Guérir sa candidose sans régime cétogène !
Quand j’ai commencé mon activité, je faisais partie des thérapeutes ultra convaincus que le seul et unique moyen de venir à bout d’une candidose digestive consistait à affamer le champignon (candida albicans) en supprimant totalement de l’alimentation les sucres. Avec l’expérience acquise depuis de nombreuses années, j’affirme désormais qu’il s’agit d’une stratégie contreproductive et délétère. Je vous explique dans cet article pourquoi.
La candidose digestive : que se passe-t-il vraiment ?
Clarifions déjà ce qu’est réellement une candidose digestive. Il s’agit d’une infection fongique de l’intestin. Le candida albicans (bien qu’il existe d’autres souches, celui-ci est le coupable la majeure partie du temps) fait partie intégrante de notre flore commensale. Le candida albicans est une levure qui est naturellement présente dans notre microbiote intestinal et qui est absolument inoffensive. Notre microbiote intestinal est majoritairement constitué de bactéries mais comporte aussi des levures et des virus qui ont des intérêts pour notre santé, lorsque tout est équilibré.
Les causes possibles de la candidose
Le problème se pose lorsque la forme levure du candida albicans se transforme en sa forme hyphale – autrement dit – qu’il devient un champignon. Qu’est-ce qui peut pousser le candida à changer de forme ? :
Déséquilibres hormonaux : un climat hormonal défavorable, comme trop d’œstrogènes relativement à la progestérone, ou une hypothyroïdie, sont des facteurs propices au déclenchement d’une candidose. En particulier, les œstrogènes ont la capacité de modifier le système immunitaire et diminuer les cellules immunitaires qui maintiennent à des niveaux sains le candida.
Métaux lourds : des éléments tels que le mercure, le plomb, l’arsenic arrivent régulièrement dans notre intestin en raison de leur présence dans certains aliments, par inhalation et à cause du tabagisme. Par mécanisme de protection, le candida albicans peut proliférer pour absorber ses métaux lourds, et ainsi protéger son hôte (vous).
Maladie de Lyme et ses coinfections : il est très courant de développer une candidose lorsqu’on souffre de la maladie de Lyme. En effet, Lyme provoque une forte dysbiose intestinale et crée un terrain propice au développement de la levure en sa forme champignon. Lyme supprime également le système immunitaire, laissant l’espace possible à d’autres infections de s’installer.
Exposition aux mycotoxines : une intoxication aux mycotoxines suite à une exposition à des moisissures peut provoquer une candidose. D’une part, les mycotoxines suppriment le système immunitaire pour pouvoir aisément coloniser l’organisme, et d’autre part, le candida albicans est favorisé dans sa prolifération par phénomène d’écho fongique.
Alimentation déséquilibrée : la nutrition est bien évidemment très importante et facteur de risque si elle est déséquilibrée. Par déséquilibre est entendu des ratios entre protéines, lipides et glucides insatisfaisants, mais aussi la consommation de junk food trop importante. Aussi, une alimentation simplement trop importante, qui dépasse les capacités digestives, pourra provoquer une candidose éventuellement.
Trop de stress chronique : je ne le répèterais jamais assez, mais le stress a des répercussions phénoménales sur le corps. L’une des conséquences peut être de déclencher une candidose. Le cortisol, sécrété au cours du stress, a un effet immunosuppresseur. Cette hormone modifie aussi la composition du microbiote intestinal, dans le mauvais sens lorsque le stress est chronique, et favorise également l’hyperperméabilité intestinale. Un superbe combo pour une candidose difficile à éradiquer !
Prise de médicaments : de nombreux médicaments sont réputés pour favoriser la prolifération du candida albicans et sa transformation en champignon. Parmi eux : la pilule contraceptive, les antibiotiques, les antidépresseurs et les anxiolytiques, les anti-inflammatoires (stéroïdiens et non stéroïdiens). Aussi des traitements tels que la FIV peuvent provoquer une candidose, en raison de la modification profonde du profil hormonal.
Les symptômes classiques d’une candidose
Mais par expérience, la candidose peut ne pas se manifester de façon classique chez certaines personnes, le tableau clinique peut être plus « insidieux ». C’est la raison pour laquelle je pense qu’il est important de se faire accompagner par un professionnel dès lors que vous souffrez de symptômes chroniques que vous ne parvenez pas à expliquer ou régler.
Le professionnel connaissant bien la candidose maîtrise à la fois la symptomatologie, saura vous poser les bonnes questions et éventuellement vous faire réaliser certains questionnaires et tests.
Une fois que la candidose est établie, que faut-il faire ? que faut-il éviter ?
Affamer la candidose avec le régime cétogène : une erreur qui coûte cher !
Comme je le disais au début, ma compréhension de la candidose a beaucoup évolué au fil des années. Au départ, je pensais que la solution était simple : affamer le champignon en supprimant de l’alimentation tous les sucres. Cela revenait à faire faire une alimentation cétogène à mes patients. Cette « solution » fonctionnait toujours très rapidement, ce qui était encourageant : perte de poids, amélioration des symptômes digestifs, disparition de la fatigue et du brouillard mental etc.
Tous les symptômes s’amélioraient ou disparaissaient. Un bon point, mais se passe-t-il ensuite ?
Chez certaines personnes, cette stratégie peut provoquer un fort effet rebond. Je m’explique.
Au bout de plusieurs mois, les symptômes de la candidose peuvent revenir, et plus virulents et tenaces. Une alimentation sans aucun glucide peut sceller une candidose en la rendant encore plus agressive et invasive. Pourquoi ?
Nous ne sommes pas tous identiques au niveau de notre microbiote intestinal et nos intolérances alimentaires. Une alimentation cétogène va modifier le profil microbiologique de la flore intestinale. Effectivement, pour certaines pathologies cela sera salutaire, mais dans le cadre d’une candidose, un problème digestif fonctionnel pour lequel nous avons besoin de la flore résidente pour nous « battre », ça se révèle contre-productif.
L’alimentation cétogène, en diminuant les symptômes, va tout simplement les camoufler mais ne résout pas la cause de la candidose. Encore une fois, chercher à identifier l’origine du problème est la seule façon valable de s’en débarrasser durablement.
Attention toutefois ! Je ne dis en aucun cas qu’il est encouragé d’exagérer sa consommation de glucides, ce n’est pas souhaitable non plus. Il faut un contrôle dessus, mais le juste milieu et surtout, adapté à la personne.
Naturopathe spécialiste de la candidose
Du coup, faut-il faire ?
Une candidose doit être abordée sous tous les angles pour que le protocole soit efficace :
- Identifier la ou les causes ayant conduit à la candidose digestive, pour traiter le problème à la racine.
- Personnaliser l’approche alimentaire et les compléments alimentaires à l’individu (je déconseille fortement de suivre les programmes types qu’on trouve sur internet…).
- S’armer de patience ! → une candidose peut prendre du temps à être éradiquée, surtout si elle est ancienne ou très prononcée. Il faut avancer au rythme des capacités de votre corps, et non l’inverse.
En tant que naturopathe fonctionnelle et nutrithérapeute, j’aborde toujours le problème de façon globale. L’alimentation seule ne fera pas le travail, les compléments alimentaires seuls ne feront pas le travail, c’est systématiquement la synergie de tous les outils combinés qui produira des résultats pour vous sortir durablement de là.
Pour élaborer un plan d’attaque efficace contre la candidose, il faut d’après mon expérience :
- Une alimentation qui soutient et renforce la flore intestinale, travaille à maintenir l’intégrité de la barrière intestinale, stabilise votre glycémie et vous apporte une haute densité nutritionnelle pour subvenir aux besoins augmentés du système immunitaire.
- Des compléments alimentaires réunis dans un protocole cohérent : agents antifongiques, agents antibiofilms, nutraceutiques pour reconstruire l’épithélium intestinal et sa muqueuse. Dans certains cas, il sera nécessaire d’ajouter des éléments qui soutiennent la détoxification et les fonctions digestives.
- Un panel d’outils pour la gestion du stress, du système nerveux, l’optimisation du sommeil et du rythme circadien, le soutien des organes émonctoires.
- Et encore une fois, de la patience…
Si vous souffrez d’une candidose dont vous ne parvenez pas à vous débarrasser, que vous avez tenté le régime cétogène et que vous comprenez maintenant mieux pourquoi cela n’a pas fonctionné, sachez qu’il n’est pas impossible de la surmonter. En revanche, il vous faut les bons outils, bien paramétrés, et une stratégie. Prendre quelques antifongiques avec un régime cétogène n’est pas une mesure suffisante puisqu’elle n’aborde qu’une partie du problème : les symptômes. En tant que naturopathe fonctionnelle, je peux vous dire que le problème est toujours bien plus large que ça 😉
N’hésitez pas à réserver votre appel découverte pour que nous en discutions, et en attendant, prenez soin de vous !
A PROPOS
Estelle Castellanos
Diététicienne-nutritionniste DE
Naturopathe
Fondatrice de la plateforme ATAVI
Santé fonctionnelle
FBCS
Spécialiste des maladies liées aux moisissures
Mycothérapeute certifiée