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Maladie d’Hashimoto et microbiote intestinal : le cercle vicieux à briser !

Publié le 17 août 2021

Quel lien entre la maladie d'Hashimoto et le microbiote intestinal ?

Avec une prévalence de 10 à 12 %, la maladie d’Hashimoto est le trouble thyroïdien le plus répandu. La thyroïde et la santé digestive sont sûrement mes deux sujets favoris. Leur corrélation est très forte. Cette connexion se nomme en médecine fonctionnelle « thyroid-gut-axis » (pour Axe thyroïde-intestin). Ce lien est capital dans la gestion de la maladie d’Hashimoto. La stratégie allopathique classique consiste à administrer de la thyroxine (hormone T4) au patient afin qu’il ne soit plus en situation d’hypothyroïdie. Dans le contexte de la maladie d’Hashimoto, c’est très souvent insuffisant, voire contre-productif et nous allons voir pourquoi.

Sur ma plateforme de santé fonctionnelle Atavi.fr, j'aborde largement la question d'Hashimoto, maladie pour laquelle vous pouvez retrouver :

Qu’est-ce que la maladie d’Hashimoto ?

La maladie d’Hashimoto est une thyroïdite, soit, une inflammation de la glande thyroïdienne. Le système immunitaire médie l'inflammation. C’est le premier point, et le plus important à comprendre. L’erreur est de croire qu’en ajoutant une hormone pour camoufler les symptômes, on règle le problème. Le souci est que ce n’est très souvent pas le cas. Pourquoi ?

Votre système immunitaire attaque votre glande thyroïdienne. On atteste cela par une prise de sang où l’on dose les anticorps antithyroperoxydases et anti-thyroglobulines. Dès qu’ils reviennent positifs, on diagnostique la maladie d’Hashimoto. Ce n’est donc pas la glande thyroïdienne qui dysfonctionne, c’est le système immunitaire.

Tolérance immunologique et Hashimoto

Notre système immunitaire est censé nous protéger des molécules du non Soi (celles étrangères à notre organisme) et non à attaquer nos molécules du Soi (celles qui nous constituent et que nous produisons). Ici, les cellules immunitaires attaquent soit la thyroperoxydase soit la thyroglobuline, et bien souvent les deux à la fois.

La thyroperoxydase est une enzyme responsable de l’iodation de la thyroglobuline. Elle participe à la synthèse des hormones thyroïdiennes en permettant la fixation de l’iode. La thyroglobuline est une protéine produite par la glande thyroïdienne et servant de précurseur à leur synthèse. On comprend donc que lorsque ces deux éléments sont attaqués par nos propres cellules immunitaires, la glande thyroïdienne ne parvient pas à synthétiser suffisamment d’hormones T4 et T3.

L'intestin et microbiote intestinal, une priorité !

Cette carence en hormones va générer tous les symptômes de l’hypothyroïdie. Rajouter un traitement allopathique avec de la thyroxine ne permet pas d’améliorer à 100 % la situation. En effet, l’attaque immunitaire continue (dans certains cas, le syndrome hypothyroïdien est même exacerbé). Non, la véritable stratégie consiste à travailler sur le système immunitaire. Et sachez une chose… Votre système immunitaire se concentre essentiellement au niveau de l’intestin et du système lymphatique. Est-ce que vous commencez à voir où je veux en venir ?

L’intestin et l’auto-immunité

Les deux maladies auto-immunes de la thyroïde les plus répandues sont la maladie d’Hashimoto et la maladie de Basedow. Souvent, on observe également une autre maladie concomitante telle que le diabète de type 1 ou la maladie cœliaque. Ceci n’est pas un hasard. Le microbiote intestinal est la clé d’une bonne immunité. S’il dysfonctionne, plusieurs maladies peuvent se déclencher, parfois à différents stades de la vie. Le microbiote intestinal se compose d’une multitude de micro-organismes qui constituent une population vivant normalement en symbiose avec nous. La symbiose signifie qu’ils vivent en parfaite harmonie avec nous et que chacun remplit une fonction. Nous faisons office d’hôte, de « maison », nous les nourrissons avec notre alimentation et hygiène de vie. En retour, ces micro-organismes auront des effets bénéfiques sur notre santé et vont en particulier protéger notre barrière intestinale.

Intestin poreux

Si notre microbiote est défaillant, notre barrière intestinale peut être endommagée. C’est ce que l’on appelle la porosité intestinale ou perméabilité intestinale ("leaky gut" en anglais). Comme vous pouvez le voir sur le schéma, une barrière intestinale intègre possède des jonctions serrées. Ce sont des sortes de petites agrafes qui maintiennent les entérocytes collés entre eux, afin que rien ne puisse passer entre et rejoindre la circulation sanguine.

Si les jonctions serrées sont abîmées, des antigènes peuvent passer plus facilement dans la circulation systémique et activer la réponse du système immunitaire ou réagir de manière croisée avec les tissus extra-intestinaux. La dysbiose n’a pas seulement été trouvée dans les conditions auto-immunes, mais également dans le carcinome de la thyroïde grâce à la détection de souches bactériennes cancérigènes et inflammatoires. Il existe de plus en plus de preuves de la présence d’un axe thyroïde-intestin important qui module les maladies auto-immunes. Les patients signalent souvent des changements dans leur qualité de vie et leur fonction thyroïdienne en fonction des changements alimentaires.

Microbiote intestinal

Le microbiote intestinal régule une grande partie de l’homéostasie ainsi que le développement des cellules immunitaires. Il module à la fois le système immunitaire inné et adaptatif, même en dehors de l’intestin et est fondamental dans le développement du tissu lymphoïde associé à l’intestin (GALT) où se trouve plus de 70 % de l’ensemble du système immunitaire. Le GALT joue un rôle important dans le développement de la tolérance aux auto-antigènes en contrôlant ses récepteurs Toll-like (TLR) dans la muqueuse intestinale.

Il existe une corrélation positive entre la concentration de butyrate et le nombre de cellules T régulatrices (TREG) qui sont des médiateurs clés de la tolérance immunitaire, tout comme avec des concentrations plus faibles de cellules Th-17 pro-inflammatoires. Les acides gras à chaîne courte (AGCC) sont capables de renforcer les jonctions serrées intercellulaires avec les hormones thyroïdiennes. Je l'explique en profondeur dans mon webinaire Butyrate et maladies : le couteau suisse. Le système immunitaire lui-même a une influence sur la composition du microbiote gastro-intestinal, ce qui souligne la relation symbiotique.

De plus, les iodothyronine-déiodinases, les enzymes responsables de la conversion de la thyroxine (T4) en sa forme biologiquement active, la triiodothyronine (T3) ou reverse (rT3, forme inactive), ont une activité dans la paroi intestinale. Leur travail peut aussi être entravé par un intestin lésé, conduisant à une hypothyroïdie par défaut de conversion enzymatique.

Enfin, un autre facteur d’influence du microbiote est son effet sur les neurotransmetteurs tels que la dopamine, qui peuvent inhiber la TSH.

L’intestin et le statut micronutritionnel

Le second problème qui s’ajoute bien souvent à la composante auto-immune est la défaillance de la barrière intestinale à remplir sa fonction d’absorption des nutriments. En effet, si elle est lésée (perméable), certains micronutriments ne peuvent pas être transportés à l’intérieur de l’organisme via les entérocytes. Les entérocytes (cellules intestinales spécialisées dans l’absorption des nutriments) possèdent des transporteurs spécifiques à chaque nutriment. En cas d’inflammation à ce niveau, les transporteurs ne peuvent pas travailler et les nutriments restent dans la lumière intestinale (générant bien souvent une multitude de troubles digestifs en plus des carences).

En premier lieu, la composition du microbiote intestinal a une influence sur la biodisponibilité des micronutriments essentiels pour la glande thyroïdienne. Les bactéries intestinales jouent un rôle dans la synthèse des vitamines (K, B9, B2, B3, B5, B6, B8, B12), la digestion des fibres alimentaires (qui pourraient donner du butyrate), la régulation de la réponse immunitaire et les troubles mentaux.

En particulier, l’iode, le fer et le cuivre sont essentiels à la synthèse des hormones thyroïdiennes. Le zinc et le sélénium permettent la conversion de la T4 en T3, et la vitamine D régule la réponse immunitaire. Ces nutriments sont souvent défaillants chez les patients en situation d’hypothyroïdie du fait de leur mauvaise absorption. Le métabolisme des hormones thyroïdiennes est donc directement impacté et renforce le syndrome global.


Conclusion

De plus en plus de données indiquent une corrélation importante entre bactéries intestinales, système immunitaire et fonction thyroïdienne. La dysbiose est une constatation fréquente dans les troubles de la thyroïde. D'une part, elle altère la réponse immunitaire en favorisant l'inflammation et en réduisant la tolérance immunologique. Elle endommage la membrane intestinale et provoque une augmentation de la perméabilité intestinale. Cela conduit à nouveau non seulement à une forte exposition aux antigènes, mais également à une inflammation locale. D'autre part, la dysbiose peut avoir un impact direct sur les niveaux d'hormones thyroïdiennes car l'intestin est un lieu de conversion important.

Le microbiote intestinal influence également l'absorption de minéraux importants pour la thyroïde. Exemples : l'iode, le sélénium, le zinc et le fer. Tous sont essentiels à la fonction thyroïdienne et il existe un lien clair entre le dysfonctionnement thyroïdien et leur malabsorption.

Les probiotiques ont montré des effets bénéfiques dans les maladies de la thyroïde. Ils sont capables d'avoir un effet positif sur les oligo-éléments tels que le sélénium, le zinc et le cuivre. 

De plus, les microbes fonctionnent comme un réservoir pour la T3 et sont capables d'empêcher la fluctuation des hormones thyroïdiennes et peuvent ainsi réduire le besoin de supplémentation en T4. Les probiotiques pourraient constituer un traitement adjuvant des maladies thyroïdiennes.

L’intérêt de la nutrithérapie est évident. Les personnes atteintes de la maladie d’Hashimoto ne devraient pas se contenter de prendre uniquement leur traitement allopathique. Se rapprocher d’un praticien en médecine fonctionnelle qui connait le sujet peut vous aider à potentialiser les effets du traitement pour améliorer votre qualité de vie.

Hashimoto représente la majorité de ma patientèle, et mes programmes incluent toujours une grande part dédiée au microbiote. Vous pouvez me contacter pour un suivi entièrement personnalisé.

Prenez soin de vous !

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A PROPOS

Estelle Castellanos
Diététicienne-nutritionniste DE
Naturopathe
Fondatrice de la plateforme ATAVI
Santé fonctionnelle
FBCS
Spécialiste des maladies liées aux moisissures
Mycothérapeute certifiée

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