonner à ma plateforme de santé fonctionnelle Atavi.fr, il y a un cours entier consacré à la bile pour savoir exactement quels aliments favorisent sa production et son flux.
Vous pouvez aussi me consulter, je vous aiderai avec plaisir !
Le syndrome de fatigue chronique (SFC), également appelé encéphalomyélite myalgique (EM), provoque une fatigue écrasante qui n'est pas améliorée par un sommeil suffisant ou du repos. Le SFC est parfois également appelé syndrome d’intolérance systémique à l’effort (SISE). Il est estimé par l’INSERM que 130 000 à 270 000 en France souffriraient de ce syndrome invalidant. Pour ma part, je pense que ces chiffres sous-estiment l’ampleur de ce syndrome, mais cela s’explique certainement par le fait que toute personne qui en souffre ne consulte pas forcément pour cela, et aussi parce que ce syndrome est plutôt mal maîtrisé globalement (diagnostic difficile à poser). Si vous souffrez d’une fatigue telle que vous n’êtes pas en mesure de réaliser vos taches quotidiennes, vous savez qu’il peut être difficile de faire valoir son état auprès des médecins. Cette fatigue est telle qu’elle conduit bien souvent à un état dépressif : on ne voit pas le bout du tunnel, on ne trouve pas de solution, personne n’est en mesure de nous aider et on a l’impression de passer à côté de sa vie. Surtout que bien souvent, de l’extérieur, vous apparaissez en bonne santé.
Zoom sur le syndrome de fatigue chronique
Les symptômes du syndrome de fatigue chronique
Le syndrome de fatigue chronique se caractérise par une fatigue qui vous met littéralement à plat et dans l’incapacité d’être actif à 100% au quotidien. Cette fatigue doit faire l’objet d’investigation avec votre médecin pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’une autre cause comme une hypothyroïdie, un cancer, une anémie ou une maladie cardiovasculaire par exemple. Dès lors que toutes les pistes possibles ont été explorées, et que les résultats ne donnent rien de concluant, on peut alors envisager l’étiquette de syndrome de fatigue chronique.
Mais, comme je le répète en permanence, un syndrome n’est pas une maladie, c’est un ensemble de symptômes reconnus pour lequel on n’a pas encore d’explication scientifique précise. Cette fatigue ne s’améliore absolument pas avec du repos (ça ne change rien) et toute activité, qu’elle soit physique ou mentale, est un coup énergétique supplémentaire énorme pour vous (alors que les autres non).
Cette fatigue chronique est à différencier de la personne qui vient de passer une semaine difficile, entre son travail et des imprévus à gérer. Non, ici on parle d’une fatigue qui tient au corps, nuit et jour, depuis des mois voire des années, et qui ne se résout pas.
Comme je le disais plus haut, chaque tâche aussi innocente soit elle du quotidien est difficilement surmontable. Evidemment, cela a un impact colossal sur le moral et il n’est pas rare de développer une grande anxiété et de la dépression. On vous dira peut-être que « c’est dans votre tête », que « c’est le stress » et qu’il faut vous ménager, mais vous ne faites déjà que ça…
Et outre la fatigue, d’autres symptômes se greffent par-dessus. Quelques exemples : malaises ou vertiges récurrents, douleurs musculaires ou articulaires, brouillard mental, insomnie ou du moins des troubles du sommeil, céphalées, vision floue, troubles digestifs, sensibilités alimentaires, nouvelles allergies, paresthésies, difficulté de mémorisation et concentration, perte d’appétit, intolérance orthostatique…
Le diagnostic du syndrome de fatigue chronique
Le syndrome de fatigue chronique est une maladie multisystémique qui provoque des douleurs et des incapacités multiples. Il est difficile à diagnostiquer en raison de ses symptômes protéiformes et de l'absence de test de diagnostic en laboratoire. Bien qu’il n’existe pas encore de test pour diagnostiquer officiellement le syndrome, des chercheurs ont découvert des marqueurs qui auraient le potentiel de nous mettre sur sa piste. En effet, les personnes atteintes de SFC ont des marqueurs métaboliques différents de personnes non malades.
D’après leur recherche, les personnes souffrant de SFC présentent des schémas métaboliques particuliers, et aussi des réactions de type inflammatoires et auto-immunes.
The Institute of Medicine (IOM) a mis à jour les critères diagnostic pour les médecins.
Le diagnostic requiert que le patient ait les trois symptômes suivants :
Une réduction ou une altération substantielle de la capacité d'entreprendre des activités professionnelles, éducatives, sociales ou personnelles au niveau antérieur à la maladie, qui persiste pendant plus de 6 mois et s'accompagne d'une fatigue souvent profonde, d'apparition nouvelle ou définitive (pas à vie), qui n'est pas le résultat d'un effort excessif continu et qui n'est pas substantiellement soulagée par le repos;
Malaise après l'effort* ; et
Sommeil non réparateur*
Au moins une des deux manifestations suivantes est également requise :
Déficience cognitive* ou
Intolérance orthostatique
* La fréquence et la gravité des symptômes doivent être évaluées. Le diagnostic doit être remis en question si le patient ne présente pas ces symptômes au moins la moitié du temps avec une intensité modérée, substantielle ou sévère.
Quelles sont les pistes envisager ?
Quelles causes sont suspectées par la recherche scientifique ?
Il existe de nombreuses pistes, et si vous voulez mon avis, je pense que chacune est valable tout simplement parce qu’il ne doit pas y avoir qu’une seule explication en jeu. Voici lesquelles :
La réponse cellulaire au danger
La piste de la maladie auto-immune
Certaines infections virales ou bactériennes
Des traumas à la fois physiques ou émotionnels
Le stress chronique
Des altérations métaboliques (acquises ou innées ?)
Le microbiote intestinal
Des prédispositions génétiques
Et je rajouterais de mon côté l’éventualité des métaux lourds comme grands perturbateurs métaboliques et enzymatiques.
Beaucoup des personnes atteintes de SFC rapportent dans leur historique médical un antécédent déclencheur du syndrome : un évènement ou période stressant/traumatisant. D’autres disent que le problème est survenu à la suite d’une maladie comme le Covid-19, la maladie de Lyme ou la mononucléose. Quelle en serait l’explication ?
Toute infection peut être littéralement traumatisante pour le système nerveux central, ce qui en retour provoquerait un dysfonctionnement global du système nerveux. Notre système nerveux gère tout l’organisme, y compris l’énergie, l’entrain, les fonctions cognitives etc. J’ai toujours pensé que cette piste était valable et pleine de sens, mais à croiser avec d’autres éléments.
Les options thérapeutiques naturelles
En tant que nutritionniste et naturopathe, je défends le fait que l’on puisse améliorer le syndrome de fatigue chronique avec des mesures naturelles et non invasives. Il est coutume de prescrire divers médicaments pour le SFC comme des antidépresseurs, des anxiolytiques, des somnifères ou encore des antalgiques. Pour autant, il n’existe aucun remède, ces médicaments servent uniquement à soulager les symptômes.
D’un autre côté, il n’est jamais demandé à un fatigué chronique comment il mange, ce qu’il boit, s’il fait attention à son rythme circadien ou la régulation de son système nerveux et de sa glycémie. Autrement dit, son hygiène de vie !
Loin de moi l’idée d’accuser la personne malade d’être responsable de ce qui lui arrive, ce n’est pas du tout mon propos. Ce que j’aimerais que les patients comprennent (et la communauté médicale), c’est que l’on peut déjà améliorer le quotidien des personnes fatiguées avec des mesures simples. Les voici.
Rythme circadien et fatigue chronique
Le respect d’un rythme circadien en adéquation avec notre horloge biologique est pour moi le tout premier outil le plus indispensable à mettre en application. Si votre quotidien est rythmé par l’exposition aux écrans bleus, le manque de lumière naturelle, le manque de soleil et d’air frais, votre système nerveux ne pas va pas apprécier cette ambiance et la fatigue ne va faire que s’aggraver. C’est selon moi le socle le plus élémentaire à rétablir.
Optimisation de la fonction mitochondriale
Les mitochondries sont des éléments présents en grand nombre au sein de nos cellules. Elles nous permettent de fabriquer notre énergie, et dans le cadre d’une fatigue chronique, ce n’est assurément pas à négliger. Les mitochondries sont très sensibles à de nombreux éléments, c’est pourquoi chercher à rétablir leur bonne fonctionnalité est selon moi le second socle indispensable.
Alimentation et fatigue chronique
Bien entendu, l’alimentation saine est aussi un pilier. On va pouvoir l’agencer de sorte à obtenir le plus de micronutriments possibles pour améliorer tous les processus biochimiques et physiologiques qui concourent à la production d’énergie. Nous venons de parler des mitochondries, il existe des nutriments spécifiques qui permettent de mieux les faire fonctionner. Il faudra aussi chercher à combler les carences éventuellement décelées au cours d’un examen sanguin, de sorte que la diète soit parfaitement calibrée selon vos besoins propres.
Gestion du stress et fatigue chronique
Je parlais précédemment du système nerveux, ici je vous conseille de faire régulièrement des exercices pour gérer l’anxiété et le stress de votre quotidien. Ces éléments sont des tueurs pour notre système nerveux. Mettez l’accent sur ce qui vous aide et vous plait (pour pouvoir le tenir sur le long terme) : yoga, tai-chi, méditation, cohérence cardiaque, thérapie, sophrologie…
Le choix est large.
Bien entendu, ces conseils sont génériques (bien qu’applicables dans la plupart des cas). Si vous souhaitez aller plus loin dans la personnalisation de votre approche de lutte anti-fatigue chronique, ou que vous ne savez pas du tout par où commencer, je serais ravie de vous accompagner. N’hésitez pas à prendre contact avec moi ici !
Et en attendant, prenez soin de vous 😊
Vous souffrez peut-être d’une anémie depuis longtemps, en tout cas je suis prête à le parier si vous êtes arrivé sur cet article en faisant des recherches. Il se trouve que l’anémie est l’un de mes sujets favoris pour lequel j’ai fait beaucoup d’investigations. C’est un problème qui touche de nombreuses personnes, en particulier les femmes, et qui n’épargne aucun pays. En effet, l’OMS alerte sur l’anémie depuis des années. Comme je le dis toujours, pour résoudre un problème de santé, il faut remonter à sa racine, son origine (démarche de type fonctionnelle). Une enquête approfondie et précise de votre terrain est la meilleure des façons pour obtenir les indices qui vont nous conduire à la résolution de l’équation. Savez-vous de quel type d’anémie souffrez-vous ? Si ce n’est pas le cas, je vous propose d’abord de plonger dans la présentation des multiples facettes de l’anémie.
Les différents types d’anémie
L’anémie se définit par un manque d’hémoglobine dans le sang. L’hémoglobine est le pigment rouge qui colore nos globules rouges et qui donne la couleur à notre sang. Le grand rôle de l’hémoglobine est de fixer l’oxygène sur les globules rouges, de sorte qu’ils puissent l’acheminer jusqu’à nos tissus et cellules. L’oxygène est un élément absolument vital qui permet à chaque cellule de fonctionner, sans oxygène, la cellule ne pourra pas subsister très longtemps. Comme vous le comprenez donc, dans le cadre d’une insuffisance d’hémoglobine (anémie), les tissus reçoivent moins d’oxygène et cela explique les symptômes handicapants de l’anémie : fatigue, essoufflement, pâleur, arythmie etc.
Nous avons vu que l’anémie est un manque d’hémoglobine circulante dans le sang. Seulement, il y plein de facteurs qui peuvent entrainer cette diminution.
L’anémie ferriprive (par carence en fer)
L’anémie ferriprive est une anémie causée par un manque de fer dans le corps.
On confond souvent « anémie » et « carence en fer » mais ces deux termes ne sont pas synonymes ni interchangeables. Bien que la carence en fer soit une explication courante d’anémie, elle n’est pas la seule. Pour fabriquer l’hémoglobine, l’organisme a besoin de plusieurs choses qui doivent être chacune en quantité suffisante (sachant que chacun de ces éléments sert aussi à d’autres objectifs dans l’organisme). Nous avons besoin de fer, zinc, vitamine B6, vitamine B9, vitamine B12, cuivre, vitamine A. Si l’un de ces micronutriments venait à être insuffisant dans le corps, le processus de création de l’hémoglobine pourrait être altéré.
Pour traiter l’anémie par carence en fer, il faut travailler à restaurer des réserves saines de fer. Là encore, un travail d’investigation est nécessaire le plus souvent. En effet, une carence en fer peut être le résultat de bien des choses :
Peut-être que vous ne mangez pas suffisamment de fer via les produits animaux ?
Peut-être que vous n’absorbez pas bien le fer que vous mangez ?
Peut-être aussi que vos hormones sont déséquilibrées (œstrogènes, testostérone, hypothyroïdie…) et que ce déséquilibre pourrait expliquer que vous l’absorbiez mal ?
Peut-être que votre microbiote intestinal n’est pas suffisamment en forme pour vous permettre une absorption saine du fer ?
Vos règles sont peut-être hyper abondantes, vous faisant perdre beaucoup de sang (cette perte n’étant pas comblée par des apports alimentaires suffisants) ?
Peut-être faites-vous beaucoup de sport qui mobilise énormément vos globules rouges (transport de l’oxygène) conduisant à une utilisation ultra rapide du fer ?
Bref, comme vous pouvez le constater, trouver le mécanisme de l’anémie est la première étape, vient ensuite tout le travail de restauration de l’équilibre.
Mais comme je le disais, l’anémie ferriprive est certes la plus répandue, mais le manque de fer est loin d’être la seule et unique explication.
L’anémie inflammatoire
L’anémie inflammatoire est causée par un état inflammatoire chronique ou d’une grande violence comme une fièvre importante. Si l’anémie inflammatoire due à une inflammation ponctuelle (comme la fièvre) est le plus souvent transitoire et se règle facilement avec l’alimentation, pour l’anémie inflammatoire due à une inflammation chronique c’est plus compliqué. La plupart du temps, une personne souffrant d’une anémie inflammatoire due à une inflammation de bas grade ne se rendra pas forcément compte qu’elle est anémiée, du moins pas tout de suite. L’installation est insidieuse et peut passer inaperçue parce que le corps met en place des adaptations physiologiques qui ne sont pas forcément ressenties par le patient. On peut s’en rendre compte au bout de plusieurs semaines à mois d’anémie inflammatoire, parce qu’on consulte son médecin pour quelques symptômes gênants comme de la fatigue. Ce peut aussi être une découverte fortuite au cours d’un bilan sanguin de routine.
Pour traiter une anémie d’origine inflammatoire, il va falloir débusquer l’origine de l’inflammation et traiter tout ça à la source. Par expérience, la plupart du temps cette inflammation prend place au niveau de l’intestin. Il y a une porosité intestinale et bien souvent une dysbiose intestinale mettant en jeu des bactéries gram-négatif qui relâchent des LPS (lipopolysaccharides). Ainsi, traiter l’anémie directement ne servira à rien, mais traiter l’intestin fera toute la différence ! C'est ainsi que j'ai pu aider Mélissa m'ayant laissé son témoignage 😊
L’anémie mégaloblastique
Cette forme d’anémie est encore due à des carences, que ce soit la vitamine B9 ou B12 (bien souvent, les deux carences sont présentes). Là encore, un travail sur l’alimentation est nécessaire en première intention, mais ces carences peuvent aussi résulter d’un défaut d’absorption de ces vitamines, ou d’une dysbiose. Une enquête de terrain permettra de le définir. Par exemple, une cause que j’ai parfois eue en consultation est la gastrite auto-immune (ou anémie de Biermer). Au cours de cette maladie auto-immune, le système immunitaire attaque des éléments gastriques responsables du détachement de la vitamine B12 et du fer hors des aliments (pour pouvoir les absorber par la suite). L’anémie mégaloblastique est donc la conséquence et non la cause.
Autres types d’anémie
J’ai construit un cours très détaillé, Les anémies, avec plein d’informations précieuses sur ma plateforme de santé fonctionnelle Atavi.fr. Si vous souffrez d’anémie, ce cours va vous être d’une aide précieuse parce que j’explique dedans tous les marqueurs à vérifier, toutes les causes potentielles d’anémie, et vous aurez aussi accès sur la plateforme à ma fiche récapitulative Analyses fonctionnes de l’anémie par carence (causes les plus courantes).
Atavi.fr est la plateforme de santé fonctionnelle qui vous soutient et vous aide à devenir votre meilleur soignant en :
Comprenant les mécanismes de ton problème de santé
En apprenant à comment les résoudre naturellement et scientifiquement
Comment soigner naturellement une anémie ?
Vous l’aurez compris, en comprenant sa cause. L’anémie n’est pas à proprement parlé une maladie. Elle est forcément la conséquence de quelque chose. J’ai vu bien trop souvent des patients à qui on a prescrit du fer pour leur anémie, sans même chercher à comprendre pourquoi elle s’est installée. Autrement dit, la cause retenue systématiquement est le manque de fer. C’est un problème pour deux choses :
Ça ne règle pas le problème à la racine s'il n'y a pas de carence en fer avérée
Ça peut même aggraver la situation
En effet, donner du fer à une personne anémiée, alors qu’en réalité son anémie est le fait d’un grand état inflammatoire, peut se révéler extrêmement contre-productif (le fer étant pro-oxydant et donc inflammatoire dans ce genre de situation). Si vous souffrez d’une candidose digestive, d’un SIBO ou de parasites (qui peuvent tous entrainer une inflammation chronique), prendre du fer peut absolument les aider à proliférer et aggraver le problème. En effet, la plupart des organismes vivants (comme nous) utilisent le fer pour leur métabolisme, leur croissance et leur prolifération. Autrement dit, vous leur serviriez sur un plateau de quoi s’épanouir. Donc, nous devons chercher et comprendre l’origine du problème, isoler la cause majeure et la traiter.
Si en revanche votre anémie est bien le fait de carences, il faut bien entendu les corriger rapidement. Souvent, les compléments alimentaires sont nécessaires en première intention, notamment si vos taux sont extrêmement faibles. Ensuite, l’alimentation prendra le relais. Bien souvent, je recommande de consulter un nutritionniste pour revoir entièrement l’alimentation et pour comprendre pourquoi vous en êtes arrivé à développer une anémie par carence. L’installation a forcément était progressive, ce qui signifie que l’alimentation n’était pas suffisamment pourvue en nutriments clés. Avec mes patients, je revois entièrement cela pour m’assurer qu’ils ne retombent pas dans une anémie. C’est donc un travail d’éducation alimentaire où il est bien souvent nécessaire de démentir de nombreuses croyances sur certains aliments.
Si vous êtes anémié …
Si vous êtes personnellement concerné par l’anémie, ou un proche, je pense qu’il est impératif de consulter un professionnel. Il y a tellement de paramètres à envisager, de l’expérience à avoir avec l’anémie, et une solide connaissance des mécanismes impliqués qu’il va vous être très difficile d’y parvenir seul. Vous pourriez même faire des erreurs. Également, dans le choix des compléments alimentaires, le marché est vaste et les formes proposées sont parfois très loin d’être bonnes. Des professionnels comme un naturopathe fonctionnel ou un micronutritionniste bien formé peuvent vous guider dans les méandres du marché des compléments alimentaires.
Nous pouvons en discuter ensemble au cours d’un appel découverte, il suffit de me contacter ici.
En attendant, prenez soin de vous ! 🙂
La majorité de ma patientèle est féminine, car les femmes ont plus de facilité à solliciter de l’aide lorsqu’elles ont des troubles hormonaux. C’est hyper dommage car il est possible d’obtenir de superbes résultats pour les hommes, de façon totalement naturelle. En effet, la solution bien souvent proposée comme unique est la prise de testostérone par traitement hormonal substitutif pour remplacer la production défaillante du corps. Si dans certains cas comme l’hypogonadisme congénital, la justification est évidente, pour d’autres c’est surtout l’hygiène de vie qui produira ses effets. Pour les quelques hommes qui ont franchi le cap de me contacter, nous avons pu remonter leur testostérone (et autres hormones) naturellement. Encore une fois, il s’agit de trouver la cause profonde qui entretient ce déficit en testostérone chez l’homme.
Les symptômes d’un manque de testostérone
Chez un homme, il est rapidement et facilement identifiable le déficit en testostérone. La testostérone est si importante pour de nombreux processus physiologiques masculins que son manque a des répercussions globales et visibles. Un homme qui manque de testostérone présente en règle générale :
Une moins bonne résistance au stress
De l’anxiété
Parfois une dépression chronique
Une tendance à l’accumulation de graisse abdominale
Une difficulté à prendre de la masse musculaire, ou à la maintenir
Une grande fatigue (physique et émotionnelle)
Une libido moindre ou absente
Difficulté ou impossibilité à avoir des érections
Un sommeil perturbé
Parfois une perte de cheveux
Une résistance à l’insuline, voire du diabète de type 2
Du surpoids, voire de l’obésité
En définitive, vous ne vous sentez vraiment pas bien, et pour couronner le tout, vous pouvez rester très longtemps ainsi si vous n’avez pas l’opportunité de tomber sur un médecin ou un thérapeute qui maîtrise bien le sujet. En effet, il existe un « vide médical » pour le manque de testostérone qui ne serait pas franc sur les résultats sanguins. On peut donc vous dire « votre taux de testostérone est normal, tout va bien » ou encore "vous êtes en andropause". Combien de fois l’on m’a rapporté ce genre de phrase en consultation, alors que la testostérone est clairement dans la fourchette basse pour des raisons évidentes…
Assurément, il n’est pas nécessaire d’avoir une testostérone inexistante pour commencer à développer les nombreux symptômes que j’ai cités. A vrai dire, les normes actuelles pour la testostérone se sont malheureusement calquées sur le niveau de testostérone des hommes de notre époque, c’est-à-dire trop bas.
Pourquoi un manque de testostérone chez les hommes depuis quelques années ?
Le manque de testostérone touche beaucoup d’hommes à l’heure actuelle et depuis des années.
Il est généralement admis que les niveaux de testostérone sérique chez les hommes baissent avec l'âge, que c'est un processus normal, allant de 0,2 à 0,8 %/an de diminution.
Cependant, une autre explication alternative pourrait être qu'il existe une baisse des niveaux de testostérone, car les hommes étudiés il y a 20 ans avaient des niveaux de testostérone sérique plus élevés que les hommes du même âge étudiés aujourd'hui.
On pense que la perte de testostérone sérique est une caractéristique du vieillissement chronologique masculin. Et la testostérone sérique faible a été associée à de nombreux problèmes de santé liés à l'âge, notamment l'obésité abdominale, le diabète et les états prédiabétiques (tels que la résistance à l'insuline, l'intolérance au glucose et le syndrome métabolique), la dyslipidémie, la faible masse osseuse et musculaire, les troubles sexuels fonctionnels, humeur dépressive, fragilité et diminution de la qualité de vie.
De multiples études ont démontré que les niveaux totaux de testostérone étaient plus faibles dans les derniers cycles (2011-2016) que dans les cycles antérieurs (1999-2000) et dans T1 (1987-1989) par rapport à T2 (1995-1997). Un indice de masse corporelle (IMC) élevé était associé à une testostérone inférieure, mais la tendance restait significative même chez les hommes ayant un IMC normal. La carence globale en testostérone a une prévalence de 20% chez les adolescents et les jeunes adultes de sexe masculin.
Quelles sont les causes d’un déficit en testostérone chez l'homme ?
Au cours des 100 dernières années, il y a eu un changement majeur dans la nutrition, la médecine et le mode de vie d'un être humain.
Développement d'antibiotiques
Dans notre corps, des bactéries bénéfiques nous protègent contre les éléments pathogènes. À l'ère pré-antibiotique, les bactéries symbiotiques étaient la seule défense contre les infections. De nos jours, sous l'influence de la thérapie antibactérienne, nous avons perdu les propriétés biochimiques et immunogènes des bactéries bénéfiques, car il n'y a presque plus de personnes de l'ère pré-antibiotique de nos jours. La loi fondamentale de la nature a été violée - la symbiose !
Nos espèces endémiques naturelles ont été complètement détruites, ce qui a permis aux agents pathogènes de prospérer, causant différents problèmes de santé. Des études démontrent le lien entre la dysbiose intestinale et le déficit en testostérone. Les patients à faible taux de testostérone sérique ont tendance à avoir une abondance accrue d'agents pathogènes opportunistes, ce qui peut être lié à l'apparition et au développement d'une carence en testostérone, très probablement par une absorption compromise des nutriments nécessaires.
Facteurs environnementaux
Des recherches sur les tribus amérindiennes ont montré que des niveaux plus élevés de biphényles polychlorés (PCB; un composant des liquides de refroidissement industriels, comme plastifiant et dans de nombreuses autres applications industrielles) dans les systèmes des hommes étaient associés à une baisse du taux de testostérone. Il a été démontré que d'autres produits chimiques tels que le bisphénol A (BPA ; plastique, papier thermique) et le triclosan (un agent antibactérien) perturbent le système hormonal humain, soit en imitant l'œstrogène, soit en bloquant l'activité de la testostérone (9 ) . Ces produits chimiques lorsqu'ils pénètrent dans l'environnement et dans la chaîne alimentaire. Ils sont très difficiles à éliminer, ils s'accumulent dans les tissus adipeux, compromettant le travail du système endocrinien.
L'exposition aux perturbateurs endocriniens a un impact important sur le développement de l'enfant. L'exposition in utero aux perturbateurs endocriniens antiandrogènes, en particulier à une période sensible du développement testiculaire fœtal, la soi-disant «fenêtre de programmation de la masculinisation», peut perturber le développement et la fonction testiculaire.
Excès de sucre dans l'alimentation
On sait que l'industrie sucrière a payé des scientifiques dans les années 1960 pour minimiser le lien entre le sucre et les maladies cardiaques et diaboliser les graisses saturées à la place. Les documents internes de l'industrie sucrière, récemment découverts par un chercheur de l'Université de Californie à San Francisco et publiés dans JAMA Internal Medicine , suggèrent que cinq décennies de recherche sur le rôle de la nutrition et des maladies cardiaques, y compris de nombreuses recommandations diététiques actuelles, pourraient ont été largement façonnées par l'industrie sucrière.
Cet événement historique pendant des décennies a obligé les gens à éviter les aliments hautement nutritifs, tels que la viande rouge, le beurre et les jaunes d'œufs et à laisser passer les céréales et les friandises sucrées, préjudiciables à la santé de générations. Par exemple, la consommation de boissons sucrées est significativement associée à un faible taux de testostérone sérique chez les hommes de 20 à 39 ans aux États-Unis.
Mode de vie sédentaire
Avec la modernisation et l'urbanisation croissantes, l'épidémie d'obésité est désormais un problème mondial. Le fait que les hommes obèses ont un taux de testostérone inférieur à celui des hommes minces est reconnu depuis plusieurs décennies. Malheureusement, les comportements sédentaires font de plus en plus partie de la vie moderne, y compris les transports, le travail et les loisirs. Outre le travail et le sommeil, regarder la télévision et d'autres « temps passés devant un écran » est l'activité la plus courante dans de nombreux pays et représente de nombreuses heures de comportement sédentaire.
Ignorer les rythmes circadiens
L'humain est conçu d'une manière qui permet de fonctionner selon les cycles de la nature. Le rythme circadien est un mécanisme qui pilote les cycles internes de 24 heures dans notre corps. Lorsqu'il est correctement aligné, un rythme circadien peut favoriser un sommeil constant et réparateur. Mais lorsque ce rythme circadien est perturbé, cela peut créer des problèmes de sommeil importants, notamment des insomnies. Des études démontrent que les rythmes circadiens jouent un rôle essentiel dans de nombreux aspects de la santé physique et mentale.
Pour que les rythmes circadiens fonctionnent correctement, nous avons besoin d'une exposition suffisante au soleil et aussi de l'obscurité pendant notre sommeil. Le manque de sommeil normal diminue la leptine (l'hormone de la satiété) et augmente la ghréline (l'hormone de la faim). Malheureusement, la vie moderne perturbe nos cycles par la sédentarité et la contamination des lumières artificielles et des gadgets. Il existe un lien direct entre le manque de sommeil et une exposition solaire insuffisante au niveau de la testostérone.
Carences nutritionnelles
Le dernier facteur important, mais non le moindre, est la nutrition qui nous fournit des éléments de base non seulement pour la reconstruction des tissus, mais aussi pour le bon fonctionnement de tous les organes et systèmes, y compris le système hormonal. Les carences en nutriments empêchent de fabriquer de la testostérone, car le substrat (la source) des réactions biochimiques dans l'organisme est essentiel. Ce que nous mangeons est important. Par exemple, le développement testiculaire est sensible à un régime à base de soja pendant la période néonatale.
Environ 30 % des nourrissons aux États-Unis sont exposés à de fortes doses d'isoflavones résultant de la consommation de préparations pour nourrissons à base de soja. Le soja contient les isoflavones génistine et daidzine, qui sont hydrolysées dans le tractus gastro-intestinal en leurs aglycones génistéine et daidzéine. Les deux aglycones possèdent une activité hormonale et peuvent interférer avec le développement reproducteur masculin.
Travailler avec moi pour corriger son manque de testostérone
Comme je le disais en introduction, on peut naturellement augmenter son taux de testostérone avec des mesures d’hygiène de vie, et c’est mon travail de vous guider. Nos hormones sont le fruit de notre mode de vie et de ce que l’Homme a fait de son environnement. Nul doute que nous sommes allés trop loin, mais vous pouvez vous adapter.
Mes protocoles spécifiques à la testostérone chez les hommes comprennent systématiquement une analyse approfondie et fonctionnelle de vos résultats sanguins. J’utilise des normes fonctionnelles (non celles du laboratoire) pour plus de précision et d’optimisation. Après quoi, je vous explique ce que vous devez faire pour avoir un meilleur taux de testostérone et combattre votre anxiété, votre surpoids, votre fatigue et tout autre symptôme qui découle de ce déficit. Nous abordons de nombreuses choses, parmi lesquelles : nutrition et micronutrition, régularisation de votre horloge biologique et vous claquant sur le rythme circadien selon les saisons, comment optimiser votre sommeil (déterminant dans la synthèse de testostérone), un travail sur votre niveau de stress et votre système nerveux, une amélioration de votre synthèse et sécrétion de dopamine (cruciale pour lancer la production de testostérone) ou encore l’activité physique.
Mes programmes sont complets, car il ne s’agit pas que d’une affaire de nutrition : votre corps décide quelle quantité de testostérone fabriquer (et c’est le cas pour toutes les hormones) à partir de nombreux signaux qu’il perçoit au quotidien.
Si vous êtes concerné, ou si vous pensez l’être, vous pouvez prendre contact avec moi et nous verrons ce que l’on peut mettre en place 😉
Vous êtes-vous déjà demandé quel type ou forme d'hypothyroïdie vous aviez ? Ou bien vous a-t-on laissé penser qu'il n'existe que deux types d'hypothyroïdies : l'hypothyroïdie classique et l'hypothyroïdie d'Hashimoto ?
A travers cet article, j'espère bien vous offrir plus d'explications face à ce vaste sujet. C'est important de comprendre qu'il existe plusieurs types d'hypothyroïdie. C'est essentiel pour que vous soyez correctement pris en charge.
Un regard différent sur l'hypothyroïdie
L'hypothyroïdie n'est (presque) jamais un problème de thyroïde. Lorsque la glande thyroïde fonctionne correctement, le taux métabolique se maintient à un niveau constant. Un rythme ni trop rapide ni trop lent. Lorsque la glande thyroïde ne produit pas suffisamment d'hormones thyroïdiennes, on parle d'hypothyroïdie et le taux métabolique se ralentit généralement.
L'hypothyroïdie, comme la plupart des maladies ou troubles, est un trouble de spectre. Cela signifie qu'il existe différentes phases ou degrés d'hypothyroïdie. Vous pouvez monter et descendre le spectre ou entrer et sortir de différentes phases.
De nombreuses personnes sont aux prises avec des symptômes d'hypothyroïdie et pourtant, leur médecin leur dit qu'elles ne souffrent pas d'hypothyroïdie parce que leur taux d'hormone stimulant la thyroïde (TSH) et de thyroxine (T4) se situent dans les normes du laboratoire. Le modèle médical allopathique actuel ne diagnostique pas un patient comme souffrant d'hypothyroïdie si sa TSH et sa T4 tombent dans les normes du laboratoire. Pourtant, l'hypothyroïdie commence bien avant que les valeurs de laboratoire ne quittent la fourchette "normale". Pour beaucoup, les signes et les symptômes de l'hypothyroïdie sont présents pendant des années, voire des décennies. Les mécanismes débutent avant que leurs valeurs de TSH et de T4 ne se situent hors des limites du laboratoire.
Le modèle médical allopathique croit que lorsque la glande thyroïde devient malade, cela se traduit par des niveaux insuffisants d'hormones thyroïdiennes dans le sang. Ce n'est pas systématique.
Et dès lors qu'on vous diagnostique avec une hypothyroïdie, on vous prescrit de l'hormone thyroïdienne pour augmenter la T4 et abaisser la TSH. Mais nos hormones doivent encore atteindre nos cellules et leurs récepteurs propres.
Pour de nombreux patients, les médicaments à base d'hormones thyroïdiennes sont insuffisants. Ils n'améliorent pas à eux seuls les symptômes. Beaucoup continuent d'éprouver les mêmes symptômes qu'avant de commencer à prendre des médicaments.
Fatigue ou le manque d'énergie
Les problèmes intestinaux : constipation, ballonnements, douleurs...
Les problèmes de poids
L'amincissement ou la perte de cheveux
La faible libido
Le brouillard mental, l'impression d'avoir l'esprit brumeux
L'anxiété et la dépression
Les problèmes de sommeil : somnolence, hypersomnie, réveils nocturnes...
Une foule d'autres symptômes et défis de santé propres à chacun
Pour la plupart des patients, les symptômes de l'hypothyroïdie commencent bien avant qu'ils ne reçoivent leur diagnostic.
Pas UNE mais DES hypothyroïdies
J'ai toujours trouvé cela logique de chercher à comprendre la cause d'un problème de santé. Je trouve le corps humain si merveilleusement bien fait. Je pars du principe qu'il y a toujours une origine à trouver. Cela ne peut pas être plus évident dans le cadre de l'hypothyroïdie. Plus je reçois de patients en suivi, plus je peux assurément affirmer qu'il existe un large spectre de causes et de formes pour l'hypothyroïdie. Seulement, tous les patients sont traités de la même façon : Lévothyrox. On ne cherche pas toujours à comprendre par quels mécanismes s'est déclarée l'hypothyroïdie. Voici mes exemples.
La thyroïdite d'Hashimoto
Maladie auto-immune de la thyroïde très répandue, la thyroïdite d'Hashimoto est le résultat de l'attaque du système immunitaire contre la thyroïde. Ce n'est donc pas un problème de thyroïde, mais de dysfonctionnement du système immunitaire. On observe une levée de la tolérance immunologique faisant que l'organisme se met à attaquer ses propres tissus, chose anormale. La thyroïdite d'Hashimoto ne répond pas comme les autres maladies auto-immunes aux traitements conventionnels tels que les anti-inflammatoires ou les immunosuppresseurs. La seule alternative proposée par la médecine à l'heure actuelle est l'administration en continu d'un traitement hormonal substitutif (THS) : Lévothyrox, Tcaps etc.
On vient administrer de la thyroxine (T4) pour remplacer la production défaillante de sa propre glande thyroïdienne. Cela soulage, mais ça ne traite pas la cause. Pourquoi le système immunitaire se met à attaquer la glande, jusqu'à la détruire ? Qu'est-ce qui entretient ce phénomène ? Comment l'abaisser, voire le vaincre ?
Sur les analyses, on notera une élévation des anticorps antithyroperoxydase (TPO), éventuellement des anticorps anti-thyroglobuline (Tg), avec une TSH normale dans les premiers stades (et cela peut rester ainsi durant des années. Il est très rare qu'on vous dose les anticorps si votre TSH est normale. Par la suite, à force d'être attaquée, la glande thyroïdienne commencera à dysfonctionner et c'est ici que la TSH commencera à augmenter, et la T4 et T3 diminueront. Vous pouvez donc rester ainsi durant des années, avec des symptômes non révélés sur vos analyses de sang. C'est le début de l'errance médicale.
Vous comprendrez tout le spectre des maladies auto-immunes. Comment elles s'installent progressivement ? Qu'est-ce que vous pouvez faire ? Il n'y a pas de fatalité ! J'ai aidé plusieurs patients à diminuer les niveaux de leurs anticorps antithyroïdiens, et donc l'attaque de la glande thyroïdienne. On réduit ainsi les symptômes et la progression de la maladie. Je précise également qu'on peut détecter des anticorps dirigés contre la thyroïde très tôt, et sans attaque de la glande dans les débuts de la maladie. C'est pourquoi doser les anticorps régulièrement permet de prévenir le problème et d'agir, au lieu de subir.
Hypothyroïdie primaire
Appelée hypothyroïdie subclinique, c'est la forme d'hypothyroïdie la plus souvent associée à des carences nutritionnelles. Ces carences empêchent la glande d'avoir tous les éléments nutritionnels nécessaires à la synthèse complexe de ses hormones. Ce serait à la limite la seule forme d'hypothyroïdie provenant d'un problème propre à la thyroïde, et encore… J'aurais plutôt tendance à dire que la cause première est un problème de mauvaise nutrition.
Dans ce contexte, je fais réaliser à mes patients des analyses complètes. Nous évaluons leurs taux en micronutriments, et je les questionne énormément sur leur alimentation. Bien souvent, on retrouve des personnes qui ne mangent pas assez et qui ne consomment pas certains aliments pourtant déterminants comme les matières grasses, la viande rouge, les œufs etc.
On retrouve sur la prise de sang une TSH normale à élevée, avec une T4 et T3 souvent faibles. La reverse T3 sera faible aussi (mais souvent dans les normes du laboratoire). Les carences classiques sont le fer, l'iode, la vitamine B9 et B12... Mais attention, il faut personnaliser l'approche avec un thérapeute qui sait véritablement lire une analyse de sang, de manière fonctionnelle, pour ne pas passer à côté de quelque chose. Pour ma part, je suis formée à cette façon d'analyser vos prises de sang depuis ma certification de spécialiste en lecture fonctionnelle de la chimie sanguine (functional blood chemistry specialist, FBCS).
La stratégie consiste alors à revoir totalement l'alimentation et corriger rapidement les carences les plus importantes avec des compléments alimentaires de qualité, de formes biodisponibles. C'est un sujet que j'explique de façon détaillée dans mes webinaires ATAVI Les formes de micronutriments dans les compléments alimentaires :
Une forme bien plus courante qu'on ne le pense. L'hypothyroïdie secondaire à l'hypophyse est le résultat d'un dysfonctionnement qui précède la glande thyroïdienne : de l'hypophyse ou glande pituitaire. C'est la glande chargée de produire la TSH, qui ira ensuite stimulée la glande thyroïdienne à produire ses hormones thyroïdiennes. C'est ce que l'on appelle l'axe hypothalamo-hypophyso-thyroïdien (HHT).
Dans cette situation, on remarque sur les résultats sanguins des problématiques généralisées. Cela ne touche pas que la thyroïde mais tous les axes : surrénales et ovaires aussi bien souvent. Et c'est logique : la pituitaire (avec l'hypothalamus) est le véritable chef d'orchestre de notre système endocrinien.
On retrouve de faibles niveaux d'hormones thyroïdiennes mais aussi de TSH, ce qui n'est pas logique pour la plupart des médecins et vous laisse dans une errance médicale certaine. C'est une hypothyroïdie secondaire classiquement due à un stress important, des traumatismes à la fois psychiques et/ou physiques. La sous-nutrition ou malnutrition est une cause courante : l'hypophyse, et plus globalement tout le cerveau, déteste la restriction alimentaire, les régimes etc. Un faible apport calorique prolongé, voire l'anorexie ou boulimie, peuvent conduire à cette forme d'hypothyroïdie. Les alimentations faibles en protéines également. Un travail psychologique, en parallèle de celui nutritionnel est souvent nécessaire.
Hypothyroïdie cellulaire
Il s'agit sûrement de la forme la plus inconnue d'hypothyroïdie. Pourtant, elle explique beaucoup de symptômes récalcitrants au traitement et aux mesures alimentaires.
Les symptômes d'hypothyroïdie ne sont pas nécessairement causés par un dysfonctionnement de la glande thyroïde. Vous pouvez avoir un niveau normal d'hormones thyroïdiennes en circulation dans le sang. Au contraire, l'hypothyroïdie se déclenche bien souvent au niveau cellulaire, un concept appelé hypothyroïdie cellulaire. L'hypothyroïdie cellulaire n'est pas un nouveau concept dans la physiologie thyroïdienne. C'est seulement un concept qui a été négligé par la médecine allopathique au cours des dernières décennies. Il est aussi très mal compris par les médecins et les patients.
Lorsque les cellules de votre corps ont un niveau d'hormones thyroïdiennes insuffisant, le niveau réduit d'hormone thyroïdienne dans vos cellules déclenche des symptômes d'hypothyroïdie. Si vous souffrez de symptômes d'hypothyroïdie chroniques, il n'y a pas suffisamment de T3 atteignant le noyau de vos cellules.
Vous pouvez avoir des symptômes d'hypothyroïdie pendant des jours, des semaines, des mois ou des années avec des valeurs de laboratoire normales de TSH et de T4, et avec une glande thyroïde fonctionnant normalement. Vous ne pouvez pas mesurer ce qui se passe dans vos cellules périphériques avec une TSH et une T4.
La raison pour laquelle vous avez des symptômes n'est pas le résultat d'un mauvais fonctionnement de la glande thyroïde, mais de la fonction cellulaire. La glande thyroïde produit l'hormone thyroïdienne en vrac et la déverse dans la circulation sanguine. Mais ce sont les cellules et les tissus individuels qui déterminent comment cette hormone thyroïdienne va être utilisée. Elle peut être activée ou désactivée en fonction de l'état des cellules et des tissus. Lorsque l'effet net de la physiologie thyroïdienne dans la cellule favorise la désactivation, le métabolisme est ralenti et vous développez une hypothyroïdie cellulaire et des symptômes d'hypothyroïdie. Cela peut se produire avec une TSH et T4 normales, et une glande thyroïde fonctionnant parfaitement.
Si vous avez des symptômes d'hypothyroïdie, vous pouvez très bien avoir une hypothyroïdie cellulaire. L'hormone T3 est désactivée au niveau cellulaire. C'est tout l'intérêt de comprendre la cause originelle.
Hypothyroïdie par syndrome de T3 faible
Cette forme se manifeste lorsqu'il vous manque les nutriments impliqués dans la conversion de T4 en T3 (forme biologiquement active). Vous pouvez avoir une TSH normale et une T4 normale voire élevée (car la conversion se fait mal). La T3 est souvent faible, ainsi que la reverse T3.
Ici encore, il s'agira de combler les carences et de travailler particulièrement sur les organes principaux de conversion. Exemples : foie, intestin, reins, tissus particulièrement riches en désiodases.
Hypothyroïdie due à une TBG élevée
LA forme induite par la pilule contraceptive principalement. Elle se produit quand il y a une élévation des protéines de liaison (thyroxine binding globulin, ou TBG). Cela rend moins disponibles les hormones thyroïdiennes pour les cellules (puisqu'elles restent liées, et non libres). La cause la plus fréquente est l'excès d'œstrogènes. Les œstrogènes augmentent la quantité de TBG. La plupart du temps ce phénomène est dû à la contraception hormonale de la femme. Ce peut également être à cause d'une dysbiose intestinale.
La TSH pourra être normale ou subclinique, avec une T4 totale normale (voire élevée) mais une T4 libre légèrement basse.
Le mot de la fin
Vous pourrez constater que la physiologie thyroïdienne est particulièrement complexe. Elle demande une grande expertise pour comprendre d'où provient concrètement le problème, afin de traiter la maladie à sa source. C'est cela, effectuer un travail "fonctionnel". C'est une enquête de terrain, on cherche les indices, on prend en compte les symptômes et on avance progressivement. Il est largement préférable de se faire accompagner car il est souvent difficile d'y parvenir seul sans les connaissances nécessaires. Mais vous pouvez aussi choisir de vouloir vous former et comprendre seul (et c'est très bien aussi !). Pour cette raison, vous pouvez retrouver sur ATAVI mon cours La glande thyroïdienne et métabolisme des hormones thyroïdiennes. Pour rappel, les abonnés d'Atavi.fr ont la possibilité de participer à notre tirage au sort mensuel. Vous pouvez espérer gagner une consultation avec moi. Vous pouvez aussi me contacter ici pour un suivi.
Prenez soin de vous (et de votre thyroïde !) 💙
Peut-on affirmer que le syndrome de l'intestin irritable est un vrai diagnostic ?
Vous avez peut-être reçu le diagnostic de « syndrome de l’intestin irritable » (SII), ou « côlon irritable », « colopathie fonctionnelle ». Tous ces termes sont interchangeables et désignent un syndrome dont souffrent beaucoup de personnes.
Connaissant bien les maladies intestinales, je n’ai jamais été satisfaite de ce diagnostic. Je pense qu’on ne creuse pas assez loin les recherches en médecine conventionnelle (à moins que vous soyez accompagné par un super gastro-entérologue !).
Pour rappel, un syndrome est un ensemble de symptômes. Il ne s’agit pas d’une maladie à proprement parlé (donc, pas un diagnostic franc). Ce sont des labels que l’on colle sur une symptomatologie, et pour lesquels les traitements ne sont pas clairement établis. Après tout, comment bien traiter sans creuser la cause ?
Toutefois, je ne dis pas qu’identifier le problème est chose facile, loin de là. D’ailleurs, c’est bien souvent un ensemble de phénomènes à l’œuvre.
Quoi qu’il en soit, sachez qu’il existe plusieurs types de syndrome de l’intestin irritable, et que le connaitre est déjà un bon point de départ. Nous avons quatre types :
le syndrome de l’intestin irritable associé à de la diarrhée (SII-D)
le syndrome de l’intestin irritable associé à de la constipation (SII-C)
le syndrome de l’intestin irritable mixte (SII-M)
le syndrome de l’intestin irritable inclassable (SII-U)
Donc, chacun des types de SII se désigne en relation avec l'expérience des selles. Certaines personnes atteintes du SII alterneront entre elles au fil du temps. Je vous les présente ici, mais voyons d’abord la question du diagnostic.
Comment se passe le « diagnostic » du SII ?
Bien qu'il existe plusieurs types de SII, dans la plupart des cas, ce sont les femmes qui sont les plus susceptibles de développer le syndrome (environ deux fois plus que les hommes). Il n'existe aucun test spécifique pour diagnostiquer définitivement le syndrome de l’intestin irritable. Votre médecin est susceptible de commencer par un historique médical complet, un examen physique et des tests pour exclure d'autres conditions, telles que la maladie cœliaque et les maladies inflammatoires de l'intestin (MICI) comme la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique (RCH). Une fois que les autres conditions auront été exclues, votre médecin utilisera probablement l'un de ces ensembles de critères de diagnostic du syndrome de l'intestin irritable.
Critères de Rome IV
Ces critères comprennent des douleurs et des troubles digestifs ayant eu lieu en moyenne au moins un jour par semaine au cours des trois derniers mois. Cela doit également se produire avec au moins deux des éléments suivants : Douleur et inconfort liés à la défécation, un changement dans la fréquence des défécations ou un changement dans la consistance des selles.
Douleur abdominale récurrente survenant en moyenne au moins 1 jour par semaine dans les 3 derniers mois avec au moins 2 des critères suivants : - Associée à la défécation. - Associée à une modification de la fréquence des selles. - Associée à une modification de la consistance (aspect) des selles.
Les sous-groupes se définissent en fonction de la consistance des selles selon l’échelle de Bristol* (voir schéma ci-dessous)
SII avec constipation prédominante (SII-C) : Bristol 1-2 ≥ 25 % du temps et Bristol 6-7 ≤ 25 % du temps
SII avec diarrhée prédominante (SII-D) : Bristol 6-7 ≥ 25 % du temps et Bristol 1-2 ≤ 25 % du temps.
SII avec alternance diarrhée-constipation (SII-M) : Bristol 1-2 25 % du temps et Bristol 6-7 25 % du temps.
SII non spécifié : absence de critères suffisants pour répondre aux critères du SII-C, SII-D ou SII-M.
Echelle de Bristol
Il s'agit d'un critère d'évaluation schématique des selles pertinent et utilisé depuis longtemps en médecine. Je ne répèterais jamais assez l'importance élémentaire de prêter attention à l'aspect de ses selles, mais aussi leur couleur et autres critères. Il s'agit d'un marqueur capital de santé et cela fait systématiquement partie de mes questions en consultations et de mes critères pour juger de votre évolution en suivi. Cette échelle fait partie intégrante de l'évaluation clinique pour le SII.
Les patients qui ont majoritairement des selles Bristol 1-2 sont plutôt de type SII-C, et ceux qui ont le plus souvent des selles Bristol 6-7 sont considérés SII-D. Les critères se réfèrent aux 3 derniers mois, et le début des symptômes doit dater de minimum 6 mois, et sans traitement pour ne pas altérer les observations cliniques.
Tests supplémentaires
Votre médecin peut recommander plusieurs tests, y compris des analyses de selles pour vérifier une éventuelle infection. Les études de selles peuvent également vérifier si votre intestin a du mal à absorber les nutriments (malabsorption). L'objectif est d'exclure d'autres causes de vos symptômes. La procédure de diagnostic différentiel peut inclure différents examens.
Examens physiques
Coloscopie - Le médecin utilise un petit tube flexible pour examiner toute la longueur du côlon.
TDM (scanner abdominal) - Ce test produit des images de votre abdomen et de votre bassin qui pourraient exclure d'autres causes de vos symptômes, surtout si vous avez des douleurs au ventre.
Endoscopie haute - Un long tube flexible est inséré dans votre gorge et dans l'œsophage, qui est le tube reliant votre bouche et votre estomac. Une caméra à l'extrémité du tube permet à au médecin de visualiser votre tube digestif supérieur. Lors d'une endoscopie, on peut réaliser un prélèvement d'un échantillon de tissu (biopsie). Cet échantillon peut permettre de rechercher une prolifération de bactéries. Une endoscopie peut être recommandée en cas de suspicion de maladie cœliaque.
Les tests de laboratoire
Tests d'intolérance au lactose - La lactase est une enzyme dont vous avez besoin pour digérer le sucre présent dans les produits laitiers, le lactose. Si vous ne produisez pas de lactase, vous pourriez avoir des problèmes similaires à ceux causés par le SII , notamment des douleurs abdominales, des gaz et de la diarrhée. Votre médecin peut aussi vous demander de retirer le lait et les produits laitiers de votre alimentation pendant plusieurs semaines afin de voir si vos symptômes disparaissent ou s'amenuisent.
Test respiratoire pour la prolifération bactérienne - Un test respiratoire peut également déterminer si vous avez une prolifération bactérienne dans votre intestin grêle. La prolifération bactérienne est plus fréquente chez les personnes qui ont subi une chirurgie intestinale ou qui souffrent de diabète ou d'une autre maladie qui ralentit la digestion (mais il existe bien d'autres causes encore).
Tests de selles. Vos selles pourraient être examinées pour détecter des bactéries, des parasites ou champignons et levures. Malheureusement, les tests prescrits en médecine classique sont insuffisants et loupent plein de choses.
Zoom sur les différents types de syndrome de l'intestin irritable
Comme nous l'avons vu, le syndrome de l'intestin irritable se divise en quatre types, en fonction de vos symptômes : constipation prédominante, diarrhée prédominante, mixte ou non classé.
Syndrome de l’intestin irritable avec diarrhée prédominante (SII-D)
Le SII-diarrhéique est la forme la plus courante du syndrome de l'intestin irritable. Il faut que plus de 25 % de vos selles soient molles et moins de 25 % dures et grumeleuses. Lorsque vous souffrez de SII-D, vous ressentez le besoin d'aller aux toilettes plus régulièrement et de façon plus impérieuse.
Les symptômes du SII-D incluent les suivants :
Selles fréquentes
Selles molles
Excès de gaz
Ballonnements et maux de ventre
Troubles du sommeil
Sentiment d'urgence
Syndrome de l’intestin irritable avec constipation prédominante (SII-C)
Cela fait référence au syndrome du côlon irritable avec constipation. Comme son nom l'indique, dans ce type de SII, vous rencontrez moins de selles et de la difficulté lors du passage des selles. Il s'agit d'un type courant de SII, environ 30 % des personnes atteintes de SII sont à dominante constipation. Pour recevoir le diagnostic de SII-C, au moins 25% de vos selles sont dures et grumeleuses et moins de 25% ont une consistance lâche.
Les symptômes du SII-C comprennent :
Selles peu fréquentes
Selles grumeleuses ou dures
Forcer en passant une selle
Une sensation de blocage dans l'anus ou le rectum
Sensation de ne pas évacuer totalement
Gaz, ballonnements et douleurs abdominales
Syndrome de l’intestin irritable mixte (SII-M)
Le SII-M est l'un des types de SII où vous souffrez à la fois de diarrhée et de constipation. Il est appelé syndrome de l'intestin irritable avec selles mixtes. Vous pouvez expérimenter de la constipation ou avoir la diarrhée car vos intestins accélèrent ou ralentissent à différents moments. Par exemple, vous pouvez être constipé le matin puis avoir une diarrhée inattendue l'après-midi.
Pour être diagnostiqué avec SII-M, vos selles sont à la fois dures et grumeleuses, ainsi que de consistance lâche, au moins 25% du temps.
Syndrome de l’intestin irritable inclassifiable (SII-U)
Le quatrième type de SII s'appelle SII-U, ou syndrome de l'intestin irritable non classé (unclassified). Ce type est livré avec un mélange de symptômes. Vous remplissez les critères pour recevoir un diagnostic de SII, mais vos symptômes n'appartiennent à aucune des trois catégories ci-dessus.
Autres SII
En outre, il existe deux sous-types supplémentaires de syndrome de l'intestin irritable, qui surviennent à la suite de maladies du tube digestif : le SII post-infectieux et le SII post-diverticulite.
Comment prendre en charge le syndrome de l'intestin irritable ?
Avec tous les types de SII, le traitement dépend de vos symptômes et déclencheurs spécifiques. Cependant, il existe quelques changements de style de vie simples qui entraînent des améliorations pour tous les cas.
L'activité physique
La recherche montre que des exercices aérobies modérés peuvent aider à améliorer tous les types de SII. Cela inclut des exercices comme le vélo ou la marche rapide. Si votre SII se déclenche avec le stress, l'exercice peut également vous aider à gérer la tension et l'anxiété qui y sont liées. Il a également la capacité de normaliser les contractions de votre gros intestin, ce qui peut soulager la constipation.
Arrêter de fumer
La nicotine peut stimuler votre côlon et entraîner une diarrhée. D'autre part, la recherche montre qu'il peut également ralentir les contractions du côlon chez certaines personnes et provoquer la constipation. Outre la nicotine, la cigarette contient bien d'autres composés néfastes, à commencer par des métaux lourds. Les métaux lourds ont la capacité de remplacer des minéraux et oligo-éléments dans notre corps (particulièrement l'intestin) ce qui fait dysfonctionner nos enzymes et notre système immunitaire. Cela aura pour conséquence d'empêcher le bon déroulement de la digestion, et donc d'induire des symptômes.
Changements alimentaires
La nourriture que vous mangez affecte vos selles. De plus, certains aliments peuvent déclencher vos symptômes du SII. Il est utile de tenir un journal alimentaire afin de suivre tout ce que vous mangez quotidiennement et tout symptôme du SII qui survient après avoir mangé. Ainsi, vous pouvez apporter des modifications éclairées à votre alimentation. La diète FODMAPs est la plus recommandée et communément admise scientifiquement, cependant, elle peut être insuffisante dans bien des cas. Il convient donc de trouver ce qui conviendra à votre corps, même si ça sort des sentiers battus aux perspectives étriquées.
La gestion du stress
Le stress peut aggraver le SII, je dirais même qu'il en est bien souvent à l'origine pour avoir eu en consultations bon nombre de patients présentant ce syndrome. Je dis souvent affectueusement à mes patients : "vous sentez, vous vivez à travers vos tripes". Bien qu'il soit impossible d'éliminer totalement le stress, il est toutefois important d'apprendre à le gérer et également à travailler sur ses traumatismes. Vous pouvez essayer de travailler avec un thérapeute, de commencer un nouveau passe-temps ou de pratiquer la pleine conscience et la méditation, parmi tant d'autres.
Médicament
Selon le type de SII dont vous souffrez, il existe également des médicaments en vente libre et sur ordonnance qui peuvent soulager vos symptômes. Bien sûr, vous devriez consulter un professionnel de la santé avant de prendre tout médicament.
Ma méthode de prise en charge du syndrome de l'intestin irritable
Comme je vous le disais plus haut, je ne me satisfais pas du terme "syndrome". En fait, je pars du principe que le corps est merveilleusement bien fait. Tout symptôme s'interprète comme un indice de quelque chose qui se joue en fond, à identifier. Pour ce faire, il faut enquêter, et c'est ma partie préférée de mon travail. Tout a une explication, par contre il peut être difficile de la trouver, ou cela peut prendre du temps. Donc, armez-vous de patience et entourez-vous de professionnels compétents pour une approche pluridisciplinaire.
En règle générale, le syndrome de l'intestin irritable, peu importe son type, cache bien souvent une dysbiose, de la porosité intestinale, un dysfonctionnement du système nerveux entérique, un trauma à la fois physique ou émotionnel, la présence d'éléments toxiques (métaux lourds, glyphosate, consommation d'additifs alimentaires…), des dérèglements hormonaux et immunitaires, un manque de sécrétions digestives, beaucoup trop de stress (et donc des mesures à prendre), des carences nutritionnelles… L'exploration est par conséquent vaste !
Bref, faisons une enquête de terrain approfondie ensemble, ou rejoignez-moi sur ATAVI 😉
Actuellement, moins vous mangez de viande, plus vous êtes acclamé. Pour beaucoup, la consommation de viande est responsable du réchauffement climatique et de la montée des maladies cardiovasculaires ou des cancers. Je ne rentrerai pas ici dans ce débat, ce n’est pas mon objectif. Loin des lobbies, je choisis de m’intéresser uniquement aux intérêts des produits animaux pour la santé. Et ils sont indéniables. Généralement, les personnes s’étant mises à la diète carnivore l’ont fait à la suite d’une alimentation cétogène. Ils obtenaient déjà des bénéfices, mais il manquait « quelque chose », un petit paramètre à régler pour être pleinement en forme ou mettre en sourdine leur problème de santé. L’alimentation carnivore possède très souvent ce pouvoir. Rares sont les thérapeutes qui la recommandent mais de nombreux témoignages démontrent ses effets, et ses effets ont été enfin documentés par une étude très récente, dont nous allons parler.
Qu’est-ce que l’alimentation carnivore ?
Concept du carnivore
Le régime carnivore (carnivore diet) est une alimentation exclusivement composée de produits animaux. On a vite tendance à croire qu’il s’agit d’une diète hyperprotéinée à la Dukan mais c'est faux. C’est une alimentation qui est d’abord cétogène, et c’est souvent l’erreur de départ faite par les néophytes. En régime carnivore, on mange gras, du gras animal. On varie le plus possible les sources de protéines animales (viandes, poissons, abats, œufs, fromages…) et matières grasses animales (beurre, suif, graisse de canard…). Vous vous dites sûrement « c’est le cocktail parfait pour une mauvaise santé » mais il y a eu un lavage de cerveau tel sur le cholestérol et la viande rouge, que personne n’admet objectivement les puissants effets de ces nutriments sur notre santé. Donc, le concept est simple : on ne mange que des produits animaux gras et on se fait accompagner au besoin.
Degrés d’application
Il existe divers degrés d’application, comme vous pouvez le voir sur le schéma suivant. En fait, tout dépend du sujet et de ses objectifs. généralement, on effectue une diète carnivore dans l’optique de mettre en rémission une pathologie, très souvent auto-immune, inflammatoire ou digestive. Les personnes vraiment malades auront tout intérêt à basculer vers une version stricte, alors que ceux qui le font à titre récréatif, pour tester et se sentir en forme peuvent se permettre des incartades végétales, bien qu’on s’éloigne du but premier.
Les intérêts du carnivore
Augmentation drastique de la densité nutritionnelle
Réduction des sources alimentaires inflammatoires (anti-nutriments)
Certes, cette étude n'est pas parfaite. Que peut-on relever de négatif ?
Les participants à l'étude ont un biais émotionnel (beaucoup réclamaient cette étude)
David S. Ludwig déclare ses conflits d’intérêts : royalties pour ses livres sur l'alimentation LCHF, programmes éducatifs sur la nutrition, business de consulting
Belinda S. Lennerz et Owen H. Henn déclarent avoir reçu le soutien du National Institute of diabetes and digestive and kidney diseases
Jacob T. Mey déclare avoir reçu une bourse de formation du National center for complementary and integrative health
Cette étude ne prend pas en compte l’hygiène de vie globale, seulement l’alimentation
Aucune directive des portions, macronutriments et micronutriments, consommation d’abats ou produits laitiers.
Cependant, tous déclarent n’avoir eu aucune implication, seuls les sondés ont fait part de leur expérience.
Les chercheurs ont recruté des personnes majeures suivant un régime carnivore depuis au moins 6 mois (médiane à 14 mois) dans les communautés carnivores (groupes Facebook, Instagram, Reddit etc). La récolte de données s’effectuait à l’aide de questionnaires durant 3 mois. Parmi les troubles chroniques ayant motivé les participants a débuté une alimentation carnivore, il y avait : allergies et intolérances alimentaires, maladies auto-immunes, problèmes de peau, troubles du transit, inflammation. Finalement, ce sont 2029 répondants éligibles qui ont pu participer à l’étude.
Etude carnivore : résultats anthropométriques et biologiques
Nous observons ici des améliorations de la composition corporelle, de l'inflammation (CRP), de la triglycéridémie et des gamma GT. Les transaminases et créatinine sont sensiblement les mêmes. Le HDL a augmenté (facteur favorable de la fonction cardiovasculaire). Le cholestérol total et cholestérol LDL ont augmenté car il y a une plus grande consommation de cholestérol. Cependant, si vous êtes familier avec les derniers travaux sur le cholestérol (ou les bouquins de Michel de Lorgeril), vous savez que ce n’est pas vraiment un soucis, surtout lorsqu’on constate une diminution des triglycérides (véritable facteur de risque cardiovasculaire), du CAC (Score calcique) et hausse du HDL.
Résultats des conditions pathologiques chroniques
La chose la plus frappante dans ces données est le grand succès rencontré pour les personnes atteintes de diabète (à la fois diabète de type 1 et diabète de type 2). Beaucoup sont parvenus à diminuer leurs injections et/ou unités d’insuline (92 %). Également, les anti-diabétiques oraux ont été drastiquement réduits (84 %). Finalement, ces résultats sont logiques : les protéines on un fort pouvoir de contrôle de la glycémie. L’impact sur les reins est favorable. En effet, malgré ce que l’on pense souvent, les néphrons (unité fonctionnelle du rein) adorent carburer aux cétones et le contrôle de la glycémie permet de diminuer l’impact sur les reins 😉
Résultats des changements des marqueurs de santé
Ici, les chiffres parlent d’eux-mêmes… 95 % ont ressenti une amélioration de leur santé générale. 91 % ont observé une diminution de leur faim et fringales (meilleure régulation de la glycémie grâce aux protéines et aux graisse). 69 % ont eu une amélioration du sommeil. Cela me permet de rebondir sur la vieille croyance qui dit que les protéines « excitent » et qu’il faut les éviter le soir, notamment chez les enfants. J’ai moi-même expérimenté un meilleur sommeil en carnivore, et mes consultants me le rapportent également, ne serait-ce qu’en alimentation cétogène classique. C’est simple puisque glycémie stable = bon sommeil 😊
Etude carnivore : les effets secondaires négatifs
Voici les effets secondaires indésirables rapportés (certains étaient déjà présents avant de débuter la diète) :
Diarrhée 5,5 %
Constipation 3,1 %
Prise de poids 2,3 %
Crampes musculaires 4 %
Perte de cheveux ou affinement 1,9 %
Arythmie 1,1 %
Peau sèche 1,4 %
Démangeaisons 1,1 %
Insomnie 1,7 %
Ongles cassants 1,1 %
Tout autre effet indésirable < 1 %
Mais ces effets n’ont pas été liés aux différences d'application (prise de compléments alimentaires, inclusion d’abats ou produits laitiers).
Conclusion
Finalement, l’alimentation carnivore n’a rien de nouveau. En effet, elle était utilisée par des médecins avant l’arrivée de l’insulinothérapie dans le cadre du traitement du diabète. Aussi, elle avait également été mise en avant par l’explorateur Vilhjalmur Stefansson. Cet homme avait effectué des expéditions aux côtés de populations arctiques pour qui l’alimentation était exclusivement animale. Stefansson avait décidé de continuer cette façon de s’alimenter tout en étant suivi par une équipe scientifique. Au bout d’une année, il était en parfaite santé. Fait intéressant, il avait tenté de ne consommer que des protéines maigres mais sa santé avait décliné. Cela montre bien qu’il ne s’agit en aucun cas d’une alimentation hyperprotéinée mais cétogène. A l'avenir, d’autres recherches seront les bienvenues afin d'encadrer davantage sa pratique dans la gestion de nombreuses pathologies.
La candidose digestive est une affection particulièrement difficile à éradiquer. Plusieurs choses peuvent concourir à diminuer l’efficacité de notre système immunitaire à combattre les pathogènes ou maintenir certaines populations bactériennes et fongiques dans des normes saines. Tout bon thérapeute le sait et devrait être honnête avec vous quant à la durée du traitement. Un protocole anti-candidose requiert du temps car il faut travailler en profondeur le terrain global de l’individu. Comme nous allons le voir, plusieurs causes sont possibles et peuvent agir simultanément. Traiter le champignon est une chose, mais s’attaquer à la véritable raison qui a laissé le champignon proliférer en est une autre (sinon, la candidose reviendra).
Et si vous souhaitez approfondir et soigner une bonne fois pour toute votre candidose digestive, ma plateforme de santé fonctionnelle Atavi.fr a été pensée et créée pour ça. Par exemple, vous pouvez d'ores et déjà retrouver le webinaire Décoder la candidose digestive où j'explique tout mon protocole pas-à-pas !
Candidose et médicaments
Les médicaments sont en première tête de cette liste. Généralement, il s’agit d’une antibiothérapie à l’origine du trouble. Les antibiotiques tuent les bactéries, même celles qui nous sont absolument essentielles pour être en bonne santé. Ils peuvent être absolument nécessaires pour certaines situations, mais sont également surexploités. L’utilisation des antibiotiques devrait systématiquement être accompagnée d’un apport en probiotiques afin de réensemencer la flore et éviter des désagréments tels que la candidose, mais dans les faits, cela est peu pratiqué. Si votre médecin ne vous prescrit pas des probiotiques en complément (ou même des mesures alimentaires), je vous recommande de vous rapprocher d’un naturopathe qui saura comment limiter les effets secondaires du traitement.
Mais les antibiotiques ne sont pas les seuls à pouvoir être l’origine d’une mycose intestinale. Beaucoup de médicaments y contribuent :
Les immunosuppresseurs
Les agents contraceptifs
Les anti-inflammatoires
Les anxiolytiques et anti-dépresseurs
Tous ces médicaments modifient la chimie de votre environnement intestinal. Le sujet ici est la candidose digestive, mais sachez que d’autres effets secondaires sont possibles.
Intestin poreux (ou leaky gut)
La porosité intestinale est un autre grand facteur de candidose digestive. Elle peut résulter d’une utilisation excessive de médicaments, mais aussi d’une alimentation inadaptée, des métaux lourds, des mycotoxines, des toxines et du stress. Normalement, l’intégrité de la paroi intestinale est maintenue grâce à un microbiote efficace. Si ce microbiote est altéré, c’est la porte ouverte à une inflammation localisée où peuvent proliférer les pathogènes, et où les toxines peuvent entrer dans la circulation sanguine. C’est pourquoi les stades de candidose avancés présentent des signes systémiques. Un intestin poreux prend du temps à se réparer et nécessite une hygiène de vie suivie assidument.
Stress
Le stress… Un mot qui revient souvent pour beaucoup de problématiques, sans pour autant que son réel enjeu ne soit saisi. Le stress chronique est un véritable tueur silencieux, impliqué dans la plupart des maladies chroniques. Pourquoi ? Parce qu’il a un effet direct et profond sur nos cellules et hormones. Il affaiblit le système immunitaire et génère un stress oxydatif.
Mais bien que l’on pense souvent au stress comme quelque chose d’inhérent à un boulot que nous n’aimons pas, il faut absolument élargir cette vision si l’on souhaite se débarrasser de sa candidose. Il existe une multitude de formes de stress, dont certaines que vous ne percevez pas forcément :
Le manque de sommeil et/ou sommeil non réparateur
Le manque d’ensoleillement
Traumatismes
Travail posté/ de nuit
Exposition à des toxines (pesticides, métaux lourds, moisissures…)
Eau de mauvaise qualité
Mauvaise alimentation
Charge mentale
Trop de sport ou au contraire pas assez
Ecrans bleus
EMF
Consommation excessive d’alcool
Médication
Maladie
Vous l’aurez compris, le stress chronique n’est pas l’apanage des personnes anxieuses de nature. Nous sommes tous continuellement exposés à différentes formes de stress mais sommes peu à nous en prémunir. A réponse au stress, le corps mobilise les glandes surrénales pour sécréter du cortisol. Le cortisol aura un effet immunosuppresseur afin de réduire la réponse inflammatoire du système immunitaire face à ces agressions. Il est donc utile mais il n’est pas souhaitable qu’il soit continuellement élevé car le système immunitaire fini par être déprimé et laisser l’opportunité aux pathogènes de se développer. Un travail sur le nerf vague sera capital également.
Bouleversements hormonaux
Outre la pilule contraceptive, d’autres changements hormonaux peuvent induire une candidose. On peut par exemple observer lors du retour de couche des chamboulements chez la femme (ou même pendant la gestation). D’autres affections comme l’insulinorésistance, la SOPK ou bien un burn-out peuvent faciliter l’installation du champignon.
La candidose digestive favorise les carences… Et inversement !
La nutrition est un facteur de risque tout aussi important que les précédents. Notre alimentation moderne, remplie d’additifs (émulsifiants, colorants, exhausteurs de goût, conservateurs etc) génèrent de véritables attaques inflammatoires contre la barrière intestinale. Ils détériorent notre flore intestinale en diminuant certaines populations bactériennes bénéfiques qui protègent notre intestin d’invasions et proliférations. En particulier, le glyphosate massivement utilisé dans l’agriculture est un enjeu sanitaire colossal.
Il ne faut non plus oublier l’apport en antibiotiques émanant de la consommation de bêtes traitées par antibiothérapie. Beaucoup d’éleveurs font attention à cela et se tournent vers des méthodes plus naturelles, mais dans un souci de productivité, les grands producteurs ont souvent recours aux antibiotiques par prévention et ces résidus se retrouvent dans ce que nous mangeons. Également, l’eau comporte des résidus d’antibiotiques. La solution est de consommer un maximum de produits animaux élevés dans de bonnes conditions respectueuses de l’environnement et des bêtes, et de filtrer l’eau.
Beaucoup de nutriments sont impliqués dans la bonne santé intestinale, soit parce qu'ils constituent le système nerveux, soit la barrière intestinale, ou qu'ils nourrissent notre flore. Il faudra évaluer tout cela avec un praticien pour optimiser votre assiette. De plus, la candidose se nourrissant de certains nutriments, on peut totalement se retrouver carencé en certains, et ce sera le serpent qui se mord la queue.
En définitive, la candidose digestive, si détectée et prise en charge précocement, n'aura pas le temps de causer trop de dégâts. En revanche, plus le champignon est implanté, plus ce sera difficile. N'hésitez pas à voir avec votre médecin pour d'éventuels examens afin rapidement la traiter, notamment si vous présentez des signes tels qu'une grosse appétence pour le sucre, rétention d'eau, brouillard mental, prise de poids, syndrome dépressif, congestion nasale...
Prenez soin de vous !
Le syndrome des ovaires polykystiques est une maladie qui perturbe l’équilibre hormonal féminin. La patiente expérimente des symptômes liés à un déséquilibre hormonal. Mais ne vous y trompez pas… Malgré son nom, le syndrome des ovaires polykystiques n’a rien à voir avec les kystes sur les ovaires. Les kystes qui pourraient être détectés lors d’une échographie (non systématique) sont en fait des follicules qui sont normaux pour l’ovaire. Vous pouvez avoir beaucoup de follicules et avoir encore des hormones normales, et c’est pourquoi une échographie ne peut pas diagnostiquer (ou exclure) la maladie hormonale qu’est le SOPK.
Le SOPK est un excès d’androgènes (hormones mâles élevées chez la femme). Les symptômes récurrents sont l’hirsutisme, perte de cheveux, pilosité excessive à certains endroits (nombril, visage, tétons).
Pour avérer le SOPK, vous avez un taux élevé mesurable par test sanguin d’androgènes (hormones mâles) et/ou une acné importante, de la pilosité faciale ou de la mâchoire (une fois que les autres raisons d’excès d’androgènes ont été exclues).
Parmi les autres raisons qui peuvent expliquer l’excès d’androgènes, nous avons :
L’hyperplasie congénitale des surrénales (environ 9 % des cas d’excès d’androgènes)
Une prolactine élevée
Une contraception hormonale avec un indice d’androgène élevé (progestatif de type testostérone)
Si vous n'avez pas d'excès d'androgènes, vous n'avez pas de SOPK, et ceci est vrai même si vous avez des ovaires polykystiques, et même si vous présentez des règles irrégulières ou absentes. D’autres raisons peuvent expliquer l‘absence de règles, comme l’aménorrhée hypothalamique, qui est très courante. L’aménorrhée hypothalamique peut être due à une sous-alimentation. Eh oui, peut-être vous a-t-on dit que vous aviez un « SOPK maigre », à tort, car il s’agit en réalité d’une aménorrhée hypothalamique.
Et si c’est un SOPK, lequel est-ce ?
Si le SOPK est avéré (hyperandrogénie), l’étape suivante est de déterminer quel est son type ?
SOPK dû à une résistance à l’insuline
La résistance à l’insuline est un état dit prédiabétique. Elle caractérise un syndrome métabolique, autrement dit, l’incapacité de vos cellules à accepter le glucose que votre insuline tente de leur apporter pour le métaboliser. L’insuline est une hormone hypoglycémiante : son rôle est de diminuer la glycémie (taux de glucose dans le sang) car sa valeur élevée est toxique pour l’organisme. Lorsque les cellules ne sont plus réceptives au travail de l’insuline, on dit qu’elles sont insulinorésistantes. Ainsi, le glucose demeure dans le sang et les glycémies sont chroniquement hautes.
La meilleure façon de savoir si vous êtes atteinte d’insulinorésistance est de tester l’insuline, et non la glycémie. L’hémoglobine glyquée est également importante et ne devrait pas être l’apanage des diabétiques.
L’indice HOMA ou QUICKI permettent de mesurer la proportion d’insuline sécrétée pour gérer la glycémie. Si l’un de ces indices est anormal, vous avez une résistance à l’insuline, et un taux élevé d’insuline perturbe le métabolisme des androgènes (en les augmentant). Aussi, il peut être judicieux de vérifier le métabolisme du cortisol et les niveaux de stress de votre organisme.
Environ 70 % des SOPK sont dus à une résistance à l’insuline.
SOPK post-pilule
Pour ce type de SOPK, il est assez facile de l’identifier si vos symptômes ont débuté après que vous ayez cessé de prendre votre pilule contraceptive. Il est assez courant de constater une augmentation temporaire des androgènes à la suite de l’arrêt des pilules contenant :
Vous avez un SOPK post-pilule si vous répondez aux critères du SOPK (excès d'androgènes et autres conditions exclues), que vous n'avez pas de résistance à l'insuline, et que les symptômes ont commencé lorsque vous avez stoppé votre pilule.
Si vous ne venez pas d'arrêter la pilule ou si vous avez eu des problèmes avant même la contraception, passons à autre chose.
Origine inflammatoire
Un état inflammatoire chronique peut totalement stimuler les ovaires à produire plus de testostérone qu’à l’accoutumée. Un taux élevé de testostérone augmente de fait les androgènes et donc… font le berceau du SOPK !
Dans ce cas, l’origine principale du SOPK est l’inflammation, qui agit directement sur la synthèse et sécrétion hormonales. Il faut alors identifier la source de l’inflammation et la traiter. Des marqueurs sanguins peuvent être intéressants à consulter (CRP-US, VS, ferritine, albumine…), sans pour autant permettre un diagnostic. Il s’agit plutôt de prendre un recul global sur la situation, avec l’aide d’un praticien. Un bon thérapeute vous posera des questions sur votre alimentation, sensibilités digestives, douleurs chroniques, stress etc pour identifier avec vous la source de l’inflammation.
Vous souffrez donc d’un SOPK inflammatoire si vous avez un taux élevé d’androgènes, n’avez pas de résistance à l’insuline, n’êtes pas en phase post-pilule, et présentez certains des symptômes suivants :
une affection cutanée chronique comme le psoriasis, l'eczéma ou l'urticaire.
Si vous n'avez pas d'inflammation chronique, passons à autre chose. Avez-vous un SOPK d'origine surrénalienne ?
Origine surrénalienne
La plupart des femmes atteintes du SOPK ont une élévation de tous les androgènes, y compris la testostérone et l'androstènedione des ovaires et la DHEAS des glandes surrénales.
Si vous n'avez qu'un taux élevé de DHEAS (mais une testostérone et une androstènedione normales), vous pourriez avoir un SOPK surrénalien, qui représente environ 10 % des SOPK. Le SOPK surrénalien est similaire à la maladie génétique hyperplasie congénitale des surrénales (HCS).
Le SOPK surrénalien n'est pas provoqué par la résistance à l'insuline ou l'inflammation. Il s'agit d'une régulation à la hausse épigénétique des androgènes surrénaliens.
Et si je présente plusieurs types ?
Vous avez plus d'un type ? Les types sont répertoriés par ordre de priorité.
Donc, si vous souffrez d'une résistance à l'insuline avérée, vous avez un SOPK résistant à l’insuline, même si vous souffrez également d'une inflammation ou d'une survenue de vos symptômes après arrêt de la pilule. Le traitement du SOPK, peu importe son type, nécessite l'intervention d'un thérapeute car lui seul saura totalement personnaliser votre approche, chaque corps de femme étant différent. Un panel d'analyses approfondies est nécessaire pour savoir quel type il faut traiter. Ensuite, le praticien détermine avec vous la stratégie à mettre en place au quotidien. Comptez généralement entre 6 et 9 mois de suivi rigoureux du protocole pour parvenir à venir à bout d'un SOPK.
Prenez soin de vous 😉
Quel lien entre la maladie d'Hashimoto et le microbiote intestinal ?
Avec une prévalence de 10 à 12 %, la maladie d’Hashimoto est le trouble thyroïdien le plus répandu. La thyroïde et la santé digestive sont sûrement mes deux sujets favoris. Leur corrélation est très forte. Cette connexion se nomme en médecine fonctionnelle « thyroid-gut-axis » (pour Axe thyroïde-intestin). Ce lien est capital dans la gestion de la maladie d’Hashimoto. La stratégie allopathique classique consiste à administrer de la thyroxine (hormone T4) au patient afin qu’il ne soit plus en situation d’hypothyroïdie. Dans le contexte de la maladie d’Hashimoto, c’est très souvent insuffisant, voire contre-productif et nous allons voir pourquoi.
Sur ma plateforme de santé fonctionnelle Atavi.fr, j'aborde largement la question d'Hashimoto, maladie pour laquelle vous pouvez retrouver :
La maladie d’Hashimoto est une thyroïdite, soit, une inflammation de la glande thyroïdienne. Le système immunitaire médie l'inflammation. C’est le premier point, et le plus important à comprendre. L’erreur est de croire qu’en ajoutant une hormone pour camoufler les symptômes, on règle le problème. Le souci est que ce n’est très souvent pas le cas. Pourquoi ?
Votre système immunitaire attaque votre glande thyroïdienne. On atteste cela par une prise de sang où l’on dose les anticorps antithyroperoxydases et anti-thyroglobulines. Dès qu’ils reviennent positifs, on diagnostique la maladie d’Hashimoto. Ce n’est donc pas la glande thyroïdienne qui dysfonctionne,c’est le système immunitaire.
Tolérance immunologique et Hashimoto
Notre système immunitaire est censé nous protéger des molécules du non Soi (celles étrangères à notre organisme) et non à attaquer nos molécules du Soi (celles qui nous constituent et que nous produisons). Ici, les cellules immunitaires attaquent soit la thyroperoxydase soit la thyroglobuline, et bien souvent les deux à la fois.
La thyroperoxydase est une enzyme responsable de l’iodation de la thyroglobuline. Elle participe à la synthèse des hormones thyroïdiennes en permettant la fixation de l’iode. La thyroglobuline est une protéine produite par la glande thyroïdienne et servant de précurseur à leur synthèse. On comprend donc que lorsque ces deux éléments sont attaqués par nos propres cellules immunitaires, la glande thyroïdienne ne parvient pas à synthétiser suffisamment d’hormones T4 et T3.
L'intestin et microbiote intestinal, une priorité !
Cette carence en hormones va générer tous les symptômes de l’hypothyroïdie. Rajouter un traitement allopathique avec de la thyroxine ne permet pas d’améliorer à 100 % la situation. En effet, l’attaque immunitaire continue (dans certains cas, le syndrome hypothyroïdien est même exacerbé). Non, la véritable stratégie consiste à travailler sur le système immunitaire. Et sachez une chose… Votre système immunitaire se concentre essentiellement au niveau de l’intestin et du système lymphatique. Est-ce que vous commencez à voir où je veux en venir ?
L’intestin et l’auto-immunité
Les deux maladies auto-immunes de la thyroïde les plus répandues sont la maladie d’Hashimoto et la maladie de Basedow. Souvent, on observe également une autre maladie concomitante telle que le diabète de type 1 ou la maladie cœliaque. Ceci n’est pas un hasard. Le microbiote intestinal est la clé d’une bonne immunité. S’il dysfonctionne, plusieurs maladies peuvent se déclencher, parfois à différents stades de la vie. Le microbiote intestinal se compose d’une multitude de micro-organismes qui constituent une population vivant normalement en symbiose avec nous. La symbiose signifie qu’ils vivent en parfaite harmonie avec nous et que chacun remplit une fonction. Nous faisons office d’hôte, de « maison », nous les nourrissons avec notre alimentation et hygiène de vie. En retour, ces micro-organismes auront des effets bénéfiques sur notre santé et vont en particulier protéger notre barrière intestinale.
Intestin poreux
Si notre microbiote est défaillant, notre barrière intestinale peut être endommagée. C’est ce que l’on appelle la porosité intestinale ou perméabilité intestinale ("leaky gut" en anglais). Comme vous pouvez le voir sur le schéma, une barrière intestinale intègre possède des jonctions serrées. Ce sont des sortes de petites agrafes qui maintiennent les entérocytes collés entre eux, afin que rien ne puisse passer entre et rejoindre la circulation sanguine.
Si les jonctions serrées sont abîmées, des antigènes peuvent passer plus facilement dans la circulation systémique et activer la réponse du système immunitaire ou réagir de manière croisée avec les tissus extra-intestinaux. La dysbiose n’a pas seulement été trouvée dans les conditions auto-immunes, mais également dans le carcinome de la thyroïde grâce à la détection de souches bactériennes cancérigènes et inflammatoires. Il existe de plus en plus de preuves de la présence d’un axe thyroïde-intestin important qui module les maladies auto-immunes. Les patients signalent souvent des changements dans leur qualité de vie et leur fonction thyroïdienne en fonction des changements alimentaires.
Microbiote intestinal
Le microbiote intestinal régule une grande partie de l’homéostasie ainsi que le développement des cellules immunitaires. Il module à la fois le système immunitaire inné et adaptatif, même en dehors de l’intestin et est fondamental dans le développement du tissu lymphoïde associé à l’intestin (GALT) où se trouve plus de 70 % de l’ensemble du système immunitaire. Le GALT joue un rôle important dans le développement de la tolérance aux auto-antigènes en contrôlant ses récepteurs Toll-like (TLR) dans la muqueuse intestinale.
Il existe une corrélation positive entre la concentration de butyrate et le nombre de cellules T régulatrices (TREG) qui sont des médiateurs clés de la tolérance immunitaire, tout comme avec des concentrations plus faibles de cellules Th-17 pro-inflammatoires. Les acides gras à chaîne courte (AGCC) sont capables de renforcer les jonctions serrées intercellulaires avec les hormones thyroïdiennes. Je l'explique en profondeur dans mon webinaire Butyrate et maladies : le couteau suisse. Le système immunitaire lui-même a une influence sur la composition du microbiote gastro-intestinal, ce qui souligne la relation symbiotique.
De plus, les iodothyronine-déiodinases, les enzymes responsables de la conversion de la thyroxine (T4) en sa forme biologiquement active, la triiodothyronine (T3) ou reverse (rT3, forme inactive), ont une activité dans la paroi intestinale. Leur travail peut aussi être entravé par un intestin lésé, conduisant à une hypothyroïdie par défaut de conversion enzymatique.
Enfin, un autre facteur d’influence du microbiote est son effet sur les neurotransmetteurs tels que la dopamine, qui peuvent inhiber la TSH.
L’intestin et le statut micronutritionnel
Le second problème qui s’ajoute bien souvent à la composante auto-immune est la défaillance de la barrière intestinale à remplir sa fonction d’absorption des nutriments. En effet, si elle est lésée (perméable), certains micronutriments ne peuvent pas être transportés à l’intérieur de l’organisme via les entérocytes. Les entérocytes (cellules intestinales spécialisées dans l’absorption des nutriments) possèdent des transporteurs spécifiques à chaque nutriment. En cas d’inflammation à ce niveau, les transporteurs ne peuvent pas travailler et les nutriments restent dans la lumière intestinale (générant bien souvent une multitude de troubles digestifs en plus des carences).
En premier lieu, la composition du microbiote intestinal a une influence sur la biodisponibilité des micronutriments essentiels pour la glande thyroïdienne. Les bactéries intestinales jouent un rôle dans la synthèse des vitamines (K, B9, B2, B3, B5, B6, B8, B12), la digestion des fibres alimentaires (qui pourraient donner du butyrate), la régulation de la réponse immunitaire et les troubles mentaux.
En particulier, l’iode, le fer et le cuivre sont essentiels à la synthèse des hormones thyroïdiennes. Le zinc et le sélénium permettent la conversion de la T4 en T3, et la vitamine D régule la réponse immunitaire. Ces nutriments sont souvent défaillants chez les patients en situation d’hypothyroïdie du fait de leur mauvaise absorption. Le métabolisme des hormones thyroïdiennes est donc directement impacté et renforce le syndrome global.
Conclusion
De plus en plus de données indiquent une corrélation importante entre bactéries intestinales, système immunitaire et fonction thyroïdienne. La dysbiose est une constatation fréquente dans les troubles de la thyroïde. D'une part, elle altère la réponse immunitaire en favorisant l'inflammation et en réduisant la tolérance immunologique. Elle endommage la membrane intestinale et provoque une augmentation de la perméabilité intestinale. Cela conduit à nouveau non seulement à une forte exposition aux antigènes, mais également à une inflammation locale. D'autre part, la dysbiose peut avoir un impact direct sur les niveaux d'hormones thyroïdiennes car l'intestin est un lieu de conversion important.
Le microbiote intestinal influence également l'absorption de minéraux importants pour la thyroïde. Exemples : l'iode, le sélénium, le zinc et le fer. Tous sont essentiels à la fonction thyroïdienne et il existe un lien clair entre le dysfonctionnement thyroïdien et leur malabsorption.
Les probiotiques ont montré des effets bénéfiques dans les maladies de la thyroïde. Ils sont capables d'avoir un effet positif sur les oligo-éléments tels que le sélénium, le zinc et le cuivre.
De plus, les microbes fonctionnent comme un réservoir pour la T3 et sont capables d'empêcher la fluctuation des hormones thyroïdiennes et peuvent ainsi réduire le besoin de supplémentation en T4. Les probiotiques pourraient constituer un traitement adjuvant des maladies thyroïdiennes.
L’intérêt de la nutrithérapie est évident. Les personnes atteintes de la maladie d’Hashimoto ne devraient pas se contenter de prendre uniquement leur traitement allopathique. Se rapprocher d’un praticien en médecine fonctionnelle qui connait le sujet peut vous aider à potentialiser les effets du traitement pour améliorer votre qualité de vie.
Et si vos problèmes de bile, ou de vésicule biliaire, étaient dus à votre thyroïde ?
Carences en vitamines liposolubles, douleurs articulaires, problèmes de peau, sensation nauséeuse après un repas riche, selles de couleur particulière, constipation et/ou diarrhée, ballonnements et gaz, douleurs et inconforts digestifs… Bien des symptômes peuvent être dus à une bile insuffisante. Que ce soit la qualité ou la quantité de bile écoulée qui soit défaillante, il peut être judicieux de suspecter un problème thyroïdien avant d’envisager une chirurgie. Dans ma pratique, mes patients hypothyroïdiens ont souvent été opérés de la vésicule biliaire, soit pour retirer des lithiases, soit pour une ablation totale. En soit, l’ablation n’est pas vraiment un soucis, mais l’opération pourrait souvent être évitée. Quel est le lien entre thyroïde et vésicule biliaire ? Que peut-on faire ?
La bile
Elle est très souvent oubliée. Pourtant, la bile est incontournable pour notre santé. A mon sens, elle ne fait pas suffisamment l’objet d’analyses approfondies et d’une enquête clinique. On peut donc passer à côté d’un problème qui pourrait être amélioré, si ce n’est résolu, par un protocole naturel alimentaire et des compléments. Pour comprendre d’où peut provenir le soucis, une présentation de ce précieux liquide et de ses multiples rôles est indispensable.
Quelle est sa composition ?
Elle est très majoritairement constituée d’eau (environ 95 %), puis de sels biliaires, pigments biliaires (bilirubine conjuguée), cholestérol, acides aminés, enzymes, hormones stéroïdiennes, glutathion, vitamines (D et B) acides gras, lécithine et électrolytes (sodium, chlore, calcium, potassium, bicarbonates), toxines... Sa composition est très importante pour son bon écoulement et rôles dans la digestion et détoxification. Toute perturbation de l’équilibre de ces composés peut engendrer des lithiases par solidification.
Son parcours : le cycle entéro-hépatique
Notre bile est synthétisée par notre foie (1) et déversée via la vésicule biliaire, similaire à une petite poche de stockage, dans le duodénum (2). Ensuite, elle va parcourir l’intestin grêle jusqu’à sa partie distale appelée iléon où les acides aminés issus des sels biliaires seront réabsorbés par l’organisme afin d’être réutilisés (3). On obtient donc des sels biliaires primaires non conjugués qui vont arriver au niveau du caecum pour être également réabsorbés à 85 % (4). Les 15 % vont être convertis en sels biliaires secondaires par les bactéries coliques. A cet instant, les 10 % seront transportés via le système porte pour retourner au foie (5), et les 5 % restants seront évacués par les selles (6). Ces derniers 5 % ont une fonction importante d’hydratation des selles.
Quels sont ses rôles ?
Ils sont nombreux !
La première chose importante que je souligne à nouveau est que le foie synthétise la bile. Le foie est un organe remplissant de multiples fonctions, dont celle de détoxification. Autrement dit, votre foie est soumis continuellement à un flot de toxines (endogènes et exogènes) qu’il filtre du sang, avec l’aide des reins. Cependant, il doit les évacuer et pour ce faire, il les concentre dans la bile, qui sera ensuite disposée dans la vésicule biliaire en attendant d’être expulsée. La bonne évacuation de la bile est donc capitale car elle est la finalité de la détoxification hépatique.
Une fois dans la lumière duodénale, la bile va tamponner l’acidité du bol alimentaire provenant de l’estomac, à l’aide des sucs pancréatiques. Parmi ses constituants, les sels biliaires vont jouer le rôle de transporteur des lipides mangés. En effet, les matières grasses ne sont pas solubles dans l’eau, elles nécessitent un transporteur pour pouvoir progresser dans la lumière intestinale et être acheminées jusqu’aux entérocytes (et les vitamines liposolubles ne sont pas une exception). Elle possède également une fonction antibactérienne pour contrôler la population du grêle.
Connexion entre la thyroïde et la bile
Revenons à la vésicule biliaire… Cette petite poche musculeuse est soumise à des stimuli électriques qui lui permettent de se contracter. Sa contraction permet d’expulser le contenu (la bile) à travers le canal cholédoque afin d’atteindre le duodénum où se trouve les aliments consommés après un repas. Quelles substances provoquent cette stimulation nerveuse ?
Premièrement, la cholécystokinine pancréozymine (CCK-PZ) est la première hormone impliquée. Elle est sécrétée au niveau de la lumière duodénale dès lors que des acides aminés et acides gras sont détectés dans le bol alimentaire, et ce, en vue de justement pourvoir mieux les digérer (la nature est bien faite !). Mais elle n’est pas la seule responsable de ce processus car une bile de qualité et son bon écoulement requièrent bien d’autres processus, très liés à notre thyroïde. Voici donc 6 liens établis entre notre bile et notre thyroïde :
La bile déclenche la synthèse de l’enzyme responsable de la conversion de la T4 (thyroxine) en T3 (triiodothyronine).
Notre flore intestinale joue un grand rôle dans cette conversation également, et est en partie modulée par notre bile.
La T3 permet la relaxation du sphincter d’Oddi (la finalité de l’union entre le canal de Wirsung et le canal cholédoque). Si ce sphincter dysfonctionne, non seulement la bile ne s’écoule pas correctement dans le duodénum, mais les sucs pancréatiques seront également séquestrés. La digestion de tous les nutriments est alors mauvaise et induit des troubles digestifs.
Une altération de la bile entraîne une malabsorption des acides gras et vitamines liposolubles. Des carences en ces nutriments aggravent les troubles thyroïdiens (et impactent toutes nos hormones).
Les personnes ayant une diminution du débit biliaire sont 7 fois plus à risque d’être en hypothyroïdie.
Les hormones thyroïdiennes sont impliquées dans le métabolisme du cholestérol. En cas de trouble thyroïdien, le cholestérol est mal utilisé et plutôt excrété en conséquence via la bile, ce qui peut perturber l’équilibre chimique de la bile et induire des lithiases cholestéroliques.
De plus, une hypoparathyroïdie est également un soucis pour notre bile car le mauvais métabolisme du calcium peut induire une précipitation de ce dernier dans les voies biliaires, générant aussi des lithiases calciques.
Des solutions naturelles non invasives
Dans des situations « urgentes », je suis une grande adepte de l’organothérapie pour remplir le rôle de la bile. Lorsque la production de bile est réellement insuffisante, il est très souvent nécessaire de se supplémenter rapidement. Mes meilleurs suppléments sont le Ox bile de Nutricology et le Grassfed Gallbladder d’Ancestral supplements. La posologie sera toujours à déterminer avec l’aide d’un thérapeute qui maîtrise le sujet. Cette excellente alternative permet de suppléer le travail de la bile en apportant la même composition que notre bile endogène.
Mais dans une optique de médecine fonctionnelle, la cause de l’insuffisance biliaire doit être recherchée et traitée par des solutions naturelles. Premièrement, toute l’alimentation est généralement à revoir. Le manque de synthèse biliaire, sa composition biochimique altérée, ou bien un soucis de sécrétion doivent faire l’objet d’une enquête clinique pour déceler la véritable origine du problème. Les plus grands facteurs alimentaires de troubles biliaires sont généralement :
Une alimentation pauvre en graisses et cholestérol
Une régime très hypocalorique
Des jeûnes prolongés
Une alimentation faible en fer héminique, B9 et B12
Une alimentation pauvre en minéraux
Une mauvaise hydratation
Une alimentation trop glucidique (qui engorge le foie)
Une alimentation hypoprotidique et trop riche en fibres (qui induit une hypochlorhydrie)
Une mauvaise mastication
Il convient donc de corriger ces paramètres dans un premier temps, puis, de corriger le fonctionnement thyroïdien ensuite.
De plus, des plantes très utilisées en médecines chinoise et ayurvédique peuvent aider le foie. Certaines plantes sont dites cholagogues et/ou cholérétiques. Une plante cholagogue va stimuler la synthèse de bile au niveau des hépatocytes alors qu’une plante cholérétique permettra d’augmenter la vidange de la vésicule biliaire. Certaines sont très populaires et reconnues pour leur efficacité. Parmi elles, citons : l’extrait de feuilles d’artichaut, le chardon-marie ou le fenugrec.
Encore une fois, ces solutions très efficaces demeurent des alternatives temporaires pour soulager les symptômes. Il sera nécessaire de travailler en profondeur sur l’origine du trouble. Dans le cas d’un trouble thyroïdien, et selon son étiologie, il faudra corriger l’alimentation, l’hygiène de vie, les émotions et se supplémenter.
En définitive, il est important de ne pas s’arrêter aux symptômes et de rechercher, avec l’aide d’un thérapeute et de votre médecin, l’origine du problème pour le résoudre. Evitez également de vous supplémenter seul avec les plantes, notamment si vous suivez déjà un traitement allopathique, à cause des interactions possibles (les plantes ne sont pas anodines !). L’idéal demeurera toujours d’élaborer un protocole personnalisé avec des personnes qualifiées. Vous pouvez me contacter avec plaisir !
Prenez soin de vous 😉
3. CAUSES POSSIBLES D’UN BLOCAGE
Si vraiment vous devez perdre du poids car vous êtes en surpoids ou obèse, et que malgré vos efforts, rien ne bouge, il y a plusieurs possibilités explicatives. Premièrement, je vous invite fortement à vous rapprocher d’un professionnel de la nutrition. Deuxièmement, il serait bon de faire un bilan complet avec votre médecin, afin de déceler des anomalies dans celui-ci. Peut-être serez-vous redirigé vers un endocrinologue. Pourquoi ? Car il s’agit bien souvent d’un trouble hormonal. Je ne compte plus le nombre de mes patients en hypothyroïdie non diagnostiquée, ou ceux ayant une insulino-résistance sans le savoir.
UN FAIBLE METABOLISME BASAL : AUGMENTEZ VOTRE MASSE MAIGRE !
Vous l’aurez compris à lecture de cet article, je penche en faveur d’une tactique faite sur l’augmentation de la masse maigre plutôt que sur la diminution toujours plus importante des calories. Le tissu musculaire est l’organe le plus énergivore, là où le glucose et les acides gras sont le plus métabolisés. Attention, je ne dis pas que le sport fait maigrir, je parle d’optimiser le tissu le plus gourmand en énergie, même au repos, pour avoir un métabolisme sain. De plus, entraîner régulièrement votre masse musculaire vous permettra de prévenir le risque de diabète et de maladies cardiovasculaires puisqu’elle deviendra efficace à utiliser les nutriments présents dans la circulation sanguine.
LES MAUVAIS ALIMENTS AU MAUVAIS MOMENT ET LE JEUNE
Un autre problème avec les régimes hypocaloriques classiques, c’est qu’ils font souvent l’impasse sur les graisses pour diminuer le plus possible l’apport calorique. En parallèle, vous mangez plus de glucides sous forme de céréales ou légumineuses, puis des protéines animales maigres (yaourt 0 %, blanc de poulet et colin à la vapeur, miam !). Cette stratégie nutritionnelle de départ va (trop bien) fonctionner un certain temps, puis elle trouvera vite ses limites. Problème, il vous reste du poids à perdre, vous allez donc chercher à encore diminuer les calories. Difficile de faire plus faible en calories que du colin à l’eau et des épinards… En plus de cela, vous vous sentez très affaibli, irrité, vous perdez les cheveux, avez le teint blafard, vos menstruations deviennent irrégulières et vous rêvez littéralement d’une pizza et d’une glace chaque nuit. Normal. Votre corps a FAIM, faim de gras, faim de protéines, faim de nutriments.
A ce stade-là, souvent, vous choisissez la mauvaise option. « Pourquoi ne sauterais-je pas un repas, disons le petit-déjeuner, pour relancer la perte de poids ? ». Moins il y a, mieux c’est, non ? Non.
Acceptez de vous faire épauler par un bon professionnel qui saura ce qui est bon pour vous et aura les mots pour vous rassurer. Lui seul peut être apte à vous indiquer quels aliments conviennent à tel ou tel moment, selon votre rythme circadien. S’il est bon, il ne vous parlera pas de jeûne intermittent comme solution pour maigrir. Le jeûne a des propriétés intéressantes et thérapeutiques, mais ce n’est pas notre sujet. Je ne suis absolument pas contre le jeûne, mais celui-ci doit être naturel (non forcé), or, je reçois beaucoup trop de personnes se forçant à sauter des repas, malgré leur faim criante. A ce titre, je rappelle qu’un corps ayant faim doit être nourri, car cela reste une forme de stress pour le corps.
TROUBLES A POSSIBLEMENT INCRIMINES
Parmi les troubles qui peuvent être susceptibles de vous empêcher de perdre le poids restant, ou de perdre du poids tout simplement, il faut envisager :
La mauvaise santé de votre microbiote intestinal
Un trouble de la fonction thyroïdienne
Une résistance à la leptine
Une résistance à l’insuline
Un dérèglement hormonal
Un trop grand stress (celui-ci est particulièrement oublié ou négligé, mais est sûrement le plus important…)
Qu’il y ait une ou plusieurs raisons, il faudra d’abord travailler à résoudre ces problèmes avant de perdre du poids. Cela peut parfois prendre du temps.
SON INCONSCIENT
Voilà quelque chose de bien particulier, et pourtant, c’est une chose assez répandue. Le cerveau, l’inconscient, ces choses sont extrêmement complexes et fascinantes. C’est un puits sans fond de recherche. Une fois que l’on a écarté les hypothèses précédentes, il peut être judicieux de se pencher sur votre bien-être. En effet, il peut se passer deux cas de figure :
Vous mangez des aliments industrielles et junk-food de façon irrépressible car la nourriture est un doudou pour vous. Cela peut être conscient ou non. Le terme « doudou » n’est absolument pas péjoratif, il se veut parlant. Un mal-être profond (perte, trauma, abandon…) vous anime et la nourriture a ce pouvoir de combler un instant ce vide en vous. Le cas inverse, c’est-à-dire, se priver volontairement de nourriture pour avoir une impression de contrôle est aussi également valable.
Vous faîtes les choses dans les règles de l’art mais rien ne fonctionne, parfois même accompagné d’un professionnel avec qui vous avez tenté plusieurs approches. Dans ce cas, il m’est arrivé de diriger la personne vers un suivi psychologique, vers de la sophrologie ou une médecine douce qui travaille sur le subconscient et le lâcher prise. On peut avoir des blocages dont nous ne sommes nous-mêmes pas conscients. L’embonpoint est souvent une manière de nous protéger, au sens littéral, des autres. On opère inconsciemment une distanciation qui se traduit par notre physique, bien que l’on souhaite maigrir. Cette option est souvent rejetée en bloc par l’individu, mais c’est un cas de figure possible et souvent mal interprété. Il y a une dissonance cognitive entre le vouloir et le pouvoir, sur laquelle vous pouvez travailler avec un professionnel. Le bien-être physique et celui mental sont des jumeaux, pourtant, souvent, l’un est laissé de côté. Vous êtes un tout, indivisible.
Certains de mes patients ont perdu leurs kilos superflus accumulés depuis des années, dès lors qu’ils ont pu identifier avec leur thérapeute un psychosomatisme enfoui. Le pouvoir de l’esprit sur le corps est immense.
AGE, HORMONES, BEAUCOUP DE REGIMES
Pour terminer, je dois souligner l’importance de l’âge. Votre métabolisme devient de moins en moins réceptif lorsque vous vieillissez, surtout si vous avez été sédentaire toute votre vie. Il n’est jamais trop tard, mais ayez à l’esprit que les choses seront moins faciles à mesure que vous prenez de l’âge. Le cas des femmes est encore plus parlant à ce sujet, car le chamboulement hormonal présent en péri-ménopause ne vous facilitera pas la tâche. Aussi, plus vous aurez accumulé de régimes dans votre vie, plus il vous sera difficile de rattraper l’effet yo-yo. C’est pour cette raison qu’il est toujours préférable d’être actif et de bien s’alimenter dès le plus jeune âge. Le plus important est de cultiver sa flexibilité métabolique. Il s’agit d’éduquer littéralement votre organisme à savoir switcher entre différents carburants (acides gras et glucose) afin de prévenir tout risque de prise de poids et de maladies de civilisation.
En définitive, cette dernière partie me permet de conclure sur deux blocages très répandus que je constate en consultation : le stress et le subconscient. Il y a un paradoxe assez impressionnant avec le stress : il sert facilement d’excuse lorsque l’on ne trouve pas l’origine d’un problème, mais en même temps, personne ne s’y penche réellement. Pourtant, ses effets sont dévastateurs : inflammation, rétention d’eau, prise de gras, résistance à l’insuline, hypothyroïdie, perturbation de la flore intestinale… Et tous ces paramètres impactés ont un rôle à jouer dans la prise de poids. C’est pourquoi il est important d’identifier les sources de stress dans votre vie, même ceux dont on ne se rend pas compte, avec l’aide de thérapeutes, pour y remédier. Il est parfois nécessaire d’opérer des changements dans sa vie.
Prenez soin de vous 😉
2. SON POIDS A LA CARTE ?
« ET SI TU N’EXISTAIS PAS » CHERE BALANCE !
Maintenant, on sort des notions scientifiques pour aborder un propos davantage psychologique.
Vous vous réveillez un matin, et comme à votre habitude, vous avez le réflexe de monter sur la balance. Manque de chance, vous avez été cambriolé et votre pèse-personne n’a pas été épargné. Pas de pesée ce matin, comment allez-vous faire pour savoir si vous devez encore diminuer vos calories dans la journée, et ce, afin que demain vous constatiez une perte ? Eh bien, vous n’allez tout simplement rien faire.
Voici mon avis : la balance est un outil tout sauf naturel. L’être humain n’a jamais été aussi obèse qu’à notre ère, où les outils de mesure sont légion. Il y a aussi de plus en plus de personnes atteintes de TCA. Là où je veux en venir, et je pense que vous l’avez saisi, c’est que ces appareils de mesure mis aisément à notre disposition, ont modifié nos comportements. Nous sommes obsédés par ce chiffre qu’affiche notre balance, nous sommes addicts à cela, elle rythme notre quotidien, tantôt de privation, tantôt d’orgie alimentaire. Elle a profondément modifié notre comportement alimentaire et social. Alors posez-vous cette question : si la balance n’existait pas, auriez-vous cette obsession de votre poids ? Mon avis est que non. Rien ne peut nous manquer si cela n’a jamais existé.
Alors certains se diront : “Vous êtes bien gentille, mais j’ai réellement un problème de poids. Je suis trop gros(se)/maigre, je le constate dans le miroir, dans le choix de mes vêtements, ou en me comparant à mon voisin de palier”. Et je suis d’accord avec cela. Il y a de réels problèmes de surpoids, de réels problèmes de sous poids, que l’on peut améliorer, mais l’usage de la balance devrait être restreint. Si vous montez tous les jours dessus, voire même plusieurs fois par jour pour les formes les plus maladives, ce n’est ni bon ni productif pour votre objectif. Votre masse corporelle varie selon de nombreux facteurs au sein d’une même journée : sport, repas, stress, sommeil, mictions, selles, hydratation. Avec mes suivis, mes patients devraient se peser tous les mois, le jour même de notre consultation. Je dis « devraient » car je sais que ce n’est pas toujours le cas. Le problème avec cela, bien que je le comprenne totalement entendons-nous bien, c’est que vous pouvez vous décourager en milieu de course. Ceci entravera le bon déroulement de votre perte de poids. Prenons l’exemple de Paul. Paul commence sa perte de masse grasse le 1er janvier, je lui donne donc rendez-vous le 29 janvier pour évaluer son évolution ensemble. Paul a une envie irrépressible de se peser dès le 7 janvier, mais il n’a perdu « que » 300 grammes (et il ne prêtera pas attention à son jean favori où il est bien plus à l’aise). Paul est découragé et le 8 janvier, il se dit que ça ne fonctionne pas et décide de prendre une pizza 4 fromages suivie d’une glace. Ce qu’il s’est passé, c’est que Paul commençait à perdre du tour de taille, mais il est trop obnubilé par le chiffre de la balance pour y prêter attention. La perte de masse grasse est un processus lent et multifactoriel.
Malheureusement, nous sommes à une époque où l’on veut tout immédiatement, mais il ne faut pas oublier que le corps est une machinerie complexe, et composée, rappelons-le, de plusieurs composantes qui pèsent.
« J’AI 3-4 KG A PERDRE »
Un leitmotiv en consultation. La première question qui me vient à l’esprit est : « Par rapport à qui ? A quoi ? ». Presque systématiquement, la réponse est : « Pour parvenir à être à 10 kg de moins que ma taille », ou encore « Pour que mon IMC soit normal ». La première réponse n’a AUCUN fondement scientifique. Notre masse corporelle et notre taille ne sont pas des notions algébriques. Pour la seconde réponse, et j’ose espérer ne pas être la seule diététicienne à raisonner ainsi, l’IMC est pour moi une mesure à prendre avec de grandes pincettes car il met bien trop facilement les personnes dans des cases erronées. Etant donné qu’il s’agit d’utiliser votre masse corporelle et votre taille pour effectuer le calcul suivant :
IMC (kg/m²) = masse (kg)/ (taille (m)) ²
Rien ne prend en compte votre composition corporelle, donc ici, tous les kilos de masse se valent. Peu importe que ce soit de la masse grasse ou masse maigre, tout est relégué au même plan. Cela me pose problème pour plusieurs catégories de patients :
Les adolescents qui effectuent ce calcul (facile d’accès) peuvent paniquer à la vue d’un IMC qui se situerait dans la tranche du surpoids. Or, c’est la période de notre vie où nous grandissons à une vitesse folle, nos futurs tissus adultes se créent, nos hormones sont au travail, et surtout, les jeunes filles mettent de la masse grasse physiologique en prévision de la gestation. Une adolescente, entre ses 10 et 20 ans, peut prendre jusqu’à 16 kg.
Aparté : j’ai plusieurs fois reçu en consultation des parents apeurés ou des enfants abattus à l’annonce de leur IMC supérieur à la courbe de croissance staturo-pondérale après un rendez-vous pédiatrique. Des ajustements peuvent être effectués avec un professionnel de la nutrition, mais ne faîtes jamais faire un régime à un enfant ou adolescent. Cette période charnière de la vie nécessite un apport important de nutriments essentiels. Par ailleurs, faire faire un régime à un si jeune âge, aura des répercussions tout au long de la vie de cet enfant. Le corps n’oublie jamais les privations qu’il a subies, tout se paiera.
Les sportifs, amateurs ou professionnels, ont tous une musculature plus développée, qui pèsera lourd, ce qui peut les classer dans la catégorie surpoids (voire dans la catégorie obésité pour les bodybuilders par exemple).
Les personnes naturellement très minces qui, malgré un grand appétit, ne parviennent pas à prendre du poids, seront cataloguées de « maigres » ou « dénutries » pour les plus minces. Cela sera très stigmatisant, on les qualifie volontiers de personnes « anorexiques », oubliant facilement qu’il s’agit d’une maladie psychiatrique, et non d’un aspect physique.
Pour ces raisons, je ne communique jamais leur IMC à mes patients et je n’en parle jamais. D’ailleurs, je ne parle pas non plus de poids idéal. Ce calcul ne sert à rien d’autre qu’à mettre dans leur esprit un chiffre erroné qu’ils pourraient ne jamais atteindre, ou alors en mettant leur santé en danger. Le terme « idéal » sonne extrêmement faux à mes oreilles. Je préfère raisonner avec le poids de forme de l’individu, celui que son organisme a choisi comme stabilité, génétiquement. On cherchera donc à améliorer les différentes composantes de la masse corporelle (moins de masse grasse et plus de masse maigre), bien que le poids ne bouge pas outre mesure.
« REGIME », LE DOUX NOM DE LA CATASTROPHE
C’est quoi un régime ?
Lorsqu’il est nécessaire de perdre de la masse grasse, je préfère parler de nutrition optimisée, bien calibrée selon l’individu, et hautement nutritive, plutôt que de régime. Ce terme est péjoratif, il inclue les notions de restriction et de faim. Un organisme qui obtient une excellente densité nutritionnelle dans l’assiette sera rassasiée. Être rassasié, c’est le mot d’ordre, et cela ne passe pas par des salades ou du blanc de poulet. Compter les calories devient inutile si vous rencontrez toutes les denrées les plus nutritives dans votre assiette. Ci-dessous, vous pouvez constater un schéma démontrant la problématique des régimes hypocaloriques classiques. J’ai pris l’exemple d’un individu dont le métabolisme de base de départ est de 2000 kilocalories. Cette personne décide d’entamer une perte de poids (et non de masse grasse) en effectuant un régime à 1600 kilocalories. Au bout d’un certain temps, la personne a perdu les 3 kilos dont elle souhaitait se débarrasser (sans que ce ne soit uniquement de la graisse corporelle). Ainsi, elle décide de revenir doucement et naturellement à son apport de 2000 kilocalories, où elle est davantage rassasiée. Malheureusement, son métabolisme de base s’est calqué sur l’apport de 1600 kcal, donc elle reprend du poids, 4 kg. Elle décide alors de recommencer un régime plus restrictif à 1200 kcal (plus est toujours mieux non ?). Cela lui permet de reperdre du poids, mais elle est affamée et irascible. Instinctivement, son corps voudrait qu’elle consomme plus de calories pour être en forme. Elle se surprend donc à revenir naturellement à un apport de 1600 kcal et reprendra du poids. Et ainsi de suite. C’est l’effet yo-yo bien connu et systématiquement induit par les régimes, qui nous enferme dans un engrenage.
Par ailleurs, les régimes sont souvent faibles en gras, afin de parvenir à un apport calorique faible (1 gramme de lipide apporte 9 kilocalories, la solution est trop simple), on est donc carencé en nutriments essentiels. Ceci est d’ailleurs très important pour la femme, dont le taux de masse grasse doit être plus élevé que l’homme, pour énormément de fonctions métaboliques, et pourtant, ce sont nous, les femmes, qui nous restreignons le plus sur les graisses.
LES DERNIERS KILOS : LES PLUS DIFFICILES
Lorsque vous venez de perdre beaucoup de poids, vous pouvez faire face à ce que l’on appelle « un plateau ». Votre perte de poids stagne, et cette stagnation peut être plus ou moins longue. Ce phénomène se présente souvent lorsqu’il vous reste peu de poids à perdre, entre 5 et 10 kg selon le poids de départ. C’est normal. Ce plateau est dû généralement au fait que vous ayez atteint la consommation calorique journalière équivalente à votre besoin journalier, si vous suivez un régime fondé sur le calcul des calories. A mon sens, la solution n’est pas de diminuer encore les kilocalories, alors que c’est la stratégie toujours utilisée. Il y a bien d’autres paramètres qui peuvent expliquer cette stagnation, et la réponse n’est pas le comptage calorique (voir partie 3). Un régime classique fonctionnera un certain temps, mais à un moment, votre corps atteint sa limite de perte de masse grasse. Il faut comprendre que l’organisme est rudement bien fait, il est pensé pour la survie. Autrement dit, il refusera de se délester aussi facilement de sa couche adipeuse car :
Elle est nécessaire pour plusieurs fonctions physiologiques ;
Votre corps est fait pour refuser catégoriquement la situation de famine (le manque de réserve énergétique qui est justement faite pour les situations de privation alimentaire, volontaire ou non). Il va donc fatalement se mettre en sous-régime (baisser son métabolisme de base) en faisant une économie énergétique sur les fonctions les moins vitales.
Votre organisme ne perçoit pas le tissu adipeux comme une menace, la menace vient plutôt selon lui de la privation de calories et de nutriments. C’est pour cela que les personnes qui font beaucoup de régimes hypocaloriques, de façon répétée, dérèglent leur métabolisme de base par l’abaissement de la fonction thyroïdienne. La thyroïde étant le chef d’orchestre du métabolisme énergétique (entre autres), elle va naturellement se réguler à la baisse en parallèle de la diminution de l’apport calorique, par survie. Cette situation de plateau peut nécessiter l’aide d’un professionnel de la nutrition, et pourquoi pas d’un coach sportif pour tabler sur l’optimisation de la musculature.
En conclusion de cette deuxième partie, j’aimerais que vous reteniez qu’avant de vous lancer dans un régime, vous ayez à l’esprit les répercussions évoquées. Je peux vous assurer qu’il est difficile de relancer un métabolisme malmené par des mois de régime Dukan ou de soupes aux choux. Se sentir bien dans son corps est une chose très importante que je comprends totalement, mais cela ne doit pas être au détriment de votre santé. Faites-vous accompagner d’un professionnel et soyez patient. Les résultats s’inscrivent dans la durée.
Un sujet pour le moins compliqué, mais nécessaire.
Etant nutritionniste, la majeure partie des personnes qui vient à moi a cet objectif. Parmi ces consultants, peu ont de réels problèmes de surpoids, mais plutôt un problème de composition corporelle.
Je saluerai toujours la prise de conscience, l’engagement et la ténacité de ceux faisant face à la maladie qu’est l’obésité. L’obésité est une maladie complexe, plurifactorielle, avec des répercussions psychosomatiques évidentes. Les personnes obèses ne sont pas toujours bien accompagnées, et se dégoûtent progressivement des médecin-nutritionnistes ou diététiciens, et se tournent par désespoir vers des méthodes douteuses. Je considère que le poids d’un individu compte à partir d’un certain seuil, allant du surpoids à l’obésité morbide. En revanche, à mon sens, pour un léger excédent de masse grasse, les choses sont bien différentes et demandent une approche totalement autre.
Et comme la réponse est complexe, elle mérite bien un billet suffisamment explicatif. Je tiens vraiment à vous détailler tout cela pour vous éviter les nombreux échecs et charlatans vendeurs de jus-mangeurs-de-gras (spoiler : ça n’existe pas). D’ailleurs, n’hésitez pas à partager cet article à une personne que vous pensez concernée.
J’ai décidé de scinder cet article en trois parties, car il y a matière à dire. J’estime que pour bien comprendre les choses, il faut aborder les détails. J’essaie toujours d’expliquer du mieux possible à mes patients comment fonctionne le corps humain, leur corps, et à quel point il est complexe.
1. Back to basics
POIDS VS MASSE
Rapide rappel d’un cours élémentaire de physique (je ne vous en veux pas, pour moi aussi c’est lointain). Le poids est une unité de mesure exprimée en Newton (N), et non en kilogrammes. Déjà, le mythe s’effondre. Les kilogrammes (kg) sont en fait attribués à la masse. Bon, ok, mais là, vous vous dîtes : « ça ne m’avance guère ! ». Je veux en venir au fait que l’on se trompe, par abus de langage, de la bonne unité de mesure (même nous, professionnels…). Si vous souhaitez connaître votre poids, il faudra effectuer un petit calcul dont le résultat vous indiquera l’attraction qu’effectue un astre (en l’occurrence la Terre, à moins que je n’aie des lecteurs sur Mars…) sur vous, à sa surface. C’est la force qui est mesurée (pesanteur). Tout le monde a en tête les images des hommes sur la Lune et sait que Neil flottait ! Ceci est dû à la différence d’attraction entre la lune et la Terre (et les autres astres qui ont chacun leur pouvoir d’attraction). Ce pouvoir d’attraction est noté g et signifie g= P(N)x/kg. Le poids (P) est obtenu grâce à un dynamomètre, et je ne connais aucun nutritionniste qui pèse ses patients en les suspendant.
Exemple (pris totalement au hasard) : Prenons une pomme qui pèse 200 grammes (coucou Newton), ce qui équivaut à 0,2 kg qui est sa masse, exprimée en kilogrammes. Pour déterminer son poids (exprimé en Newton), il faut effectuer le calcul P(N)= m(kg) x g(N/kg). On va prendre la pesanteur de la Terre, soit g = 9,8 N/kg, ce qui donne :
P= 0,2 x 9,8
P= 1,96 N
Ainsi, notre jolie pomme a un poids de 1,96 N sur Terre. Sur la Lune, son poids sera 0,32 N et sur Mars, 0,74 N. Conclusion : Allons vivre sur la Lune.
Évidemment, cette différence importe peu si vous êtes maladivement obsédé par le chiffre sur la balance, cela ne changera pas votre problème. Mais cette notion me permet une entrée en matière dans notre sujet, je trouve intéressant de démontrer que la masse est différente du poids, et que cette masse est aussi la résultante de nombreux composants, comme nous allons le voir tout de suite. (Et je suis pointilleuse 😉 ).
LE METABOLISME DE BASE (OU BASAL)
Pour comprendre l’impact délétère des régimes hypocaloriques, il me semble opportun de rappeler (ou indiquer) ce qu’est le métabolisme de base et pourquoi il est si important de le préserver. Le métabolisme basal est : « la dépense énergétique nécessaire et incompressible pour entretenir la vie d’un individu au repos, allongé, éveillé, à jeun depuis plus de douze heures, en condition de neutralité thermique (22°C) et au calme émotionnel. Il se mesure en kilojoules ou kilocalories par jour. On le nomme également dépense énergétique au repos (DER) ». Il correspond aux dépenses :
De réparation tissulaire ;
De croissance chez le jeune enfant, chez la femme gestante ou allaitante ;
Pour le travail nécessaire à la vie cellulaire ;
Pour le bon fonctionnement des appareils circulatoire, respiratoire, excréteur, glandulaire, et le système nerveux ;
Du travail musculaire irréductible, soit, le tonus lié à la position.
Il varie en fonction :
Du sexe (le MB de l’homme est supérieur à celui de la femme, grâce à sa masse musculaire supérieure) ;
De l’âge (notre MB diminue avec l’âge, nous perdons entre 2 et 4 % par décennie, dès nos 20 ans) ;
De notre état physiologique (lactation, grossesse, croissance, réparation ou cicatrisation qui l’augmentent) ;
Des régimes alimentaires (phénomène d’épargne en réponse à une diminution calorique importante) ;
Du moment de la journée (diminution durant le sommeil due au repos des muscles). »
DONC !
En d’autres termes, votre métabolisme de base est l’apport calorique minimal par jour que vous requérez pour assurer toutes les fonctions physiologiques normales du corps humain. Ensuite, s’ajoutera la dépense énergétique journalière (sport, travail, activités diverses), selon une estimation, afin d’obtenir votre besoin quotidien énergétique. Aller en-dessous du métabolisme basal n’est pas seulement mauvais, mais dangereux, puisqu’il entrave le bon fonctionnement de chacune de vos cellules qui travaillent H24 (pas de 35H). Le problème est que la plupart des régimes hypocaloriques va en-dessous de ce seuil. On abîme gentiment son corps à petit feu…
LA COMPOSITION CORPORELLE
Lorsque vous vous positionnez sur un pèse-personne, le chiffre indiqué est votre masse corporelle, c’est votre quantité de matière. Le mot « matière » ici est primordial puisqu’il sous-entend que nous soyons constitués de plusieurs composantes. Donc, à moins d’être un invertébré 😉, vous possédez :
Une masse maigre (musculature, ossature, organes, eau, protéines, minéraux…). Tout, excepté la masse grasse.
Une masse grasse (vos tissus adipeux, dont une bonne partie doit être conservée, sous peine de graves problèmes de santé à long terme)
Des déchets organiques
Un microbiote
Et comme les chiffres sont plus parlants, voici des exemples :
Homme adulte
Femme adulte
Taille (cm)
180
165
Masse corporelle totale (kg)
75
62
Taux de masse grasse (%)
22
25
Masse grasse (kg)
16,5
15,5
Taux de masse maigre (%)
78
75
Masse maigre (kg)
58,5
46,5
Vous pouvez constater ci-dessus que la masse corporelle est une chose, mais la répartition de celle-ci entre les différentes composantes en est une autre. Cette femme adulte a une masse corporelle de 62 kg, dont 46,5 kg de masse maigre. Ce sont des chiffres tout à fait sains, normaux, et si cette dernière souhaitait s’affiner, je l’orienterai sur la piste du développement de sa masse maigre en priorité, sans chercher à perdre du poids. La piste à privilégier doit être l’optimisation du métabolisme de base.
a. La composition corporelle : zoom sur la masse maigre
Lorsque l’on parle de masse maigre, on englobe tous les composants autres que gras. Cela comprend donc la musculature, l’ossature, les liquides ou encore les organes. Si on parle de masse maigre sèche, il s’agit des éléments précédemment cités mais déshydratés, c’est-à-dire, sans eau extracellulaire ni intracellulaire.
Il y a un phénomène que j’observe chez la majorité de mes patients : la personne monte sur le pèse-personne et est stupéfaite, effrayée du chiffre qui s’affiche, car elle l’associe inconsciemment à des kilogrammes de gras. C’est extrême, mais humain. Mais surprise, lorsque l’on effectue une mesure par impédancemétrie, le patient découvre littéralement qu’il a une masse musculaire, qui pèse lourd. La personne est souvent loin de ce résultat, d’où le grand intérêt d’effectuer aussi des mensurations et des photos.
Souvent, on cherche en réalité à s’affiner, et non réellement à perdre du poids, ce sont deux choses bien distinctes. Mes recommandations vont s’orienter sur la pratique sportive pour maintenir/augmenter sa musculature et des conseils nutritionnels pour mieux manger.
De nos jours, on compare nos masses avec X ou Y, mais la réalité est qu’il faut surtout chercher à améliorer votre masse maigre, et prendre le temps de bien faire les choses, en étant patient et accompagné. Méfiez-vous des professionnels (et nutritionnistes auto-proclamés) qui accepteraient de vous faire perdre du poids bien que celui-ci soit normal, vous reprendrez à coup sûr une fois le régime passé, le corps cherchant naturellement à retrouver son poids d’origine. Il faut prendre les choses sous un autre angle et ne pas dérégler son métabolisme, ou il est certain que vous récolterez des kilos supplémentaires de masse grasse sur le long terme.
b. …Et la masse grasse
Le tissu le plus mal-aimé du corps humain, pourtant, il remplit de nombreuses fonctions physiologiques, dont certaines restent à découvrir, j’en suis certaine !
Alors, ce que l’on souhaite maîtriser, c’est notre masse grasse. Oui, mais pas n’importe laquelle : on veut limiter le tissu adipeux blanc (surtout viscéral). En revanche, vous ne le savez pas encore, mais vous voulez du tissu adipeux brun. Qu’est-ce ?
Définissons d’abord ce qu’est un tissu adipeux. Le tissu adipeux fait partie de la catégorie des tissus conjonctifs, qui servent de support architectural et de lieu d’échanges entre les tissus et organes. Plus précisément, le tissu adipeux est un tissu conjonctif dit spécialisé, dont les adipocytes sont des cellules spécialisées et représentent environ 90 % de la masse du tissu. Il existe deux types d’adipocytes (et donc deux tissus adipeux) : les adipocytes blancs et les adipocytes bruns.
Sur le schéma ci-dessus, vous pouvez observer les différences flagrantes entre les deux types cellulaires. Les adipocytes blancs contiennent une grosse vacuole lipidique en leur sein, renfermant des triglycérides. C’est la principale réserve énergétique du corps humain, chargée de relarguer les acides gras sur demande hormonale. Le noyau cellulaire est périphérique, et il y a peu de mitochondries. En revanche, les adipocytes bruns sont riches en mitochondries et possèdent de nombreuses vacuoles lipidiques afin de les alimenter. Le tissu adipeux brun est responsable de la thermogenèse. De nombreuses études traitent de ce tissu brun si intéressant pour la santé. Je ne détaillerai pas plus ici car je compte en faire un article, mais sachez qu’il se cultive par divers moyens 😉
De façon générale, les adipocytes, outre leur fonction de stockage, agissent comme un isolant thermique et mécanique, mais sont également des cellules endocrines. Ce n’est donc pas un tissu inutile, avoir un faible pourcentage de masse grasse n’est pas viable. Et avoir trop de masse grasse n’est évidemment pas souhaitable. Il faut une quantité saine et stable.
Pour clôturer cette première partie de l’article, j’espère avoir pu vous permettre de comprendre que votre masse corporelle est finalement l’addition de diverses composantes. Ce sont ces composantes qui sont intéressantes à analyser puisqu’elles sont responsables de l’aspect physique. A poids égal, on peut avoir une silhouette radicalement différente, selon que la personne soit plus ou moins musclée. A cet égard, je termine par une petite précision. Il est souvent évoqué que « le muscle pèse plus lourd que le gras », ce qui est totalement faux. 1 kilogrammes de muscle = 1 kilogrammes de graisse. La (grande) différence réside dans l’aspect. Jugez plutôt :